Les images du printemps arabe à Bahreïn, qui a duré de mi-février à mi-mars 2011, ont eu un impact négatif sur le petit royaume de la région du Golfe. La chambre de commerce et d’industrie de Bahreïn (BCCI) et le Bahrain Economic Development Board (EDB) ont pris leur bâton de pèlerin pour faire la tournée des capitales européennes afin de rassurer les investisseurs. Les 16, 17 et 18 novembre 2011, ils étaient à Paris.
La matinée du deuxième jour de leur présence parisienne a été consacrée à une « rencontre d’affaires franco-bahreïnienne » dont c’était la deuxième édition, la première s’étant tenue en septembre 2010. Les organisateurs en étaient la chambre de commerce et d’industrie de Paris (CCIP) et la Chambre de commerce franco-arabe.
Essam Fakhro, le très actif président de la BCCI, s’est employé à rappeler les atouts du royaume : « La population est bien formée avec un taux d’alphabétisation de presque 100 %. Être à Bahreïn donne un libre accès aux autres marchés du Conseil de coopération du Golfe. Le royaume a une économie diversifiée avec comme points forts les services financiers (25 % du PNB en 2010), l’industrie (16 %), notamment la production d’aluminium et la transformation de ce matériau, le pétrole-raffinage (13 %), l’immobilier (9 %), et les transports-communications (9 %) ».
De fait, malgré les tentatives de Dubaï et du Qatar, Bahreïn reste la première place financière du Golfe avec 412 banques, 150 compagnies d’assurances, et une expertise concernant la finance islamique. Dans l’énergie, il est le premier pays post-pétrolier du Golfe puisque seul le petit champ pétrolier d’Awali lui appartient. Aussi, afin de contribuer à la stabilité socio-économique de son voisin, l’Arabie Saoudite partage la production de son champ d’Abu Saafa, ce qui permet d’alimenter la grosse raffinerie bahreïnie de Sitra. L’industrie est centrée sur la fonderie d’aluminium Alba (Aluminium Bahrain), qui exporte la moitié de sa production et irrigue tout un secteur local utilisant cette matière première.
Sur les conséquences économiques des événements du début de l’année, Robert Edge, responsable Europe au sein de l’EDB, concède qu’« ils ont eu un impact sur le tourisme, spécialement les Saoudiens qui viennent à Bahreïn en utilisant le pont-digue de 25 km qui relie les deux pays » pour profiter d’une atmosphère plus libérale à Bahreïn, notamment pendant le week-end. Mais parmi la cinquantaine d’entreprises françaises implantées à Bahreïn, aucune n’a, pour le moment, quitté le royaume à cause du risque politique.
Jean-Marc Luvisutto, directeur général de Technal Middle East, confirme : « Pour ainsi dire, nous n’avons pas été impactés. » Présent depuis 30 ans dans le pays, le numéro un européen de la menuiserie en aluminium a créé en 2000 une coentreprise à égalité avec Balexco (Bahrain Aluminium extrusion Company). Des petites pièces sont importées de France et les produits finis sont exportés dans toute la région, à commencer par l’Arabie toute proche. La coentreprise réalise environ 17 à 18 millions d’euros de chiffre d’affaires.
De même, le cabinet d’architecture Unanime a ouvert son propre cabinet bahreïni en avril dernier. De son côté, Imerys, numéro un mondial des minéraux industriels, affirme sa confiance en Bahreïn puisqu’il n’a pas hésité à créer, le 18 novembre dernier, une coentreprise avec le bahreïni Al Zayani Investments. Pour la première fois dans le Golfe, Imerys et son partenaire vont implanter une usine qui produira de l’alumine fondue (micro-grains obtenus par électro-fusion d’alumine) dont les applications sont le sablage, l’abrasion, les propriétés réfractaires, et le revêtement thermique.
À noter que, même si la situation semble s’être normalisée, l’ambassade de France à Bahreïn annonce scrupuleusement les manifestations, qui se poursuivent à Manama, pour prévenir la communauté française.
Jean-François Tournoud
Bruits et réalités sur la présence des banques françaises
Malgré des bruits, datant d’août dernier, selon lesquels BNP Paribas aurait envisagé de déplacer certaines activités de back-office ailleurs dans le Golfe, la banque a maintenu à Manama (capitale de Bahreïn) son siège Moyen-Orient/Afrique. Néanmoins, la banque, qui devait intervenir à la réunion du 17 novembre, n’était pas présente. Contactée, elle n’a pas voulu réagir.
Quant au Crédit Agricole, il a transféré son siège régional de Manama à Dubaï, mais ce changement avait été décidé avant la crise politique de 2011.
Une fiscalité attractive
Robert Edge, responsable Europe au sein de l’EDB (Bahrain Economic Development Board), a rappelé, le 17 novembre, les avantages légaux que propose Bahreïn aux investisseurs étrangers : « Une entreprise étrangère peut détenir 100 % du capital d’une compagnie locale, indique-t-il. Les seuls secteurs où la part locale doit être majoritaire sont la construction et le tourisme. » Au plan fiscal, l’environnement est également favorable : « Il n’existe pas d’impôt sur les sociétés, d’impôt sur le revenu, et il est possible de rapatrier le capital et les dividendes. En cas de coentreprise, le partenaire étranger bénéficie aussi de cette exemption fiscale. Enfin, localement, il y a peu de taxes indirectes. » L’EDB étant bien sûr un facilitateur pour toute entreprise qui souhaiterait s’implanter dans le royaume.
Bloc-notes
• Economic Development Board de Bahreïn :
www.bahrainedb.com
invest@bahrainedb.com
• Bahrain Chamber of Commerce and Industry :
www.bcci.bh
• Conseiller commercial français à Manama :
frederic.mettetal@dgtresor.gouv.fr
• Club d’Affaires franco-bahreïnien :
www.cafbahrain.com
• Ambassade de France à Bahreïn : les manifestations prévues sont indiquées à la communauté française
www.ambafrance-bh.org/Avis-aux-Francais-ACTUALISATION
• Taux de change : 1 euro = 0,5071 BHD (dinar de Bahreïn)