C’est sans aucun doute le risque d’entreprise montant du moment, comme l’a montré la récente attaque mondiale par un virus malveillant (de type « ransomware » ou « logiciel de rançon ») qui aurait touché quelque 200 000 terminaux dans le monde et perturbé le fonctionnement de grandes organisations comme Renault en France, le Service national de santé britannique (NHS) ou encore le ministère de l’Intérieur russe : la vulnérabilité à des cyberattaques fait désormais partie des critères utilisés pour élaborer l’Indice de résilience FM Global, qui mesure le degré de résistance d’un pays à différents types de risques qui peuvent affecter le fonctionnement d’une chaîne d’approvisionnement, ou supply chain.
Cet outil d’évaluation des risques n’est pas à prendre à la légère puisque mis à la disposition des entreprises gratuitement par FM Global, il est notamment utilisé par celles-ci pour évaluer leurs nouveaux lieux d’implantation ou de sourcing ainsi que leurs fournisseurs. Coïncidence du calendrier, l’édition 2017 de cet indice, réalisé par Pentland Analytics, a été publiée le 10 mai par FM Global, courtier en assurance spécialiste des risques de l’industrie, soit deux jours avant la dernière cyberattaque « ransomware ».
Mais aux côtés des cyber risques, ont également été intégrés dans le calcul de l’indice 2017 le taux d’urbanisation (qui peut induire une pression plus ou moins forte sur les réseaux d’eau et d’électricité et d’autres infrastructures et les rendre encore plus vulnérables en cas de catastrophe naturelle) ainsi que la visibilité de la chaîne d’approvisionnement (aptitude à suivre et localiser les expéditions au sein de la chaîne d’approvisionnement d’un pays). Ils s’ajoutent aux autres facteurs de risques déjà analysés que sont : productivité, risque politique, intensité pétrolière, exposition aux risques naturels, qualité de la gestion des risques naturels et du risque d’incendie, lutte contre la corruption, qualité des infrastructures et fiabilité des fournisseurs locaux.
Le rapport complet, qui classe 130 pays et territoires selon la résilience de leurs entreprises à différents facteurs de risques, est dans le document Pdf attaché à cet article.
La France à la onzième place sur 130
Parmi les enseignements de l’Indice de Résilience FM Global 2017, une bonne nouvelle : la France, comme beaucoup de pays européens, est plutôt bien lotie. Avec un score synthétique de 88,1, elle se classe 11e du classement général, grâce notamment à une exposition relativement faible aux catastrophes naturelles, un risque incendie bien pris en compte et des infrastructures perçues comme excellentes*.
« En dépit d’un risque politique encore élevé et d’incertitudes économiques, la France se maintient à un bon niveau grâce notamment à une excellente qualité du risque », a commenté Thierry Masurel, directeur général des Opérations de Paris de FM Global, dans un communiqué. Si elle est 26e mondial pour l’environnement économique, elle 5e pour la qualité du risque et 16e pour la résilience de sa supply chain.
Mais l’Hexagone est talonné par les Pays-Bas, 12e avec un score de 87,5, et le Qatar n’est pas loin non plus à la 13e place, avec 85,2, devant la Belgique 14e (85,2). La France est en outre précédée par huit autres pays européens et deux territoires des Etats-Unis.
La Suisse est ainsi numéro 1 au classement général mais aussi sur le risque supply chain. Elle recueille les retombées positives de la qualité de ses infrastructures et de ses fournisseurs, de sa stabilité politique et du contrôle de la corruption et sa productivité économique, selon le rapport.
L’Allemagne, qui se place en 5ème position derrière l’Autriche, se voit récompensée pour la qualité de son environnement économique (13e mondiale), la qualité du risque et de la supply chain (6e mondiale respectivement). Elle « constitue un excellent choix pour les entreprises qui souhaitent protéger leur chaîne d’approvisionnement mondiale, note le rapport. La position de ce pays caractérisé par d’importants flux d’import-export s’explique par sa capacité à faciliter le suivi des pièces, composants et produits en transit ». Citons encore le Luxembourg, 2e au classement général, la Suède, 3e (qui se distingue aussi par sa faible exposition aux catastrophes naturelles contrairement au Bangladesh), l’Autriche, 4e.
Seuls 48 pays sur 130 ont la moyenne
On note que sur les 130 pays classés, seuls 48 affichent un score moyen au dessus de la moyenne, le 48e étant l’Uruguay, avec 51,9. Ces 48 premières places sont trustées par les pays avancés d’Europe, d’Amérique du nord et d’Asie. Pays en développement et émergents d’Asie, d’Amérique du sud et d’Afrique sont relégués dans la deuxième moitié du classement, Haïti étant bon dernier.
Parmi les BRICS, si la Russie se classe au 57e, avec des scores en dessous de la moyenne pour tous les facteurs, un autre pays tire mieux leur épingle du jeu : l’Afrique du sud, 41e (57,9). L’Inde est 60e (41,7), le Brésil est 67e. La Chine –dont trois régions sont classées- est également dans la deuxième partie du classement (66, 68 et 72e).
Toutefois la province spéciale de Hong Kong est classée en tant que telle et affiche une très bonne 19e place (82,9), devant Taiwan (36e avec 61,1). Ces deux territoires des zones émergentes d’Asie forment avec les Emirats arabes unis (32e), la Malaisie (38e avec 59,4) et Bahreïn (44e avec 55,2) le groupe plutôt restreint des pays et territoires émergents figurant au top 48 des plus résilients, donc sûres pour le aux risques pesant sur les supply chain industrielles.
Certains pays présentent des particularités : selon le rapport, l’Arabie saoudite présente ainsi un cyber-risque inhérent supérieur à la moyenne qui pourrait s’expliquer par un fort taux de pénétration d’Internet, associé à une offre de services de cyber-sécurité limitée. En revanche, l’Inde, dont le secteur des technologies de l’information est en plein essor, présente un cyber-risque inhérent inférieur à la moyenne, relève encore le rapport.
La Suède pour sa part se distingue des autres pays en matière de catastrophes naturelles, en raison notamment de sa faible exposition aux tempêtes, inondations et tremblements de terre. A l’inverse, le Bangladesh, pôle majeur de fabrication de vêtements et de textiles, occupe l’une des dernières places du classement, car le pays est fortement exposé aux inondations…
Attention aux principaux partenaires commerciaux de la France car ne sont toujours très bien positionnés au classement : si l’Italie et l’Espagne sont respectivement 33 et 24e, la Chine et la Russie, on l’a vue, sont dans le groupe des pays qui ont en dessous de la moyenne, de même que la Turquie, à la 54e place, et un autre partenaire de poids, l’Algérie, 105e…
Christine Gilguy
Pour en savoir plus :
Consultez le rapport synthétique dans le document pdf attaché à cet article ou allez sur le site de FM Global pour tous les détails des classements en cliquant sur : www.fmglobal.com/