Pour la seconde année consécutive, le « speed dating » géant entre ambassadeurs et dirigeants de PME et ETI s’annonce comme l’un des temps forts du volet « diplomatie économique » de la semaine des ambassadeurs, dont c’est la 24ème édition cette année (29 août-2 septembre). Car cette formule de rencontre individuelle expresse (15 mn) entre un dirigeant d’entreprise et un ambassadeur sur un projet concret à l’international, semble plébiscitée tout autant par les entreprises que par les diplomates. « On a refusé du monde » se réjouit-on au Quai d’Orsay.
Un peu moins de 500 représentants de PME et ETI venus de tout le territoire (425 exactement pour 550 inscrits), selon le ministère, avaient ainsi rendez-vous aujourd’hui 29 août au centre de conférences du ministère des Affaires étrangères et du développement international (Maedi) à Paris avec la quasi- totalité des ambassadeurs en poste à l’étranger mobilisés pour l’occasion. L’an dernier, leur nombre avait atteint 457*. Matthias Fekl, secrétaire d’Etat au Commerce extérieur, devait ouvrir la séquence en début d’après-midi et Jean-Marc Ayrault, ministre des Affaires étrangères et du développement international, devait y faire une apparition en fin d’après-midi.
« Tous les ambassadeurs sont présents sauf celui de la Syrie », et un seul pays, le Kosovo, n’a pas eu de demande, précise-t-on au Quai d’Orsay. Autre motif de satisfaction pour ce ministère : 139 ambassadeurs (sur 170 environ) ont un « carnet de bal complet », soit dix rendez-vous au total dans l’après-midi. Seuls dix diplomates ont moins de cinq rendez-vous. Au total, plus de 1500 rendez-vous individuels ambassadeurs / entreprises sont au programme. Stands et ateliers sur les appuis à l’export organisés par les partenaires du dispositif de soutien au Commerce extérieur –Business France, Bpifrance, CCI International, Pacte PME, Coface, Douane, Medef, CCEF…- complètent le dispositif.
Plus de 99 % des participants de l’an dernier satisfaits
Pourquoi un tel succès auprès des entreprises ? D’abord, ces rencontres sont préparées avec soin, les entreprises candidates ayant été sélectionnées sur l’intérêt de leur projet, avec le concours de Business France et des chambres de commerce. La sélection finale a été faite par les ambassadeurs eux-mêmes avec les chefs de services économiques, et leurs réponses aux entrepreneurs ont été préparées. Ensuite, il y a la promesse d’un suivi : tous les participants de l’an dernier en ont bénéficié.
Enfin, il semble que ces moments privilégiés d’échange avec un diplomate de haut rang en poste dans le pays ciblé, soient très appréciés par les entreprises : selon une étude du ministère, plus de 99 % des participants l’an dernier se sont déclarées satisfaits à très satisfaits de l’expérience, un score digne des plus belles dictatures ! Dans le détail, 94,8 % ont apprécié les informations qui leurs ont été données à cette occasion et 85 % les ont même jugées utiles.
Côté ambassadeurs, même unanimité : plus de 96 % des diplomates ont jugé l’exercice utile. Manifestement, ils apprécient ces moments avec des représentants de catégories d’entreprises qu’ils ont rarement l’occasion de croiser dans leurs activités habituelles, plus orientées sur les grands contrats des entreprises publiques et du CAC 40, mais aussi parce qu’elles n’osent pas les solliciter. Car comme sur un champ de bataille, « l’idée est d’aller au contact » rappelle-t-on au Quai d’Orsay. Cette année, tous secteurs confondus, un tiers des participants sont issus de TPE (moins de 10 salariés), 52 % au total venant de PME de moins de 250 salariés.
Cette année, l’Afrique en tête des zones demandées
Cette année, c’est l’Afrique qui est en tête des zones d’intérêt pour ces PME et ETI avec plus de 20 % des demandes, devant l’Europe à environ 20 %. Ainsi, si les Etats-Unis sont en tête des pays demandés, devant la Chine, la Côte d’ivoire est arrivée au troisième rang selon les informations communiquées par le ministère trois jours avant l’ouverture. D’autres pays africains font partie du top 20 par le nombre de demandes avec le Maroc, 8ème, l’Algérie, 12e, l’Afrique du sud, 14e et le Sénégal, 19e. Le Nigeria serait bien placé également.
Alors que l’une des faiblesses persistantes du commerce extérieur français -comparé à l’Allemagne ou l’Italie- est le nombre insuffisant de PME et d’ETI exportatrices, au Quai d’Orsay, qui pilote le Commerce extérieur depuis 2014 et dont la diplomatie économique est devenue un axe d’action prioritaire avec une volonté d’ouverture en direction des entreprises, on veut croire que le succès de ce « speed dating » est le signe que les choses commencent à bouger en profondeur. Comme en témoigne l’augmentation du nombre d’exportateur depuis deux ans*, veut-on croire, « la tendance est en train de s’inverser, ce sont l’es entreprises elles-mêmes qui le disent ». « Le discours sur le Quai d’Orsay a changé » chez les entrepreneurs, un autre signe que le ministère y a contribué.
Christine Gilguy
*Diplomatie économique : 457 PME en tête-à-tête avec 169 ambassadeurs lors du premier “speed-dating” du Quai d’Orsay
**Export / France : TPE et PME dopent le nombre d’exportateurs en 2015
Pour prolonger :
–Commerce extérieur / Semestriel : les produits en forme et à surveiller à l’export
– et notre dernier dossier sur le web : Export / France : ce qui bouge dans le commerce extérieur français