Confrontée à la chute brutale des cours du pétrole – le prix du baril de brent a baissé de plus de 60 % depuis l’été 2014 – la monarchie au pouvoir à Ryad a décidé de prendre le taureau par les cornes et d’engager sans tarder la diversification de l’économie de l’Arabie Saoudite, trop dépendante de l’or noir. Alors que les recettes publiques continueraient de se contracter en 2016 en raison de la faiblesse du prix des hydrocarbures, l’Arabie saoudite, premier producteur de l’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole) a présenté un vaste « Plan de transformation nationale » (National Transformation Program). Baptisé « Vision 2030 » ce plan, qui doit être lancé dans les prochains 45 jours, mettra l’accent sur des mesures pour stimuler la croissance économique, créer de l’emploi et attirer les investisseurs.
Vers une ère de l’après-pétrole
Le vice-prince héritier Mohammed ben Salman, ministre saoudien de la Défense et actuel président du Conseil des affaires économiques et du développement (CEDA) et fils du roi Salman, a ainsi officialisé le 25 avril lors d’une intervention télévisée la nouvelle vision du royaume à horizon 2030 au travers d’un plan de transformation de l’économie. Mais il avait donné l’essentiel de ces nouvelles orientations lors d’une interview fleuve exclusive à l’agence Bloomberg dès le 21 avril (The $2 trillion project to get Saudi Arabia’s economy off oil ), signe d’une volonté manifeste de convaincre d’abord les marchés et investisseurs étrangers.
En 2015, les revenus issus des hydrocarbures comptaient pour plus de 70 % du total des revenus du gouvernement. Les comptes publics restent tributaires des revenus du secteur des hydrocarbures au moment de la chute des prix du baril. Ce plan doit préparer l’Arabie saoudite à réduire sa dépendance à l’or noir, en diversifiant son économie, mais aussi créer des emplois et attirer les investisseurs internationaux.
La flambée des prix du pétrole entre 2003 et 2013 a alimenté la prospérité croissante en Arabie saoudite. Au cours de la dernière décennie, le PIB a doublé, le revenu des ménages a augmenté de 75 % et 1,7 million d’emplois ont été créés. Le royaume a investi massivement dans l’éducation, la santé et les infrastructures en 2014. Mais le pays ne peut plus compter sur les recettes pétrolières et les dépenses publiques pour alimenter la croissance économique, créer des emplois et construire des infrastructures.
Ouverture aux capitaux internationaux
Une des mesures du plan de transformation nationale prévoit d’introduire en Bourse moins de 5 % de Saudi Aramco, la compagnie nationale saoudienne d’hydrocarbures.
Intronisé à la tête du royaume saoudien suite au décès du roi Abdallah en janvier 2015, le vice-prince héritier de 31 ans a confirmé dans son interview à Bloomberg citée plus haut donnée à Riyad la création du plus grand fonds souverain au monde. Celui-ci pourrait générer jusqu’à 2 000 milliards de dollars d’actifs d’ici à vingt ans.
« Ce fonds va contrôler plus de 10 % de la capacité d’investissement dans le monde (…) et le volume de ses avoirs représentera plus de 3 % des actifs existants », a précisé le vice-prince héritier, dont les propos sont cités dans un article publié sur LeFigaro.fr, qui indique que ce fonds « sera l’outil central des investissements saoudiens à l’étranger, financé partiellement par la cession de titres du géant pétrolier public Saudi Aramco ».
Après avoir enregistré un déficit budgétaire record pour l’année 2015, le gouvernement saoudien avait dû réduire en décembre 2015 les subventions des produits pétroliers mais aussi de l’eau et de l’électricité. Riyad envisage également de nouvelles mesures pour restructurer les subventions. Le plan prévoit ainsi la création d’une taxe sur la valeur ajoutée (TVA), ainsi qu’une taxe sur l’énergie, les boissons sucrées et les produits de luxe.Venice Affre