Si Ubifrance et un organisme de la Région Rhône-Alpes, Erai, sont parmi les heureux adjudicataires de l’appel d’offres aquitain pour les programmes « incubateurs à l’étranger », à la Région, on se défend de tout favoritisme en faveur du secteur public : « Nous n’avons pas du tout fait un choix du public, tient à mettre au point Anne-Cécile Petit, chef du service Export et actions internationales au conseil régional d’Aquitaine. Nous avons évalué les dossiers au vu de critères de prix -30 % de la décision- et de critères techniques ». Et de préciser que les candidatures n’ont en plus pas été très nombreuses, deux pour l’Allemagne, cinq pour la Chine, trois sur le Brésil, ce qui a limité le choix…
Le 20 novembre, à l’occasion de sa journée régionale de l’Export, la Région a dévoilé les résultats de son appel d’offres pour trouver les opérateurs de ses programmes d’accompagnement de projets export d’entreprises en Allemagne, au Brésil et en Chine, autrement dénommés « incubateurs » : une alliance Ubifrance-Chambre de commerce française en Allemagne (CCFA) l’a emporté sur l’Allemagne, un groupement Ubifrance-Erai-Pramex international l’a emporté pour la Chine et enfin le groupe privé Altios International a été retenu pour le Brésil*.
Pour les États-Unis, la région a signé parallèlement une convention avec le French Tech Hub de San Francisco, qui s’appuie sur la société Hubtech 21, une filiale de l’Agence régionale de développement de l’Île de France Paris région Entreprises. C’est d’ailleurs la première Région française à signer une telle convention avec ce French Tech Hub inauguré en février 2014 par François Hollande.
Parmi les critères « discriminants », des offres jugées insuffisantes en termes de locaux physiques d’accueil dans les pays, et de services associés de centres d’affaires. Autre critère discriminant : la clarté de la méthode d’accompagnement des entreprises proposée et l’organisation de l’équipe projet et du pilotage des opérations, la Région tenant à s’assurer que ses entreprises et ses clusters seront accompagnés de bout en bout dans la durée. Le critère du prix a été important, quoique « ce ne sont pas les offres les moins chères qui ont toujours été retenues », assure Anne-Cécile Petit, citant notamment le cas de la Chine.
Trois catégories de prestations, et des subventions
Que vont proposer ces programmes plus ou moins bien nommés « incubateurs », inspirés de ce que fait déjà la Région Champagne-Ardenne, et qui visent à accélérer la réalisation de projets d’implantation internationaux émanant de start-up et de PME et ETI ? Trois catégories de prestations sont détaillées dans le cahier des charges qu’ont signé les prestataires.
La première concerne la région elle-même, à laquelle les nouveaux partenaires pour chaque pays fourniront services de veilles marchés, guide d’implantation dans le pays et des prestations en matière de promotion, lobbying, influence et action de mobilisation des entreprises régionales sur le pays.
La deuxième catégorie de prestations concerne l’accompagnement individuel des entreprises. « C’est le cœur de cible », indique Anne-Cécile Petit, qui précise qu’un minimum de cinq entreprises devront être accompagnées chaque année dans les pays ciblés. Parmi les prestations exigées par le cahier des charges, toutes celles relatives à l’étude de faisabilité du projet (étude de marché, validation de l’offre, choix du mode d’implantation, etc.) et toutes celles visant à assister sa mise en œuvre concrète sur le terrain.
La troisième catégorie concerne l’accompagnement des « filières » de la région, terme qui recouvre clusters, groupements d’entreprises et pôles de compétitivité. Il s’agira d’assurer les études de marché et d’aider à l’élaboration de plans d’action concrets (organisation de missions ou de participations à des salons, positionnement sur des appel d’offres, etc.). Les opérateurs devront assurer au moins 2 accompagnements par an de ces « clusters ».
Les entreprises aquitaines souhaitant bénéficier de ces programmes devront être passées par le « parcours de l’export » mis en place par la région avec ses partenaires, en premier lieu la Chambre de commerce et d’Industrie. Le jeu en vaut la chandelle : la région financera à hauteur de 50 % les accompagnements individuels (hors services de centres d’affaires), avec des montants plafonnés à 20 000 euros pour les dépenses d’études et 40 000 euros pour les dépenses liées à la mise en œuvre. Même chose pour les clusters, à la différence qu’il n’a pas été prévu de plafond.
Les contrats signés avec les différents opérateurs sont d’une durée d’un an renouvelable. Au total, la Région a prévu un budget de 1,4 million d’euros sur trois ans sur ces trois pays, auquel il faut ajouter les 400 000 euros budgétés sur deux ans pour les opérations avec le French Tech Hub de San Francisco. Des actions de promotion de ces dispositifs auprès des entreprises de la région devraient être lancées au premier trimestre 2015 . La Région a fixé comme objectif au French tech Hub de San Francisco de sensibiliser 40 entreprises, et d’accompagner individuellement 12 PME et ETI et 8 starts-ups des secteurs téchnologiques (numérique, santé, optique-photonique). Pour les trois autres pays, l’objectif est l’accompagnement d’un minimum de 45 entreprises et 18 clusters sur 3 ans.
Christine Gilguy
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