A l’occasion de la 109e Assemblée générale de CCI France International, le réseau des 115 chambres de commerce et d’industrie françaises à l’étranger réparties dans 85 pays, Arnaud Vaissié a accordé une interview exclusive à la Lettre confidentielle. L’entretien a porté sur le ‘Brexit’ et le Royaume-Uni, pays qu’il connaît bien pour y avoir une forte présence de sa société, International SOS. Arnaud Vaissié est également revenu sur le développement du réseau CCI en France et dans le monde.
Le MOCI : A la tête de CCI France International (CCIFI) et d’International SOS, vous êtes aussi co-fondateur du Cercle d’outre-manche et administrateur de la Chambre de commerce et d’industrie française en Grande-Bretagne. Comment réagissez-vous au Brexit ?
Arnaud Vaissié : C’est un problème, car cela crée une incertitude forte. Pour les sociétés de services comme la mienne, International SOS, on va a priori vers une pause dans l’investissement. La vraie question est celle de la libre circulation des personnes dans ce qui est aujourd’hui l’Union européenne. Parmi nos 800 employés au Royaume-Uni, il y a des étrangers et notamment des ressortissants de l’UE. Nous souhaitons continuer à avoir la même proportion de ressortissants de l’UE. Nous n’envisageons pas de nous retirer du pays et, pour les sociétés de services, qui ont à la fois leurs dépenses et leurs recettes en livres sterling, l’impact ne devrait pas être trop fort.
Pour les sociétés françaises en général, l’impact est évident et important, ce qui explique la réaction très forte des marchés. La livre a perdu 12 %, les bourses baissent aussi et il y aura un renchérissement des coûts sur le continent. Pour les sociétés de services, avec des filiales outre-manche, l’une des questions fondamentales sera le devenir de la libre circulation des travailleurs. Pour les sociétés industrielles, mécaniquement la baisse de la livre va favoriser les exportations britanniques, mais le risque est de voir un certain attentisme du côté des investisseurs. Le ‘Brexit’ est un grand choc, infligé volontairement, alors que le Royaume-Uni se porte jusqu’à maintenant très bien puisque le pays en plein emploi.
« Le partenariat avec Business France permet de couvrir déjà 80 % du commerce extérieur français »
Le Moci : 40 accords signés avec Business France, bientôt quelques autres dont au Japon ? Comment sont réparties les tâches dans les pays concernés ?
A.V. : C’est en travaillant ensemble, tous acteurs confondus, que l’on pourra faire gagner les entreprises françaises à l’international. L’accord d’alliance stratégique entre CCI International, CCI France International et Business France s’inscrit dans cette logique. Il a été décliné dans 40 pays.
Les CCI en France identifient les entreprises exportatrices et les aident à se projeter à l’international en mettant en place par exemple des missions de prospection à l’étranger, ce qui peut être fait dans certains pays en partenariat avec Business France. Nos CCI à l’étranger sont plutôt sur la partie implantation. Aujourd’hui, Business France n’est pas présent dans chacun des 85 pays couverts par CCI France International.
Nous avons à ce jour un accord de partenariat avec Business France dans 40 pays, ce qui permet de couvrir déjà 80 % du commerce extérieur français. Quelques grands pays manquent en Asie, comme la Chine : l’agence publique et le réseau consulaire y sont très puissants et les Chambres, en particulier, peuvent offrir la totalité des prestations.
« La prochaine étape serait des têtes de réseau de plus en plus imbriquées en France et à l’étranger »
Le Moci : comment se passe le démarrage de votre offre commune avec les CCI de France « Implantation + » ?
A.V.: C’est un produit fondamental, car on crée un langage commun entre nous. Avec Implantation +, une entreprise de Périgueux ou Lille aura le même langage, les mêmes prestations et, quand elle travaillera avec une CCI au Japon ou en Indonésie, on lui parlera également avec le même langage, on lui offrira le même service. C’est un travail d’harmonisation essentiel.
Le service existe déjà, ce n’est pas une transformation. Mais nous y ajoutons ainsi plus de lisibilité et productivité dans son fonctionnement. Implantation +, c’est la labellisation d’un produit, qui va permettre de partir le plus facilement et le plus rapidement possible et au moindre coût. Cette offre est à ce jour mise en place dans une grande partie des CCI en France, à travers CCI International. Le label et les définitions sont en place. Ce qui est intéressant, c’est le continuum.
Le Moci : Finalement, 2015 a été une année très riche : convention cadre avec Business France, lancement d’Implantation +. Quelle peut être la prochaine étape ?
A.V.: Il y a une accélération dans le réseau, grâce à la qualité des individus et leur implication. CCI France International, qui avait vocation à agir de manière autonome, découvre aujourd’hui les avantages à évoluer et à travailler en réseau. C’est une révolution en marche. La prochaine étape serait des têtes de réseau de plus en plus imbriquées en France et à l’étranger, c’est-à-dire CCI France et CCIFI, de façon à dégager une vision commune de leur organisation. Il est important d’améliorer sans cesse les gouvernances et les organisations.
Propos recueillis par
François Pargny
Pour prolonger :
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– Export / CCI France International : deux nouvelles chambres françaises au Liban et à Bahreïn
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