Marie-Rose Michel (à gauche), Export Development Manager chez Reed Exhibitions, a remis le 25 novembre, à Paris lors de la septième cérémonie du Palmarès des PME & ETI leader à l’international à Stéphane Klajzyngier, directeur général de Lacroix Electronics, le prix Stratégie Export du Moci.
Lorsque Vincent Bedouin succède à son père aux manettes de Lacroix Electronics, en 2006, cet équipementier électronique est en grande difficulté faute d’avoir renouvelé à temps son modèle économique. « L’entreprise était plutôt positionnée sur les volumes, avec un site en France et un atelier en Pologne, se souvient-il. Mais cela faisait longtemps que fabriquer des décodeurs ou des téléphones portables était devenu très compliqué en France ». Face au rouleau compresseur asiatique à bas coûts, le fabricant de composants électroniques de type cartes à puces pour les fonctions de commandes et contrôles n’avait aucune chance…
Celui qui est aujourd’hui président du groupe Lacroix, maison-mère de Lacroix Electronics, un groupe à 70 % contrôlé par la famille Bedouin (30 % du capital sur le marché Euronext), décide alors de changer de stratégie en repositionnant l’entreprise hors des segments à forts volumes. « Notre philosophie est de miser sur des secteurs porteurs mais hors grand public, et, à l’intérieur de ces secteurs, nous visons les acteurs qui tirent les marchés sur des produits plus complexes ». On ne parle plus de sous-traitance mais « d’accompagnement » des clients, pour les aider « à intégrer de l’intelligence dans leurs produits » en partenaires. Ces clients sont des industriels, équipementiers ou constructeurs, dans l’automobile, l’aéronautique et la défense, la domotique, l’industrie, le médical…
Dans cet objectif, le site en Pologne est renforcé et l’entreprise se dote d’une usine en Tunisie, pour bénéficier de leurs plus bas coûts de production. Parallèlement, l’usine historique de Saint-Pierre-Montlimart (Maine-et-Loire), de même que l’usine allemande de Willich (Rhénanie-du-Nord- Westphalie), sont recentrées sur la conception, le prototypage, les petites séries. Le groupe opte en outre pour une intégration des différentes implantations. « Contrairement à certains de nos concurrents, nous ne fonctionnons pas du tout comme une fédération d’usines », insiste son président. Ses cinq bureaux d’étude, dont quatre en France et un en Allemagne, sont pilotés par la filiale Lacroix Electronics Solutions. Plus récemment, l’entreprise prend la vague de l’Internet des objets, avec comme priorité d’être « connectée » à la supply chain de ses clients. Son usine française décroche, en 2016, le label « Vitrine industrie du futur ».
Résultat : l’entreprise gagne en agilité et en compétitivité. « Dans la domotique, par exemple, où il y a beaucoup de nouvelles fonctions à concevoir, nous sommes sur des études, des prototypes, du démarrage de séries, et nous pouvons le faire en France, relate le président. Si des produits deviennent des succès commerciaux, ou si le client a besoin de prix compétitifs, alors nous basculerons la production sur nos usines polonaise ou tunisienne ».
En dix ans, l’entreprise a doublé son chiffre d’affaires tout en conservant sa base en France. « Aujourd’hui, plus de 80 % de notre activité est hors de France sans que nous ayons eu besoin de réduire l’emploi en France » se réjouit Vincent Bedouin. Toutefois, « nous nous considérons d’abord comme un acteur européen avec nos positions fortes en Allemagne et en France ». Hors, un nouveau défi pointe à l’horizon : s’adapter au « nearshoring », cette relocalisation des industriels à proximité de leur marché final dont les précurseurs sont les constructeurs automobiles. D’ici 2020, pour suivre ce mouvement, il faudra « accélérer et s’implanter hors d’Europe ».
Le groupe s’y prépare…
Christine Gilguy