La nouvelle carte de l’Hexagone, après le découpage régional en vigueur depuis le 1er janvier 2016, a fait émerger de vastes ensembles régionaux dont le poids dans les échanges extérieurs de la France est plus homogène. C’est ce que révèle la Douane dans sa dernière étude mensuelle de juin intitulée « Un rééquilibrage régional du commerce extérieur ».
Rappelons que depuis le 1er janvier 2016, le nombre de régions métropolitaines a été réduit de 22 à 13. Sept nouvelles régions ont résulté de fusions d’anciennes – Grand-Est, Auvergne-Rhône-Alpes, Hauts-de-France, Midi-Pyrénées-Languedoc-Rousillon, Normandie, Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes et Bourgogne-Franche-Comté –, alors que six autres ne changent pas de délimitations : Ile-de-France, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Pays de la Loire, Centre Val-de-Loire, Bretagne et Corse.
Le Grand-Est dans le pôle de tête
La fusion des anciennes régions a permis l’émergence de quatre nouvelles régions de taille intermédiaire plus homogènes en termes de commerce extérieur, constate la Douane. Arrivent ainsi en pôle position : Grand-Est, Auvergne-Rhône-Alpes, Hauts-de-France et Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon. « Il s’agit notamment de zones frontalières et aéroportuaires, plus naturellement tournées vers l’extérieur », signalent les douanes.
Totalisant 13,3 % des exportations et 11 % des importations tricolores, le Grand-Est, nouveau nom donné à l’ensemble Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine, est désormais comparable à l’Auvergne-Rhône-Alpes, aux Hauts-de-France et au Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon en termes de poids des échanges de marchandises.
À noter que les flux commerciaux régionaux sont définis à partir du département d’expédition initiale de la marchandise pour les exportations et du département de destination effective de la marchandise pour les importations. « Ils sont, avertissent les douanes, néanmoins à interpréter avec prudence car ils ne correspondent pas nécessairement au département de production ou de consommation des marchandises ».
Un deuxième groupe englobe sept régions, avec un poids plus faible dans les échanges (entre 3 % et 7 % du total des échanges français). Ce groupe comprend des nouvelles régions : Normandie, Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes et Bourgogne-Franche-Comté qui « font désormais jeu égal avec les régions sans changement de périmètre (Provence-Alpes-Côte d’Azur, Pays de la Loire, Centre Val-de-Loire et Bretagne) », indiquent les douanes.
En dernière position viennent la Corse et les départements d’outre-mer (DOM) dont le poids dans les échanges de la France, renseigne la douane, « est modeste et marqué par un déséquilibre en faveur des importations ».
L’Ile-de-France enregistre le plus gros déficit, Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon est excédentaire
En 2015, l’Ile-de-France a généré à elle seule l’essentiel du déficit français (-52 milliards d’euros, contre -59 milliards pour la France). S’agissant des principaux secteurs dans les échanges franciliens, ce sont les produits informatiques et électroniques qui occupent la première place, représentant 15 % des exportations et 19 % des importations. La région francilienne représente 43 % des ventes et 57 % des achats de la France pour ce type de produit.
Si les Hauts-de-France, appellation donnée au nouvel ensemble Nord-Pas-de-Calais-Picardie, enregistrent le second déficit régional (-9,8 milliards d’euros), les douanes relèvent dans leur étude que les autres régions déficitaires correspondent aux grandes zones portuaires (Le Havre, Marseille et Dunkerque) et aéroportuaires (Roissy-CDG).
A contrario, la région Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon a dégagé l’an dernier un excédent de +9,4 milliards d’euros. « Cette région, souligne la Douane, se distingue en effet par le dynamisme de ses exportations (+5,9 % en moyenne annuelle depuis 2011), tirées par l’aéronautique ».
Autre constat, certaines régions affichent une forte spécialisation sectorielle de leurs échanges, largement corrélée avec le tissu industriel local. C’est notamment le cas de la région Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon (dont le nouveau nom, tout juste adopté, est ‘Occitanie’, portée par l’aéronautique. « La région Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon se distingue par un degré de spécialisation très élevé, en raison de l’importance des échanges aéronautiques : ils représentent 74 % des exportations de la région et 56 % de ses importations ». Malgré un poids modeste dans le commerce extérieur français, les exportations aéronautiques sont également dominantes dans les DOM (lancement de satellites depuis la base spatiale de Kourou).
La spécificité aéronautique de la région Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon explique par ailleurs l’orientation privilégiée de ses ventes vers les pays tiers (Asie, Amérique, Proche et Moyen-Orient).
En ce qui concerne les destinations bénéficiaires des exportations régionales, la Douane observe que les régions frontalières commercent principalement avec l’Union européenne. C’est notamment le cas du Grand-Est, des Hauts-de-France et d’Auvergne-Rhône-Alpes.
Les régions les plus enclines à échanger avec les pays lointains sont celles qui disposent de grands ports de marchandises ou d’un aéroport de fret international. L’Ile-de-France est ainsi la région dont les destinations sont les plus diversifiées, de même que la Normandie (ports du Havre et de Rouen) et Provence-Alpes-Côte d’Azur (port de Marseille). Cette dernière région échange plus que les autres avec l’Afrique, du fait de sa proximité géographique. La région Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes exporte plus vers l’Amérique du Nord que les autres régions françaises. Cela s’explique par la nature de ses exportations, dominées par les boissons – vins et Cognac à destination des États-Unis.
Venice Affre
Pour en savoir plus :
Consultez l’étude mensuelle (juin 2016) de la Douane sur le nouveau découpage régional en fichier attaché ci-dessous
Pour prolonger :
Lire notre dossier Régions 2016 : « Les nouveaux exécutifs et l’export »