Directeur de l’Afrique subsaharienne chez Business France et basé à Johannesbourg, Axel Baroux était présent au rencontres d’affaires Ambition Africa qui se sont achevées hier à Paris. Il revient pour Le Moci sur les opportunités d’affaires pour les PME française en Afrique.
Le Moci. Beaucoup de tables rondes de ce forum portent sur des secteurs , comme les infrastructures par exemple, où de grands groupes sont présents. Qu’en est-il des PME ?
Axel Baroux. Il ne vous aura pas échappé que nous avons perdu des parts de marché importantes en Afrique depuis 20 ans. En revanche, dans le même temps, en termes d’investissements, nous sommes redevenus un acteur majeur avec une différence de segmentation. Parmi les investisseurs nous avons de plus en plus de PME même si elles représentent peu en valeur, en comparaison avec de gros projets d’industrialisation comme, en ce moment, celui d’Air Liquide en Afrique du Sud.
Néanmoins de plus en plus de PME s’intéressent à l’Afrique et pas seulement à l’Afrique francophone, qui est encore vue, même si c’est totalement faux, comme une espèce de zone de confort, un pré-carré. Dans les pays anglophones, on voit arriver des PME industrielles dans les services, les équipements agricoles ou la tech, et même de très petites entreprises sur des marchés de niche.
Aujourd’hui, comme le précise le rapport Gaymard, il y a 3 200 filiales françaises en Afrique et elles emploient 650 000 personnes. Les investissements français sont porteurs et répondent à des besoins très forts, liés à l’évolution démographique du continent et à sa jeunesse. Il y aura 1,5 milliard d’habitants en Afrique en 2050 et la moitié aura moins de 25 ans. Il faut d’abord que les projets soient menés par les Africains eux-mêmes, mais sur des projets à haute technicité il y a de la place pour forger des partenariats entre des PME françaises et des acteurs africains.
« Un besoin de localisation ou de relocalisation
dans certaines régions »
Le Moci- Dans quels secteurs se situent les opportunités pour les PME tricolores ?
Axel Baroux. Nous avons une scène très importante, qui est celle de la santé. C’est un effet positif de la pandémie : on voit aujourd’hui beaucoup de projets dans ce secteur sur tout le continent, y compris la production de vaccins. Je pense à Biovac et Aspen en Afrique du Sud ou à l’Institut Pasteur à Dakar.
Avec cette pandémie, on voit émerger un besoin de localisation ou de relocalisation dans certaines régions. Et ce qui est vrai dans le domaine de la santé, l’est également dans l’agro, autre secteur très porteur qui a souffert du Covid, comme également la grande distribution. En attestent les succès de Carrefour en Afrique de l’Ouest ou de Décathlon et Leroy Merlin en Afrique du Sud.
Autres secteurs porteurs : tous ceux qui s’adressent à la classe moyenne qui n’est pas neutre en Afrique. Selon la Banque mondiale elle concerne 330 millions de personnes. C’est loin d’être négligeable et cette classe moyenne se rapproche de plus en plus de nos habitudes occidentales en termes de produits. Là aussi il y a des opportunités pour de grosses PME
Le Moci- Quel est le rôle économique des diasporas ?
Axel Baroux. C’est une tendance de fond. Nous sommes nous-mêmes concernés à Business France : dans nos équipes en Afrique subsaharienne et parmi les volontaires internationaux en administration, il y a beaucoup d’Africains de deuxième, troisième ou quatrième générations, de jeunes espoirs qui reviennent maintenant et veulent apporter quelque chose à leur pays d’origine. La diaspora sera d’ailleurs un des sujets du sommet Afrique-France de Montpellier qui doit commencer dans quelques jours.
C’est une tendance de fond qui a toujours été là mais qui s’est accélérée ces dernières années. Demain je serai sur le salon de l’innovation Big demain je sais déjà que beaucoup de jeunes entrepreneurs africains vont venir me voir et c’est comme ça tous les ans. Alors que beaucoup de régions du monde sont actuellement en repli il y a beaucoup de projets et de choses à faire en Afrique. Les Africains font énormément et je suis tous les jours enthousiasmé par le niveau de créativité qu’il y a en Afrique. Même si ce n’est pas toujours facile, je vois les gens rebondir, souhaiter aller de l’avant et être finalement assez optimistes.
Propos recueillis
par Sophie Creusillet
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