Initié lors du voyage du président du Mouvement des entreprises de France (Medef), Pierre Gattaz, outre-Rhin en mars dernier, le Mittelstandlab, laboratoire d’échanges franco-allemand, a été présenté à la presse française, le 5 octobre, au siège du patronat français, avenue Bosquet à Paris, avant la tenue de sa première réunion de travail, regroupant les dirigeants d’une partie de ses membres fondateurs, comme Guy Maugis, conseiller du directoire de Robert Bosch Gmbh et président de la Chambre franco-allemande de commerce et d’industrie, Bernard Hodac, P-dg d’Osmos, Patrice Pélissier, président du directoire de MEA, ou Alain Leprince, secrétaire général de Poclain.
« Nous allons organiser des visites d’entreprises en France et en Allemagne. Il faut du concret de façon à benchmarker les bonnes pratiques », a introduit Pierre Gattaz, qui a également confié que des propositions seraient délivrées en mars aux différents candidats aux présidentielles dans l’Hexagone. Le tour de table qui a suivi a montré que la situation est plus contrastée qu’on le pense en général des deux côtés du Rhin, notamment en France où le Mittelstand, c’est-à-dire le tissu des entreprises familiales ancrées dans leur territoire et opérant en réseau, est considéré comme la référence.
F. Croirier : « ancrer l’esprit du Mittelstand dans l’esprit des politiques »
Certes, la France ne compte que 4 800 entreprises à taille intermédiaire (ETI), ces sociétés de 250 à 1 000 salariés dont le nombre outre-Rhin serait trois fois plus élevé, certes, ses industries confrontées à la pression et l’incertitude fiscales ne seraient pas ainsi assez incitées à investir, voire à innover, en revanche, le voisin allemand est confronté à deux faiblesses majeures : la chute de sa démographie et les difficultés de transmission de ses entreprises patrimoniales.
Président du directoire des Cheminées Poujoulat, leader européen de l’évacuation de fumées, Frédéric Croirier a exprimé son « souhait » que « l’on voit plus loin que les élections présidentielles en France et que l’on essaie ainsi d’ancrer l’esprit du Mittelstand dans l’esprit des politiques, ce qui serait une grande victoire ». En 1982, rappelait-il, « France et Allemagne étaient à égalité en matière d’ETI et de chômage, mais la grosse différence, c’est l’organisation décentralisée outre-Rhin, la taille d’une ETI qui correspond bien à l’échelle régionale ». En France, « des clubs ETI se créent maintenant dans le Sud-ouest, et çà se passe très bien », selon lui.
En revanche, en matière de numérique, les entreprises françaises sont bien placées. Elles étaient 150 au dernier Consumer Electronic Show (CES) de Las Vegas « et les allemandes 15 », a relevé Pierre Gattaz, selon lequel la France dispose aussi de « 50 000 à 80 000 ingénieurs dans la Silicon Valley ».
C. Belanger : « benchmarker avec la Suisse, puis le Royaume-Uni »
Parmi les objectifs que ce sont fixés les participants au Mittelstandlab, le benchmarking doit être étendu à l’Europe. Le Royaume-Uni compte 10 000 ETI, l’Italie 11 000. « Nous avons l’idée d’aller vers l’Italie du Nord, une région où l’on sait ce que c’est de chasser en meute, puis vers la Suisse », a précisé le président du Medef. Des propos repris par Charles Belanger, président de Champion, entreprise de distribution d’acier ou d’outillage, selon lequel « il faut se présenter ensemble pour benchmarker avec la Suisse, puis le Royaume-Uni ».
Pour Charles Robinet-Duffo, président du directoire de l’assureur Henner, le Mittelstandlab doit traiter les thèmes de la transmission d’entreprises et de la capacité à chasser en meute à l’export. Salon un représentant de la société de recyclage et de valorisation des déchets Paprec, le think tank doit retenir comme sujet le maillage territorial et la capacité des ETI à créer de l’emploi.
Présidente du Mouvement des entreprises de taille intermédiaire (Meti), Elizabeth Ducottet, également P-dg de Thuasne (produits médicaux et sportifs), a indiqué que le nom de Mittelstandlab est déposé, qu’un espace consacré à ce laboratoire est disponible sur le site Internet du Medef et qu’une revue électronique consacrée aux similarités et analogies des ETI françaises et allemandes sera publiée régulièrement, la première début novembre, la deuxième début 2017, la troisième au printemps. Intitulée Mittelstand’s Lab Review, elle sera ainsi trimestrielle, avec des contenus pratiques, mais aussi des rubriques « débats » et « opinions ».
Au début de l’année prochaine, une deuxième réunion de travail devrait se dérouler en Allemagne. Enfin, au printemps, les propositions du think tank, une dizaine, seront restituées, le projet étant alors clôturé avec un évènement à l’ambassade de France à Berlin.
François Pargny
Pour prolonger :
– Jean-Yves Gilet : le FSI « compatible avec le Mittelstand »
– France / Allemagne : les patrons français veulent plus de convergence avec leurs homologues allemands
– Guide business Allemagne 2015