Le Moci. La perception et la maîtrise des risques se sont-elles améliorées en Afrique subsaharienne au cours de la période récente ?
Marthe Ekani Combet. L’Afrique subsaharienne connaît une meilleure vulgarisation et régulation du marché des assurances depuis ces dix dernières années. Sachant que la notion de risques peut être parfois très subjective, il reste encore un grand potentiel de matière assurable à explorer comme les lieux d’habitations par exemple. En effet, « risque » rime avec l’assurance qui est un moyen de protection par voie de transfert de la réalisation des vulnérabilités aux assureurs et réassureurs. Les filiales africaines des entreprises étrangères ont a priori l’avantage de bénéficier des politiques déjà mises en place par leurs maisons-mères, parfois suivant les exigences de leurs assureurs occidentaux ou du continent américain.
Le Moci. Quelle doit être à votre avis l’attitude des entreprises étrangères, et notamment françaises, dans ce domaine ?
M.E.C. Les entreprises doivent intégrer les principes déjà développés et expérimentés par ailleurs de gestion globale et maîtrise des risques, afin de bénéficier par anticipation des acquis existants sans avoir à attendre la survenance de catastrophes pour se mettre à y réfléchir. Le potentiel à gérer est, soit en phase de projet, soit en phase de croissance ou reste encore à explorer et développer. Les catastrophes majeures comme les périls naturels ne doivent pas être négligés, au contraire il faudra les anticiper.
Le Moci. Vous avez lancé le Forum AFRisques qui a rencontré un grand succès. De quoi s’agit-il ?
M.E.C. Le Forum AFrisques a été créé en 2009 pour pallier l’absence totale de plateforme de communication en matière de gestion et maîtrise des risques pour les entreprises et acteurs directement concernés du continent. AFRisques a pour vocation de servir aussi bien les entreprises que d’inciter à un meilleur respect de la réglementation pour les pouvoirs publics, d’apporter une meilleure organisation de la sécurité et de la sûreté pour les personnes et les biens… Les prochaines manifestations sont prévues à Abidjan en juin 2016, à Libreville au 2e semestre de 2016 et à Dakar en 2017. La manifestation aura lieu une fois par an dans chaque sous-région en changeant de pays lorsque cela s’avère réalisable.
Propos recueillis par Daniel Solano