Porté par le consulat de France à Los Angeles, la Chambre franco-américaine de commerce et un entrepreneur privé, Laurent Ruben, qui a fondé une société privée d’accompagnement au nom prédestiné de French Accelerator, l’écosystème des startups françaises dans la cité des Anges a reçu le 15 octobre dernier le label French Tech Hub attribué par l’Etat français. Lors d’un de ses passages à Paris, Laurent Ruben a reçu la Lettre confidentielle du Moci pour faire le point sur ces deux initiatives menées parallèlement. A quelques semaines du Consumer Electronics Show (CES) de Las Vegas, où la participation française s’annonce record, un exemple de la vitalité d’un réseau lancé il y a à peine trois ans.
« En fait, l’idée de la labellisation revient à l’ancien consul général de France de la ville, Axel Cruau, qui savait que San Francisco et New York allaient devenir French Tech Hub. Il m’a demandé de regarder l’écosystème français à Los Angeles, et, avec Estelle Garnier, directrice Marketing et opérations de French Accelerator, on a recensé les entreprises, on les a classées. Il y a 90 000 Français sur place, dont 30 000 travaillent dans les technologies et 347 entrepreneurs », relate Paul Ruben. Cet homme d’affaires d’une quarantaine d’années passionné d’informatique depuis son plus jeune âge, connaît bien ce terrain pour avoir opéré à la fois à San Francisco et Los Angeles.
« Aujourd’hui, précise-t-il à la LC, le consulat se charge d’entretenir le lien avec la French Tech à Paris et la Chambre consulaire organise nos évènements, une deuxième manifestation devant ainsi se tenir le 28 janvier 2017 ». Dans la foulée, avant la fin du mois, la communauté d’affaires française se réunira pour la première fois pour planifier une série de rencontres B to B en fonction du type de thématiques et d’entreprises.
Un portail Internet dédié, une participation au CES 2017
D’ici là, deux rendez-vous importants pour cet écosystème marqueront un calendrier de début d’année dense.
Le 1er janvier d’abord, le portail la.lafrenchtech.com sera mis en ligne. « Dans une métropole aussi gigantesque que Los Angeles – 150 kilomètres sur 150 km, soit l’équivalent de l’Ile-de-France – mal desservie par les transports publics, on travaille sur Internet pour que les startups s’inscrivent et s’informent, se tiennent au courant de l’évolution de la French Tech, des évènements qui permettent aux Américains de découvrir nos technologies. Il y en a ainsi plus de 200 à Los Angeles qui sont intéressés », assure Paul Ruben.
Selon lui, Los Angeles est « la ville la plus dynamique » dans l’informatique, derrière New York. Elle est capable d’allier « les contenus à la technologie », alors que San Francisco, notamment, serait seulement concentré sur la technologie. Si la signature French Tech donne de la visibilité en France à l’écosystème français de Los Angeles, en revanche, « les Américains ne savent pas ce que c’est – et d’ailleurs, le mot label n’existe pas aux États-Unis – c’est donc l’écosystème en tant que tel qu’il faut promouvoir ».
La France, à cet égard, possèderait des arguments, notamment la qualité de ses ingénieurs par rapport à leurs homologues des États-Unis pour un coût, au demeurant, inférieur. Très bons dans l’architecture des programmes, les Américains auraient, en revanche, besoin de deux mois pour leur réalisation, quand il suffirait de deux semaines à des Français, dont la culture serait celle de « hackers ».
Le deuxième rendez-vous sera une nouvelle fois l’occasion de mesurer la notoriété naissante de la Frenc Tech outre-Atlantique. Entre le 5 et 8 janvier, le French Accelerator participera en effet au CES de Las Vegas. Il y représentera aussi la French Tech et, sur son stand, s’y déplaceront les startups que la société accompagne, au nombre de douze aujourd’hui.
Pour une société spécialisée dans l’accompagnement des startups comme French Accelerator, ce rendez-vous est doublement important : en effet, la presse française y assure une couverture médiatique assez large et un quart des 200 000 visiteurs y sont américains, ce qui donne de véritables opportunités d’affaires outre-Atlantique aux quelque 228 sociétés qui participeront à l’édition 2017. D’après une étude de French Accelerator, sur les 190 exposants français au dernier salon de Las Vegas, 178 sont toujours en activité, et, sur ce nombre, 75 % y reviendront l’an prochain. Toutefois, si 88 % déclarent qu’elles veulent s’implanter aux États-Unis, seules 11 % y sont parvenus : du pain sur la planche de la société de Paul Ruben.
Comment French Accelerator cherche à grossir
« Il y a 10 000 accélérateurs aux États-Unis et au Canada – 40 000 dans le monde – et nous sommes le seul à offrir aux entreprises qui ont dépassé le stade de l’amorçage (dites Série A) de leur chercher des clients pendant six mois, ce qui leur permet ensuite de recruter en connaissance de cause », expose encore fondateur de French Accelerator.
Pour y parvenir, outre ses six employés, la société de Los Angeles travaille avec « une armée » de 22 consultants. Elle a également ouvert un bureau à Paris, piloté par son directeur du Développement, Jonathan Stern, qui vient d’être renforcé avec l’arrivée de Gildas Duval, un commercial spécialisé dans la technologie.
Toutes les semaines, Jonathan Stern et Paul Ruben ‘pitchent’ une vingtaine d’entrepreneurs français avec un projet pendant 45 minutes. Le French Accelerator, qui a pris des participations minoritaires dans cinq startups (5 à 10 %), noue des liens étroits avec des fonds d’investissement français. A Paris, elle collabore avec Impulse Capital France, un leveur de fonds, car « ce que nous recherchons, ce sont des fonds qui ont un intérêt à ce que les entreprises françaises réussissent », nous a soutenu Paul Ruben.
Dans l’Hexagone, sa société entretient encore des relations avec de grands noms, comme Uber et Microsoft Accelerator. Enfin, elle va inaugurer son nouveau bureau aux États-Unis… à New York. La directrice de Projets, Fannelie Gérard, y sera basée à partir du 1er février 2017. Parallèlement, French Accelerator prépare une levée de fonds. « On n’a pas pu toujours prendre des participations dans les startups que l’on accompagne, il nous faut donc industrialiser notre système et grossir, l’objectif dans les trois ans étant de prendre des participations dans 40 startups », a encore confié Paul Ruben. Il lui faudrait lever 1,5 million de dollars et, à ce jour, 600 000 dollars seraient trouvés. Réunir le solde demanderait, selon lui, trois à quatre mois.
François Pargny
Pour prolonger :
–États-Unis / France : avec le French Accelerator, l’écosystème de Los Angeles s’est déjà lancé dans la French Tech
–Numérique/France : le premier French Tech Hub labellisé à l’étranger va être lancé à New York
–Dossier États-Unis 2016 : comment est-on passé de la « French Touch » à la « French Tech »
–Dossier 2016 : quand l’Afrique fait sa révolution technologique
–Côte d’Ivoire / Numérique : la “dream team” du nouveau French Tech Hub d’Abidjan, le premier d’Afrique de l’Ouest –Numérique / International : six nouveaux French Tech Hubs labellisés à l’étrange