Alors que la question d’accorder ou non le statut d’économie de marché à la Chine à l’OMC doit être tranchée d’ici à décembre prochain, la proposition de la Commission européenne – initialement attendue début 2016 – ne sera pas présentée avant le mois de juillet. Motif ? L’approche défendue aurait été jugée trop favorable à Pékin par certains Etats membres, obligeant l’exécutif européen à revoir sa copie.
Car à mesure que l’échéance approche, l’affrontement entre deux camps se précise au sein des 28, entre les défenseurs du libre-échange, menés par le Royaume-Uni, et les partisans d’un renforcement des instruments de défense commerciale de l’UE, tels que la France, l’Espagne ou l’Italie.
Mais l’hostilité croissante des Européens envers le dumping chinois, en particulier dans le secteur de l’acier, a contraint la Commission à adopter une approche plus mesurée voire ouvertement hostile face à la requête de Pékin. Parallèlement, les Britanniques – trop occupés par la campagne sur un éventuel ‘Brexit’ – ont vu leur pouvoir d’influence s’éroder à Bruxelles. La montée des mouvements populistes sur tout le continent oblige également la l’éxécutif européen à faire preuve de prudence pour ne pas être accusée d’ouvrir les portes du marché européen aux produits bon marché fabriqués en Chine.
« Les choses sont en train de bouger »
« Les choses sont en train de bouger », se félicitait récemment un diplomate italien, constatant le fléchissement de la position au sein de l’exécutif. Si le texte en préparation est encore maintenu secret, les experts commerciaux jugent peu probables qu’il parvienne à lever les nombreuses ambiguïtés sur le dossier en affichant un ‘oui’ ou un ‘non’ définitif. La Commission devrait tenter de naviguer entre deux eaux en proposant des arrangements à la Chine essentiellement destinés à protéger les secteurs les plus fragiles face à la concurrence chinoise, au premier rang desquels figurent l’acier et la céramique.
Mais le lobbying des deux camps ne se limite pas à la Commission européenne. Une autre bataille se joue également au conseil autour de la directive, bloquée depuis plusieurs années, destinée à moderniser l’arsenal de défense commercial de l’UE. Là aussi la coalition ‘anti-dumping’, menée par la France et aussi par l’Allemagne, semble grignoter du terrain. La Belgique avait déjà rallié leur camp à l’issue du dernier conseil ‘Commerce’ à Bruxelles. Selon des sources proches des discussions, l’Autriche pourrait bientôt faire de même, ouvrant la possibilité à l’adoption du texte en débat depuis près de trois ans.
L’accession de la Slovaquie à la présidence tournante de l’UE, le 31 juillet prochain, est également susceptible de renforcer le groupe des pays qui prône une attitude plus agressive contre le dumping chinois. Alors que les Néerlandais, actuellement à la tête de la présidence de l’UE, se sont toujours rangés du côté des Britanniques, les Slovaques défendent ouvertement un renforcement des législations commerciales européennes. L’industrie sidérurgique est en effet le premier employeur privé du pays.
Kattalin Landaburu, à Bruxelles