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Guide business Egypte 2016 : entretien avec Bruno Carré, CCEF et directeur général de Suez Cement (Ciment français/groupe Ital Cementi)

Le Moci. Est-ce le moment d’investir en Égypte ?

Bruno Carré. Oui c’est le moment, mais de façon sélective et prudente. Il faut bien évaluer avant d’agir. L’Égypte a de nombreux atouts. Elle est un gros marché de consommation. Elle a besoin de beaucoup d’infrastructures, dans les domaines de l’énergie, de l’infrastructure collective… Mais c’est un marché qui traverse de sérieuses difficultés macroéconomiques. Celles-ci se traduisent par un très fort déficit et un problème de réserves de devises étrangères. Cela implique qu’il est difficile d’obtenir des devises, et donc d’importer la plupart des produits. La situation ne va pas durer éternellement, mais aujourd’hui, une implantation basée sur l’importation de produits européens me semble prématurée. En revanche, s’il y a un bon mix avec de la valeur ajoutée locale, qui couvre les frais d’importation, cela peut correspondre à la situation.

 

Le Moci. Constatez-vous un regain d’intérêt de la part des entreprises françaises ?

B.C. Les entreprises françaises, groupes importants comme entreprises moyennes, s’intéressent à l’Égypte, tout en étant conscientes des difficultés. Au niveau de l’industrie, des entreprises comme Seb, L’Oréal ou Danone démarrent de nouvelles activités industrielles. Ce sont plutôt des produits destinés au grand public. Des distributeurs sont en train de s’installer, comme un premier magasin Décathlon. Le commerce de distribution dit moderne représente d’ailleurs une part très faible du commerce de détail, de l‘ordre de 10 %, il y a donc un potentiel de croissance important.

 

Le Moci. L’activité reste concentrée sur une petite partie du pays

B.C. Il y a une très grande différence entre les grandes villes et la partie plus rurale du pays. La consommation des ménages se concentre dans un continuum entre Le Caire et Alexandrie. Entre les deux, il y a les villes moyennes du delta avec un pouvoir d’achat respectable. Lorsqu’on sort de ce triangle, c’est-à-dire vers le Sud ou vers les côtes, c’est moins le cas. En revanche, dans le domaine de l’infrastructure, ce sont précisément ces zones qui se développent. C’est, en particulier, la Haute Égypte et la côte Nord entre Alexandrie et la côte libyenne.

 

Le Moci. Pourquoi un investisseur qui s’intéresse à la région choisirait-il de venir plutôt en Égypte que dans le Golfe ?

B.C. Cela dépend de l’activité de l’entreprise. Par rapport au Golfe, l’Égypte a un marché intérieur beaucoup plus séduisant. Et avec le canal de Suez, le pays dispose d’une logistique plus intéressante, trait d’union entre l’Europe et le reste du monde. Le plus grand pays du Golfe, l’Arabie saoudite, est assez compliqué, avec des lourdeurs administratives. Il me semble que les investisseurs lui préfèrent les Émirats arabes unis, plus dynamiques. Un autre avantage de l’Égypte réside dans l’existence d’une population locale pour partie formée et qui a besoin de travailler. Dans le Golfe, au contraire, on doit faire venir le personnel. La main-d’œuvre en Égypte est d’ailleurs peu chère, et elle a l’avantage de consommer sur place, alors que les travailleurs étrangers du Golfe renvoient l’argent dans leur pays.

 

Le Moci. Craignez-vous un retrait du soutien du Golfe à l’Égypte, sur fond de baisse des prix du pétrole ?

B.C. On peut le craindre, mais pour l’instant cela ne s’est pas manifesté. L’Arabie saoudite et le Koweït ont d’ailleurs accepté de fournir de l’énergie à l’Égypte, et cela leur coûte désormais moins cher… Ces pays procèdent à un ajustement. Ils cherchent désormais à passer de l’aide directe à des investissements. Ils en font bénéficier leurs entreprises dans l’immobilier, les infrastructures ou la distribution.

Propos recueillis par Rémy Pigaglio

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