Le Made in Germany a de beaux jours devant lui. Et dans la machine-outil en particulier. On en a eu la confirmation, lorsque Wilfried Schäfer, le directeur général de l’Association des constructeurs allemands de machines-outils (VDW), a commenté les chiffres du commerce extérieur entre l’Allemagne et la France, lors de la présentation, à Paris, le 10 mai, du salon spécialisé Emo*, qui accueillera plus de 2 000 exposants (chiffre à fin avril) d’une quarantaine de pays du 18 et 23 septembre à Cologne.
Une réunion à laquelle participait aussi Jean-Camille Uring, membre du directoire de Fives, un groupe d’ingénierie industrielle, fabricant notamment de machines à usinage, qui participera pour la troisième fois à l’Emo. Il préside aussi AddUp, une joint-venture entre cette ETI et Michelin, spécialisée dans l’impression 3D, dont l’objectif est de développer la fabrication additive métallique.
Une trentaine d’exposants français
« Tous les grands noms français de la machine-outil participent à l’Emo », s’est félicité à Paris Wilfried Schäfer. Sauf qu’ils ne seront pas plus d’une trentaine** au total, y compris un membre du Syndicat des machines et technologies de production (Symop), que Jean-Camille Uring a présidé de mai 2011 à mai 2015.
Répondant au Moci, qui s’étonnait de la faible participation tricolore, l’ancien dirigeant du Symop a répondu qu’elle était « le reflet de la faiblesse de la France dans l’industrie en général », ce qui expliquerait donc, selon lui, que « les Français ne sont que des suiveurs à l’Emo ». Ils seraient ainsi « au même niveau que les Britanniques, les Indiens, les Tchèques, les Autrichiens ou les Turcs », et loin derrière les Allemands (703), mais aussi les Italiens (251), les Taïwanais (179), les Chinois (128), les Suisses (104) ou encore les Japonais (88), les Américains (71) et les Coréens (53).
Le commerce bilatéral entre la France et l’Allemagne illustre parfaitement la différence entre les deux voisins européens. L’an dernier, la France a importé 90 % de sa consommation de machines-outils, ce qui représentait 916 millions d’euros, dont 33 % en provenance de l’Allemagne. En comparaison, la France n’a exporté que pour 82 millions d’euros outre-Rhin.
Les ambitions internationales de Fives
Quant au marché mondial, à 6,7 milliards d’euros en 2016, il a accusé un léger recul de 2,6 % par rapport à 2015, mais il va remonter de 3,2 % en volume cette année, a indiqué Wilfried Schäfer. L’an passé, les marchés américain, latino-américain, notamment brésilien, asiatique, en particulier chinois, ont reculé, alors que l’Europe restait stable. Cette année, le VDM table sur une reprise en Europe, surtout en Italie et en Espagne, « mais aussi les prises de commandes devraient être favorables en France », a précisé Wilfried Schäfer. D’après l’institut de recherche économique britannique Oxford Economics, la production industrielle et la consommation de machines-outils devraient progresser respectivement de 3,1 et 3,2 %. Rien qu’en Europe, la consommation bondirait de 4 %, tandis que l’Asie afficherait une hausse légèrement inférieure, égale à 3,5 %, grâce notamment à la Chine (+ 3,9 %). En revanche, la demande serait juste stable aux États-Unis.
Interrogé par le Moci sur la stratégie internationale d’AddUp, Jean-Camille Uring a expliqué que « l’entreprise 50-50 entre Michelin et Fives allait connaître des inflexions dans les trois ans », ce qui serait, selon lui, très favorable au commerce français. Quelques machines ont d’ores et déjà été livrées en France, en Belgique et dans les pays scandinaves. En un an, l’entreprise, basée à Clermont-Ferrand dans des bâtiments libérés par le groupe pneumatique, est passé de 30 à 62 salariés, et ce nombre devrait encore atteindre 120 à la fin de l’année et 200 fin 2018. Fives ayant racheté dans le passé les marques américaines Cincinnati et Giddings & Lewis, AddUp prévoit également « de fabriquer début 2019 en Amérique du Nord pour l’Amérique du Nord ». Rendez-vous est pris…
François Pargny
* http://www.emo-hannover.de/home
**Les exposants français à l’EMO 2017 : Aries Alliance, Asahi Diamond, Braillon Magne3cs, Carossino-Kopal, Ceri Machines-Ou3ls SAS, Digital Way, Erasteel, Escofier SAS, Fives Machining SA, Fives Michelin Addi3ve, GO2cam Interna3onal, Huron Graffenstaden, Kreon Technologies, Lam Plan, LMT Belin France, Magafor, Manurhin K’MX, Missler SoPware, NTN-SNR Roulements SA, PCI – SCEMM, PEMTec SNC, Redex, Rollix-Defontaine, Sermeto Equipement Industriel SAS, SMP Technik, Somex, SPMS Suprama3c, Symop, The Timken Company, Thermocompact, Vernet Behringer.
Pour prolonger :
–Industrie/Export : machines et machines-outils Made in France performantes à l’export
–Commerce / Europe : le message d’ouverture du « Monsieur Export de l’Allemagne » aux Français
–Focus Allemagne : comment le « mittelstand » français outre-Rhin exporte, investit et réexporte