La Fédération nationale des transports routiers (FNTR) et
l’Organisation des transporteurs routiers européens (OTRE) viennent de tirer la
sonnette d’alarme au ministère des Transports, pour demander à l’Etat
d’intensifier les contrôles sur les pratiques des donneurs d’ordres
(commissionnaires et chargeurs), qu’elles jugent déloyales. Les entreprises que
ces deux organisations représentent redoutent de travailler à perte.
En effet, les routiers n’arrivent
pas à profiter du dispositif de répercussion des variations de charges de
carburant mis en place en 2006 et estiment subir une concurrence déloyale. Le
secteur du transport routier se trouve pris dans un effet de ciseau meurtrier,
à savoir la hausse des prix quasi-continue des prix du gazole et la baisse
alarmante des taux de fret routiers. La
FNTR dénonce le comportement des traders de fret qu’ils
accusent de contourner la loi.
En pratique que se passe-t-il ? Le transport routier est devenu un marché
organisé un peu sur le modèle des marchés financiers, avec des bourses de fret
organisant l’offre de fret et la demande de transport. Système qui met en
concurrence des transporteurs de différents pays de l’Union européenne,
lesquels ne supportent pas les mêmes contraintes fiscales et sociales. Pour
lisser leurs coûts, les logisticiens et commissionnaires, via les bourses de
transport, sous-traitent largement leurs prestations routières en Europe,
faisant appel à des transporteurs polonais, roumains ou bulgares.
Or, une prestation routière
supporte deux postes majeurs de coûts : le premier, celui des conducteurs,
le second, celui du carburant. Le coût du chauffeur longue distance évolue peu
(en l’occurrence, il ne baisse pas), en revanche, le coût du gazole
professionnel (prix de livraison en cuve, hors TVA) s’est apprécié de 16 %depuis
janvier 2011, selon le CNR (Comité national routier). Et depuis l’an 2000,
l’indice du coût de ce carburant a presque doublé : soit en base 100, le
gazole est passé de l’indice 94 en janvier 2000 à l’indice 176 en janvier 2012.
Pour l’heure, les chargeurs
et les gros prestataires logistiques s’accommodent de cette flambée des prix en
transférant cette charge sur la sous-traitance, ce qui leur permet de contenir
la hausse des coûts de transport dans certaines limites. A plus long terme, le
commerce intra-européen pourrait bien, lui, souffrir d’une situation, qui va
faire disparaître un grand nombre de PME de transport et logistique routière,
réduire l’offre et, in fine, alimenter une forte de remontée des prix.
Gilles Naudy
MOCI Pratique :
■Pour en savoir plus, vous trouverez ci-joint, les sites à suivre :
■Voir l’étude du CNR ci-joint