Entre Alger et Paris, il n’est
pas toujours facile de se comprendre. Conseiller économique du président
Bouteflika, Abdelatif Benachenou a ainsi évoqué « les petites choses qui
gênent » lors du colloque de l’Acfa
92 (Association pour la coopération franco-algérienne des Hauts-de-Seine),
consacré à la coopération économique entre les deux pays, et animé par le MOCI, le 24 novembre à Nanterre.
Tout en nuance, les propos de
l’ancien ministre algérien des Finances étaient pourtant clairs. L’Algérie possède
du gaz. La France, au moment où son industrie nucléaire est en difficulté,
pourrait en profiter. Or, « aucun dialogue n’a été entamé sur une coopération
énergétique accrue entre Paris et Alger », constate Abdelatif Benachenou,
tout en remarquant aussi que le Premier ministre français, François
Fillon, s’est rendu à l’inauguration du gazoduc Nordstream, qui relie la Russie
à l’Allemagne, le 8 novembre dernier.
Abdelatif Benachenou voudrait que
l’Algérie et son principal partenaire commercial et investisseur « se
parlent, travaillent ensemble, travaillent à long terme » et partagent une
vision stratégique. Par exemple, l’Espagne, où les entreprises françaises ont
beaucoup investi dans le passé, traverse une crise profonde. Comme ses coûts de
travail ont aussi augmenté, pourquoi ne pas se renforcer en Algérie.
« Parlons-en », assène en douceur l’ancien ministre des Finances, à
l’adresse des autorités françaises.
Ce besoin de France est d’autant
plus fort que le secteur privé algérien investit encore trop peu dans la production. Selon
Abdelatif Benachenou, « 85 % des investissements dans
les infrastructures et l’énergie depuis dix ans ont été publics ». D’où
l’importance du partenariat avec les entreprises françaises. Environ 450
entreprises de l’Hexagone sont établies en Algérie. Mais, dans la construction,
par exemple, « elles ne sont pas là, alors même que les sociétés
algériennes sont petites et plutôt mal structurées », déplore le
conseiller économique d’Abdelatif Bouteflika.
D’après Améziane Medjkouh, premier
vice-président de la Caci (Chambre algérienne de commerce et d’industrie), il
n’y a que 13 entreprises françaises de construction ayant déclaré des projets
d’investissement entre 2002 et 2011 ». La construction souffre aussi d’un
manque de formation. « Dans les cinq ans à venir, nous pourrions être
obligés d’importer de la main d’œuvre qualifiée », s’insurge Mohand Saïd
Naït Abdelaziz, président de la Confédération nationale du patronat algérien
(CNPA).
Les fédérations du bâtiment
tunisienne et française sont liées par un accord de partenariat portant sur la
formation des demandeurs d’emploi. Rien de tel avec l’Algérie. Aussi, le
président de la CGPME 92 (Confédération générale des petites et moyennes
entreprises des Hauts-de-Seine), Jean-Luc Duhamel, qui se dit « très
proche de la Fédération française du bâtiment » a proposé, lors du
colloque à Nanterre, de jouer le rôle de facilitateur.
Pour Abdelatif Benachenou, la
formation est essentielle. Et, dans ce domaine aussi, il ne comprend pas le
manque d’initiative de la
France. Pourquoi l’École supérieure des affaires, créée par
la France, qui a fourni l’encadrement pédagogique, et l’Algérie, qui a apporté
les équipements, n’a pas été clonée à Oran et Annaba, puisque cette école de
gestion fonctionne bien à Alger, s’interroge-t-il.
« L’Algérie a besoin de
managers, mais aussi, selon lui, d’ingénieurs spécialisés ». Pourquoi la
France, qui dispose d’une expertise reconnue dans les nouvelles technologies,
ne délivre pas de formation professionnelle dans ce domaine, s’étonne-t-il
encore. Alors que 58 % des étudiants sont, en fait, aujourd’hui des étudiantes,
il faut, assure-t-il encore, aider la femme algérienne ».
François Pargny
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