Les accords de libre échange (ALE) dits de nouvelle génération, type TTIP / TAFTA ou CETA, englobant non plus seulement les droits de douane mais aussi l’investissement, les normes ou encore les marchés publics, ont-ils vécu ? Certains le pensent. Lors d’un séminaire sur les enjeux pour l’Europe de l’octroi du statut d’économie de marché à la Chine*, le 8 septembre, au Centre d’études prospectives et d’informations internationales (Cepii), François Godement a expliqué – sans les citer – que « certains États membres faisaient semblant de dire que l’avenir est aux économies de services et aux questions règlementaires et pas aux droits de douane ». Or, selon le directeur du programme Asie et Chine de l’ECFR (European Council on Foreign Relations), nombre d’États, notamment européens, prendraient conscience de la difficulté à conclure actuellement ces accords très ambitieux, qui dépassent donc largement le cadre purement commercial.
Exemples cités de traités impossibles : le Traité de partenariat transatlantique pour le commerce et l’investissement (PTCI ou TTIP en anglais), dont l’intérêt semble aujourd’hui remis en cause par des nations comme la France, mais aussi le Traité de partenariat transpacifique (TPP) « qui ne sera pas ratifié avant la fin de la présidence Obama », ou encore l’ALE que le Japon et l’UE n’arrivent pas à finaliser.
Du coup, François Godement estime que pour tous les acteurs du commerce mondial, notamment l’UE, « on va revenir vers des accords plus traditionnels, que les vieilles questions de commerce vont revenir (au premier plan), notamment les droits de douane ».
Pékin prêt à négocier un ALE avec Londres
Preuve en est la démarche de Pékin aux lendemains du vote sur le Brexit : la Chine s’est immédiatement déclarée prête à un ALE avec le Royaume-Uni. « Certes, a reconnu François Godement, un État membre ne peut pas négocier, mais, dans les conditions actuelles, ajoutait-il, rien ne l’empêche de pré-négocier ». Une perspective qui inquiète visiblement le représentant d’une organisation professionnelle, qui a rappelé à la LC que l’ex-Empire du Milieu avait déjà conclu un accord commercial avec la Suisse.
« On pourrait se retrouver avec deux pays au cœur de l’Europe servant de déversoir aux produits chinois », précisait-il à la LC. Ce spécialiste de l’international nous a aussi confié que l’organisation homologue à la sienne outre Manche était persuadée qu’en cas d’accord entre Pékin et Londres, son industrie « finirait totalement laminée par la concurrence du géant asiatique ».
François Pargny
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