Ils étaient tous présents – à l’exception du patron d’Axa, Henri de Castries, « retenu pour une urgence» – de Stéphane Richard, président-directeur général d’Orange, à Pierre Berger et Jean-Louis Chaussade, ses homologues chez Eiffage et Suez Environnement, en passant par Pâris Mouratoglou, président d’Eren, Patrick Jeantet, directeur général délégué d’Aéroports de Paris, Bernard Delpit, directeur financier de Safran, et Willem van Twembeke, directeur général adjoint en charge de la branche Energy International chez Engie… Tous présent pour le lancement au Quai d’Orsay, le 26 juin, du premier et très stratégique fonds d’investissements franco-saoudien.
Un accord qualifié d’ « historique » par le prince Alwaleed
L’accord a été conclu en présence de Laurent Fabius, le ministre français des Affaires étrangères et du développement international, et du prince Alwaleed, à la tête de Kingdom Holding Company (KHC). La Caisse des dépôts était aussi représentée par son directeur général Pierre-René Lemas, ainsi que CDC International Capital (CDCIC), son bras armé à l’international, par son P-dg Laurent Vigier. « Il va permettre d’accompagner les projets de nos entreprises, en particulier nos PME et nos ETI, en Arabie Saoudite », s’est réjoui Laurent Fabius.
Dans la pratique, le fonds d’investissement franco-saoudien, d’une valeur de 400 millions de dollars, doit être alimenté à part égale, à hauteur de 100 millions, par KHC et CDCIC, les 300 millions restant devant être levés auprès d’investisseurs tiers. Pour leur part, « Axa, Orange, Eiffage, Suez Environnement et Endered, ADP, Safran et Engie, avec la Caisse des dépôts, vont investir dans Kingdom Holding. Les entreprises françaises réalisent ainsi la première opération depuis l’ouverture récente de la bourse de Riyad aux investisseurs étrangers », s’est encore félicité Laurent Fabius.
De façon concrète, ce consortium de champions tricolores emmené par CDC International Capital acquiert des participations dans KHC pour une valeur minimale de 150 millions de dollars. Ce qui va permettre « de co-investir ensemble », a embrayé Pierre-René Lemas, dans de multiples secteurs où les entreprises françaises ont déjà fait leurs preuves : transport, énergie, grandes infrastructures, santé, numérique, services financiers, etc. « Pour la première fois, nous avons réuni les conditions pour que les entreprises françaises et saoudiennes puissent coopérer », a renchéri Pierre Berger au nom du consortium.
Le prince Alwaleed a, de son côté, qualifié d’ « historique » cet accord qui constitue, pour lui, « un pont» entre la France et l’Arabie Saoudite.
20 projets en discussion, selon Laurent Fabius
« Cette double signature vient clôturer une remarquable semaine saoudienne, a rappelé Laurent Fabius. Avec le Prince Mohammed Ben Salman, j’ai pu présider mercredi (ndlr :23 juillet) la première session de la commission conjointe franco-saoudienne et, à cette occasion, douze milliards de dollars de projets ont été signés et de nombreuses voies de coopération ont été explorées, dans la perspective d’une deuxième étape qui aura lieu lors du forum franco-saoudien des affaires des 12 et 13 octobre prochains » (lire en accès libre sur notre site : France/Arabie Saoudite : avalanche d’accords commerciaux et de coopération).
Citons en particulier, dans le domaine des financements export, un accord entre la Coface et le Public Investment Fund (PIF) sur une enveloppe de 3 milliards d’euros destiné à faciliter la vente d’aéronefs, notamment en cas de tensions sur les marchés financiers.
Par ailleurs, le ministre français a indiqué que 20 projets étaient en discussion entre Paris et Riyad. Pour épauler le royaume wahhabite engagé militairement dans la région, la France pourrait livrer à sa Marine une trentaine de patrouilleurs, pour une valeur estimée à 600 millions d’euros. Les deux capitales entendent développer un partenariat dit « stratégique », dépassant les seules frontières nationales, comme le montre le contrat d’achat par le Liban d’armement français financé par l’Arabie Saoudite.
François Pargny
Pour prolonger :
– France/Arabie Saoudite : avalanche d’accords commerciaux et de coopération).
–Golfe : la France veut « se relancer » auprès des fonds souverains
–Financements export : les fonds souverains du Golfe courtisés par Bercy