L’Argentine croule sous les dettes mais elle procède progressivement à l’assainissement de la situation, permettant de timides espoirs pour une reprise de relations commerciales normales avec ses partenaires. Après avoir conclu, le 29 mai 2014, un accord avec les créanciers publics réunis dans le cadre du Club de Paris portant sur le remboursement par étapes de 9,7 milliards de dollars d’arriérés, l’Argentine a engagé la longue procédure de signature des accords bilatéraux avec chacun des États créanciers. Celui avec la France vient d’être signé le 4 juin 2015, à Buenos Aires, par le ministre de l’Économie argentin, Axel Kicillof, et l’ambassadeur de France, Jean-Michel Casa.
Cet accord porte sur le remboursement de 350 millions de dollars, soit environ 80 % des créances recensées par la France sur l’État argentin et ses dépendances. L’Argentine a par ailleurs respecté les échéances prévues dans l’accord de 2014, avec des remboursements globaux aux créanciers à ce jour à hauteur de 1,3 milliard de dollars, soit plus que ce qui était prévu dans l’accord du 29 mai 2014 (1,15 milliard avant mai 2015).
Le comportement de l’Argentine est important car il témoigne d’une réelle volonté de normaliser les relations financières avec les États et de mettre fin au défaut de paiement de 2001. L’apurement des arriérés ouvre la voie au retour des agences publiques de crédit à l’exportation –Coface pour la France– sur l’Argentine, même si la conjoncture actuelle est peu favorable.
L’économie est en récession et, surtout, le strict contrôle des changes mis en place par la Banque centrale freine le règlement des importations et le rapatriement des dividendes, royalties et prestations de conseil. La proximité des élections présidentielles d’octobre 2015 ne favorise pas la prise de décisions au cours des prochains mois mais de l’avis des experts, la situation pourrait cependant évoluer à compter du 10 décembre 2015, date de l’entrée en fonctions du futur président. « Il y aura un changement quel que soit le candidat élu : la seule inconnue porte sur son ampleur », explique un diplomate français.
Daniel Solano