(A la demande de Business France, cet article a fait l’objet de précisions, le 19 janvier à 15 heures. Par commodité, ces précisions sont indiquées en italique).
Le 17 janvier, Christophe Lecourtier, le directeur général de Business France, a été auditionné par la commission des Affaires étrangères, de la défense et des armées du Sénat, réunie sous la présidence de son président Christian Cambon, élu Les Républicains du Val-de-Marne. La date de cette audition ne doit rien au hasard puisque la refonte du dispositif de soutien à l’export, inspirée du rapport réalisé par Christophe Lecourtier à la demande de Jean-Yves Le Drian, le patron du Quai d’Orsay, devait être initialement annoncée par le Premier ministre le 12 janvier. En outre, le 18 janvier, comme l’a annoncé le directeur général de Business France aux sénateurs, avait été programmé le lancement d’une « opération pilote en Normandie » (Le Moci en dévoile tous les détails en exclusivité aujourd’hui).
Autant dire que le report au 9 février de l’annonce par Édouard Philippe du détail du nouveau plan de soutien à l’export a bousculé un timing initialement bien réglé. Mais face aux nombreuses questions des sénateurs, et en dépit du black out – touchant même les opérateurs du commerce extérieur (CCI, CCEF…) – qui entoure l’intervention du Premier ministre, Christophe Lecourtier a tout de même dû apporter quelques précisions sur les dispositions qui pourraient être annoncées le 9 février.
A côté du financement et de la formation, un axe fort de l’intervention du Premier ministre sera l’accompagnement des entreprises à l’international, a-t-il ainsi précisé aux sénateurs. Les mesures sur l’export annoncées s’inspireront du rapport que le directeur général de Business France a remis à Jean-Yves Le Drian en novembre, dont Le Moci a dévoilé les grandes lignes dans la Lettre confidentielle de la semaine dernière.
Plus de 400 conseillers à redéployer dans l’Hexagone
Dans une double logique de guichet unique export en France, avec les Chambres de commerce et d’industrie (CCI), et à l’étranger, avec les Chambres de commerce et d’industrie françaises à l’étranger (CCIFE) ou d’autres opérateurs privés, Business France devrait, d’une part, se renforcer dans l’Hexagone et, d’autre part, réduire la voilure dans le monde, au profit des CCIFE, sauf en Afrique.
D’après des précisions apportées par Business France le 19 janvier, une cinquantaine d’agents de l’agence publique – au lieu de 400 à 450 comme Christophe Lecourtier l’a laissé entendre lors de son audition- serait déployée sur l’ensemble du territoire national, ce qui permettrait de constituer une force mixte totale Business France + CCI forte de 400 à 450 conseillers. Ces derniers seraient ainsi redéployés sur le territoire national pour faire du « porte-à-porte auprès des PME », a expliqué le directeur général de Business France. Ces conseillers « devront être organisés par filière, spécialité : industrie, nouvelles technologies, agro-business, biens de consommation… », car sa conviction est qu’une telle expertise «donne de la légitimité quand vous allez voir une entreprise et vous créez la confiance ».
« Des équipes mélangées, unies dans une même structure »
L’objectif, a-t-il encore précisé, n’est plus de constituer « une chaîne » comme par le passé (référence à la « chaîne de valeur » que voulait construire sa prédécesseure Muriel Pénicaud), mais de composer, sous l’autorité des Régions, avec les CCI « des équipes mélangées, unies dans une même structure ». Il sera possible ainsi de parvenir à « la solidarité des objectifs », quand « tout le monde devra ramer dans le même bateau ».
Le directeur général de Business France propose que « cette Équipe soit dotée « d’un système d’information unique», via un système de gestion de la relation client (CRM), où « chacun d’entre nous injectera toutes ses données », que ce soit sur les entreprises, les marchés et les filières.
Business pourrait se retirer de plusieurs pays en Europe et Asie
A l’étranger, l’agence publique, chargée de l’accompagnement des entreprises à l’international et de l’attractivité de la France pourrait déléguer ses activités aux CCI françaises à l’étranger. « Nous pourrions construire une nouvelle équipe qui serait composée d’une alliance entre Business France et les CCIFE pour un véritable partenariat privé public (PPP) », a assuré Christophe Lecourtier.
Parmi les pays qui pourraient être concernés, ont été cités par le responsable, au cours de l’audition, la Belgique, l’Espagne, la Russie, Singapour et Hong-Kong. Mais selon nos informations, huit pays au total ont été identifiés pour expérimenter ces PPP.
A contrario, a poursuivi Christophe Lecourtier, « j’ai souhaité qu’on se renforce – les CCI y sont généralement faibles – en Afrique, en particulier francophone », parce la France y a des avantages comparatifs : la connaissance des marchés, la langue, la culture.
Enfin, le directeur général n’a pas caché les contraintes financières qui pèsent sur Business France, le gouvernement ayant décidé de réduire de 2 % sa dotation budgétaire annuelle. « Dans les prochaines années », l’agence va perdre 10 à 12 % de ses effectifs et 15 % de ses postes vont être supprimés.
François Pargny, avec Christine Gilguy
*Lire au sommaire de la Lettre confidentielle d’aujourd’hui : Normandie / Aides : Export Box, une « opération pilote » pour la future réforme
Pour prolonger :
Aides à l’export : le calendrier de la réforme du dispositif se précise
Accompagnement / Export : les propositions du rapport Lecourtier pour la refonte du dispositif
Commerce extérieur / France : ce qu’il faut savoir des futures réformes du dispositif d’aides à l’export
Lire également Guide 2017 des aides à l’export pour les PME & ETI (Le Moci)