Malgré la situation politique et économique difficile du Pakistan, voisin de l’Inde, l’État français y a toujours maintenu ses efforts et sa coopération.
Ses Services économiques sont implantés dans la capitale, Islamabad, et une antenne est installée dans le grand port du pays, Karachi. Bonne nouvelle, selon Dominique Simon, le chef des Services économiques au Pakistan, la France, avec environ 374 millions d’euros d’exportations, devrait retrouver à la fin de l’année un niveau proche de son pic de 2008 (400 millions). Au Pakistan, l’agroalimentaire français progresse. En avril 2011, l’Adepta y a piloté six sociétés :
Genes Diffusion, Germicopa, IMV Technologies, Lesaffre Feed Additives, Olmix et Vitalac. « La mission de l’Adepta m’a permis de trouver un deuxième distributeur », se félicitait Grégoire Pascal, le responsable grand export du fournisseur de plants de pomme de terre Germicopa, à l’issue d’un atelier organisé par Ubifrance,
le 5 octobre.
Inspiré par le succès de Nestlé, qui réalise un chiffre d’affaires d’environ 700 millions de dollars par an au Pakistan, Danone pourrait s’implanter sur place en rachetant un grand industriel local. Nestlé, pour sa part, possède à Kabirwala, dans le Penjab, une des plus grandes laiteries au monde, avec une capacité de production
de 2 millions de litres par jour. Le Pakistan est le sixième producteur de lait au monde.
Mais il n’en transforme que 20 %. Ubifrance va organiser une mission multi-sectorielle à Lahore, à Karachi, voire, selon les besoins, à Islamabad, du 5 au 10 décembre. Il s’agira d’offrir du sur-mesure à une demi-douzaine d’entreprises.
« La nouvelle classe moyenne émergente, dans ce grand pays de 180 millions d’habitants, représente 15 % de la population. Et c’est notre cible », martèle Dominique Simon.
Établi à Karachi, L’Oréal a embauché 700 personnes en trois ans. Le groupe de parfums et cosmétiques produit au Pakistan des shampoings, des crèmes et des gels, utilisés comme produits d’appel auprès des jeunes. « Exporter des produits finis sur place n’est pas impossible. Mais alors ils sont fortement taxés et entrent dans le haut de gamme », expose Dominique Simon. Il conseille plutôt de produire et de faire conditionner sur place « pour adapter les prix au pouvoir d’achat local ».
Ainsi, L’Oréal confie le conditionnement à des laboratoires pharmaceutiques. Il faut aussi un réseau d’agents et de distributeurs locaux couvrant l’ensemble du pays, ce qui est le meilleur moyen de « pakistaniser » les produits.
Carrefour, avec le groupe émirien Majid Al Futtaim (MAF), son master-franchisé, notamment au Moyen-Orient, a annoncé son objectif de huit hypermarchés à son enseigne au Pakistan. Le premier est déjà ouvert à Lahore et un deuxième pourrait être rapidement inauguré à Karachi.
Pour les entreprises arrivant sur le marché, Dominique Simon conseille de demander « un acompte important pour juger de la capacité financière du partenaire ». Ensuite, le crédit documentaire suffit.
Trois autres secteurs offrent des possibilités d’affaires aux sociétés de l’Hexagone : le transport (aéronautique, matériel ferroviaire), les télécommunications (mobile, réseaux) et le pôle énergie-développement durable (gestion urbaine, déchets). L’État français a choisi d’accentuer sa coopération dans deux secteurs à forte visibilité, l’énergie et l’eau. Une enveloppe de plus de 100 millions d’euros a été dégagée dans le cadre de la Réserve pays émergents (RPE) : 70,2 millions pour le traitement des eaux à Lahore et 33,4 millions pour la réhabilitation du réseau d’eau potable à Faisalabad.
François Pargny
Viser les grandes villes
On retrouve la classe moyenne émergente surtout dans les grandes villes, notamment Karachi (20 millions d’habitants), la grande ville portuaire du sud, dans la province du Sindh, mais aussi Lahore (9 millions d’habitants), capitale du Penjab, et bien sûr Islamabad, la capitale du pays, avec la cité sœur de Rawalpindi. En 2025, le Pakistan comptera une population de 250 millions d’habitants.