En signant une convention de partenariat, le 4 février à Paris, dans les locaux de Bpifrance, Pedro Novo, directeur exécutif Export de Bpifrance, la banque publique du commerce extérieur, et Boris Le Chevalier, directeur associé d’Altios, la plus importante société privée française d’accompagnement à l’international, ont formalisé une pratique déjà ancienne (notre photo).
Cette coopération remonte aux prémisses de la banque publique il y a 5 ou 6 ans, lorsque celle-ci a pris conscience que pour inciter les PME à aller à l’export, les financements ne suffisaient pas, il fallait aussi les aider à se doter d’une stratégie à long terme.
Le système d’accompagnement, une « grande famille »
« On formalise une coopération qui existe depuis plusieurs années » a confirmé Pedro Novo. « Lorsqu’une entreprise se développe à l’international, se pose très vite le sujet du financement et de l’accompagnement car l’internationalisation, ce n’est pas simple, c’est un cap à prendre, une stratégie à mener et c’est du long terme » a-t-il ajouté. « Il s’agit de pousser davantage, à travers ce partenariat, l’accompagnement des PME pour révéler leur potentiel de croissance caché ».
« Le système d’accompagnement à l’international est une grande famille, et le dispositif français est l’un des meilleurs au monde : mais ça ne fonctionne que si l’on agit tous ensemble ; public, privé, on peut faire mieux » a renchéri Boris Le Chevalier.
Ce dernier, ainsi que Bruno Mascart et Patrick Ferron, également présents lors de cette signature, forment l’équipe dirigeante ce cette société privée d’accompagnement à l’international (SAI) de 30 millions d’euros de chiffre d’affaires, dont les origines remontent à il y a trente ans. Une idée que Bruno Maskar aurait eu dans son garage alors qu’il vivait en Australie, selon laquelle les PME françaises avaient besoin d’être mieux préparées et accompagnées quand elles allaient à l’export…
Une signature qui coïncide avec une nouvelle identité
Présente aujourd’hui dans 22 pays – et dans 50 autres pays via des partenaires-, la SAI, qui est membre de l’OSCI, compte 430 salariés et a développé des expertises nouvelles en matière d’implantation à l’étranger, via du développement, de la croissance externe, ou du portage salarial.
« Nous avons 400 à 450 contrats de portage salarial en cours dans le monde et ces services n’existaient pas il y a 5 ou 6 ans », a précisé Boris Le Chevalier lors d’un échange avec les journalistes présents, dont Le Moci. Aujourd’hui, 60 % du chiffre d’affaires d’Altios est réalisé grâce à des services liés à l’implantation à l’étranger.
La date de la signature avec Bpifrance n’a pas été choisie au hasard : elle a coïncidé avec les rencontres pays annuelles d’Altios, qui ont réuni ses directeurs pays à Paris la veille, le 3 février. Dans la soirée du 4 février, avait lieu le lancement officiel d’une nouvelle identité de la SAI, avec un nouveau logo. Une volonté de marquer la transformation profonde des métiers d’Altios du conseil/accompagnement en développement commercial aux services opérationnels liés à l’implantation locale, qui l’a conduit à elle-même déployer tout un réseau de filiales à l’étranger.
Affirmer des complémentarités, plutôt que des rivalités
Si la signature a eu lieu en petit comité, quelques représentants de la « grande famille » à laquelle a fait allusion celui qui est aussi un conseiller du commerce extérieur (CCE) étaient présents, dont Alain Bentéjac, président du comité national des CCEF, soucieux de saluer par sa présence un tel partenariat public-privé.
Avaient également fait le déplacement plusieurs représentants du groupe Crédit Agricole – LCL. Avec ce dernier, Altios a noué un partenariat il y a 12 ans déjà, qui lui permet d’accompagner à l’international les PME clientes de la banque verte, une activité qui a nourri sa croissance.
Dans la « grande famille » aussi, Business France, pilier, avec les CCI et Bpifrance, du nouveau dispositif public d’accompagnement Team France Export, dont le mot d’ordre et également la coopération public-privé. Plusieurs fois citée par Boris Le Chevalier, Business France a conclu un partenariat avec Altios en juin 2017, qui encadre leur coopération, sur le même modèle qu’avec Bpifrance.
Une façon d’affirmer la complémentarité des différents acteurs publics et privés du dispositif plutôt que leur rivalité dans certain domaines, et de confirmer un positionnement de partenaire du système.
La convention organise la coopération des compétences
Sur ce point, Bpifrance et Altios, qui ont accompagné ensemble une cinquantaine d’entreprises à l’international depuis 5 ans dans le cadre d’actions collectives ou individuelles, sont sur la même longueur d’onde. « Avec Altios, on a voulu amener les entreprises à abandonner l’approche one shot à l’export pour s’inscrire dans un vrai parcours d’internationalisation » a expliqué Pedro Novo.
« Le parcours d’une entreprise à l’international est un chemin long : aucun acteur n’est capable, seul, de répondre à toutes les questions et tous les besoins auxquels elle sera confrontée durant ce parcours » a renchéri Boris Le Chevalier. « Ce que Bpifrance est venu chercher chez nous, c’est un savoir-faire sur l’accompagnement dans la stratégie opérationnelle », a-t-il insisté.
Le contenu de la convention reflète cette répartition des compétences et organise leur coopération. Concrètement, les deux partenaires s’engagent à mutuellement promouvoir leur offre de services et à coopérer lors d’événements organisés sur l’international :
-Altios proposera à ses clients les produits de financements et d’assurance export de la banque publique pour s’implanter à l’étranger (assurance prospection, prêt croissance international, crédit export…) ainsi que ses différents programmes d’accompagnement export (accélérateur international, missions d’accompagnement clients…).
-Bpifrance de son côté relaiera auprès de ses clients, notamment les 5000 PME membres de son réseau Excellence, les services proposés par Altios en matière de développement, d’implantation et d’investissement.
Objectif : renforcer leurs actions communes en faveur de la croissance des entreprises françaises à l’international.
Christine Gilguy