Stephen Harper, le Premier ministre canadien, est reçu aujourd’hui à Bruxelles par José Manuel Barroso. Objectif de cette rencontre au sommet : sceller un compromis politique sur l’accord de libre-échange négocié depuis 2009. « Les discussions ont vraiment avancé, ce qui signifie que les deux dirigeants se rencontrent demain avec l’objectif de conclure », confirmait, hier, Olivier Bailly, porte-parole de la Commission européenne.
L’écueil agricole aurait donc été dépassé, selon plusieurs sources concordantes. En acceptant de doubler le quota de fromages européens admis sans droit tarifaire sur son sol en échange d’un plus grand accès au marché de l’UE pour le bœuf et le porc canadiens, Stephen Harper a largement contribué au déblocage du processus. L’UE aurait également obtenu satisfaction sur la protection des indications géographiques. Preuve que la volonté politique est déterminante pour boucler des pourparlers commerciaux que l’on disait dans l’impasse.
En décembre 2012, 95 % du compromis était ficelé mais les négociateurs piétinaient depuis sur le volet agricole. Le lancement, en juillet, des négociations UE/Etats-Unis pour un accord de libre-échange, aurait convaincu les Canadiens d’accélérer le tempo. Contournant les canaux habituels – à savoir les deux négociateurs en chef, Karel de Gucht et son homologue canadien Ed Fast – Stephen Harper s’est impliqué personnellement, discutant directement avec le Président de la Commission.
Mais, pour les deux parties, le jeu en vaut la chandelle. Cet accord complet sur le commerce et l’investissement (CETA) permettra aux sociétés canadiennes d’accéder à un marché de 500 millions de consommateurs. A l’inverse, le Canada éliminera ses barrières tarifaires sur 98 % de ses importations en provenance de l’UE. Par ailleurs, un accord avec le Canada pourrait servir de base à l’UE dans les négociations engagées depuis juillet avec les Etats-Unis et visant à créer la plus grande zone de libre-échange au monde.
K. L., à Bruxelles