Sous l’effet d’une nouvelle diminution du montant des approvisionnements en pétrole raffiné conjuguée à une relance des livraisons dans l’aéronautique, le déficit de la balance commerciale tricolore s’est réduit en mars de 750 millions d’euros pour s’établir à -4,4 milliards d’euros, après s’être creusé fortement en février à -5,1 milliards d’euros (contre -3,6 milliards en janvier), d’après les chiffres du commerce extérieur pour mars 2016, publiés par les Douanes françaises ce 4 mai.
Mais cette bonne nouvelle est toutefois à relativiser car les exportations sont en retrait dans de nombreux domaines : machines industrielles, pièces et équipements automobiles, produits chimiques, industries agricoles et agroalimentaires.
Nouveau repli des approvisionnements en pétrole raffiné
Les importations de pétrole raffiné se sont nettement contractées (forte diminution des volumes d’achat) en mars. Les achats sont retombés depuis l’Arabie saoudite et ont faibli depuis la Russie et l’Union européenne (UE) à l’exception des Pays-Bas.
Les livraisons de pétrole raffiné ont pour leur part résisté vers l’UE. Réduites vers l’Italie et la Belgique, elles ont été fermes vers le Royaume-Uni. Cependant, elles ont diminué en mars vers le Nigeria, la Suisse, les États-Unis et plusieurs pays de l’Afrique de l’Ouest.
Le repli des approvisionnements en produits pétroliers raffinés a conduit « à une réduction sensible du déficit dans cette branche », commentent les Douanes. En effet, le déficit s’est réduit de près de 200 millions d’euros.
A contrario, le déficit cesse de se réduire pour les hydrocarbures naturels. Les importations sont en effet en hausse, un accroissement du volume des approvisionnements en gaz (Algérie, essentiellement) dominant un nouveau repli des achats de pétrole brut, malgré une légère tension sur les prix. Le volume des achats de pétrole se réduit surtout auprès de l’Arabie saoudite et du Nigeria ; les approvisionnements sont en outre faibles auprès de la CEI et de la Norvège, mais ils progressent néanmoins auprès de l’Angola.
Aéronautique : relance des livraisons d’Airbus
Dans l’industrie aéronautique et spatiale, les exportations ont poursuivi leur reprise entamée en février. « La relance des exportations tient d’abord au haut niveau des livraisons définitives d’Airbus », précise la Douane. En mars, les livraisons définitives de l’avionneur européen ont atteint 2,72 milliards d’euros pour 33 appareils, contre 2,14 milliards d’euros pour 21 appareils en février.
Cette évolution positive est confortée par un rebond des ventes d’avions d’affaires, par la fermeté des livraisons de turboréacteurs et, à moindre niveau, par des livraisons de l’industrie spatiale aux États-Unis pour une facture de 40 millions d’euros.
Un bémol cependant, les expéditions d’avions en cours de finalisation (fabrication coordonnée) vers l’Allemagne d’avions s’inscrivent, elles, en retrait.
S’agissant des importations, elles ont accentué leur progression en mars. « La tendance est notamment soutenue par de très importants achats de Boeing aux États-Unis », détaillent les Douanes. Les achats de turboréacteurs sont en outre très fermes et ceux d’avions d’affaires ont repris, après un creux en février.
En définitive, sous l’effet de la hausse accentuée des importations, l’excédent commercial dans l’industrie aéronautique et spatiale s’est réduit légèrement, passant de +1,44 milliard d’euros en février à +1,38 milliard en mars.
Produits agricoles et agroalimentaires : l’excédent augmente
En mars, les exportations de produits agricoles ont diminué. Ce recul « tient surtout à de moindres livraisons à l’Asie (céréales et, dans une moindre mesure, légumes) alors que les ventes, notamment celles de céréales, demeurent fermes vers les autres marchés », commentent les Douanes.
Les importations de graines oléagineuses depuis les Pays-Bas, les États-Unis, l’Australie et la Belgique ont pour leur part reculé.
S’agissant des industries agroalimentaires, le repli des achats, très diversifié par produit, a touché plus fortement l’UE et l’Asie, ainsi que le Brésil, pour les tourteaux de soja. Les exportations se sont également contractées, en particulier vers l’UE. Les exportations de boissons alcoolisées vers les États-Unis et Singapour ont diminué ainsi que celles de produits laitiers vers l’Asie et le Moyen-Orient.
« L’excédent s’accroît en raison d’une baisse des importations plus marquée que celle des exportations », analysent les douanes. Rappelons que l’excédent des produits agricoles et des industries agroalimentaires s’est érodé en février du fait d’une poussée des achats de graines et oléagineux à l’UE, qui l’emportait sur la fermeté des ventes de céréales (UE et Proche et Moyen-Orient) et de graines oléagineuses (UE, Communauté des États indépendants et Iran).
Automobile : le déficit se réduit légèrement
Les importations de véhicules ont marqué le pas essentiellement depuis l’Allemagne, l’Espagne, les nouveaux états membres (NEM) de l’UE et l’Italie. Toutefois, les achats sont demeurés forts hors UE notamment depuis le Japon où une vive progression des achats de voitures a été constatée par les douanes.
À l’export, c’est pour les pièces et équipements destinés principalement aux marchés de l’UE que le recul est le plus fort.
De manière générale, la diminution est plus prononcée pour les importations et le déficit se réduit donc légèrement passant de -881 millions d’euros en février à -776 millions d’euros en mars.
En revanche, après un solde positif de +200 millions en février, le secteur de la chimie a enregistré un déficit de -100 millions d’euros en mars. Les exportations de produits chimiques ont fortement reculé en mars. Le recul des exportations résulte de la quasi absence en mars de livraisons d’éléments radioactifs, après que celles-ci aient culminé à 180 millions d’euros en janvier et encore atteint plus de 100 millions en février.
« La chute des ventes de produits agrochimiques aux grands partenaires de l’UE est également déterminante », avance la Douane, qui ajoute : « À ces effets s’ajoutent de moindres livraisons de produits de la chimie organique, vers les grands clients de l’UE et, à moindre niveau, vers le Mexique ».
Venice Affre
Pour en savoir plus :
Consultez les chiffres du commerce extérieur (mars 2016) publiés par les Douanes, en fichier PDF ci-joint.