« Préfigurateur de l’adossement de l’AFD à la CDC », Rémy Rioux, actuel secrétaire général adjoint du Quai d’Orsay, est en pôle position pour prendre en main l’ensemble du dispositif issu du rapprochement entre l’Agence française de développement (AFD) et la Caisse des dépôts et consignations (CDC) selon diverses sources proches du dossier. Le 12 janvier, le chef de l’État François Hollande annonçait que l’AFD serait « intégrée » à la CDC et le lendemain, Rémy Rioux déposait le rapport qui lui avait été confié à ce sujet l’été dernier.
Concrètement, pour éviter les obstacles juridiques que pose une fusion entre deux établissements publics, l’AFD deviendrait un département ou une filiale de la Caisse. Cette réforme fera l’objet d’une loi déposée au Parlement dans le courant du premier trimestre, laquelle permettra notamment à la CDC d’élargir ses missions au développement et à la solidarité internationale. Pour Rémy Rioux, ex. directeur de cabinet de Pierre Moscovici lorsqu’il dirigeait Bercy, ce serait un poste de choix.
Un ensemble au moins aussi puissant que la KfW allemande
« En faisant monter en puissance progressivement d’ici à 2020 ses prêts et ses dons, en développant des instruments financiers innovants et en proposant des appuis techniques dans toutes ses interventions, la coopération française pourra répondre aux attentes de ses partenaires de façon plus ambitieuse et mieux adaptée à leurs besoins, très divers selon les géographies », soutient Rémy Rioux dans son rapport. Par ailleurs, écrit-il au sujet de l’AFD, « dotée de fonds propres très fortement accrus, elle apportera plus de financements, en prêt et en dons, et se déploiera dans des géographies nouvelles, sans jamais perdre sa priorité africaine ». De fait, l’Agence française de développement va connaître « un changement d’échelle », puisque son volume d’activité doit «progresser de plus de 50 % d’ici 2020 et son bilan passer de 30 à près de 90 milliards d’euros ».
Dès l’annonce par le président de la République, le Mouvement des entreprises de France (Medef) s’est félicité que « la France se dote d’une véritable force de frappe dans le domaine du financement de projets à l’international et de l’aide publique au développement », notant au passage que « l’activité annuelle de l’AFD devrait passer de 8,5 à 12,5 milliards d’euros » et que « le bilan combiné de l’AFD et de la CDC s’élèvera à plus de 450 Md€, comparable à celui de la KfW (490 Md€) ». Lors de la présentation de ses vœux à la presse, le 11 janvier, le patron du Quai d’Orsay, Laurent Fabius, avait même affirmé que le nouvel ensemble « dépassera » l’institution financière allemande. A confirmer.
François Pargny
Pour prolonger :
–Aide au développement : François Hollande confirme le rapprochement AFD-CDC
–Financements/Export : les entreprises veulent tirer partie du rapprochement AFD /CDC pour faire évoluer la pratique de l’aide déliée