« Dans Salon international de l’agriculture, il y a le i d’international et là il y des choses à faire », a estimé le ministre de l’Agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt, Stéphane Le Foll – qui a indiqué avoir lui-même envoyé une quarantaine d’invitations « dans le monde entier », notamment en Europe et en Afrique – à l’occasion de la présentation de l’édition 2016 du SIA organisé par Comexposium, entre le 27 février et le 6 mars, à Paris Porte de Versailles.
En 2015, sur un total de 700 000 visiteurs, le nombre d’étrangers a plafonné à 7 000. « Cette année, dans l’élevage, nous allons lancer une grande campagne de promotion dans l’ensemble de l’Union européenne et le bassin méditerranéen », a confié au Moci Jacques Goudeau, le directeur du Salon international de l’agriculture (SIA).
Création d’un forum international
Par ailleurs, un forum international autour du thème du salon « Agriculture et alimentation citoyennes » sera proposé la veille de l’ouverture du SIA. « Le i d’international n’est pas en retard. On ne court, d’ailleurs, pas après l’Allemagne, mais on court pour la France », a soutenu Jean-Luc Poulain (notre photo), qui préside le rendez-vous annuel à Paris et le Centre national des expositions et des concours agricoles (Ceneca). Parmi les thèmes des tables rondes dans le cadre de ce grand forum, ont été retenus les attentes des consommateurs dans le monde, la recherche et l’innovation, l’impact sur les territoires.
Dans l’Hexagone, deux salons spécialisés ont émergé, le Sommet de l’élevage (Clermont-Ferrand Cournon) et le Space (Rennes), mais aucun n’est généraliste comme l’évènement parisien. Même au niveau européen, la Semaine verte de Berlin reste très concentré, à l’instar du Salon professionnel international des techniques agricoles bio et alternatives Tech & Bio, petit salon français en développement à Valence, qui cherche à rapprocher les acteurs de l’agriculture conventionnelle et du bio. « Tous ces salons en région en France sont complémentaires avec le nôtre à Paris », a indiqué au Moci Benoît Tarche, commissaire général du Concours général agricole (2 400 animaux, 200 races) du SIA depuis février, après avoir dirigé pendant près de huit ans le pôle agroalimentaire de Business France.
Mise en place d’un accueil obligatoire pour les professionnels
Le SIA est un « grand rendez-vous populaire », a rappelé Jean-Luc Poulain, mais c’est aussi un salon professionnel « où on signe des contrats », a soutenu Jacques Goudeau. Parmi les 1 050 exposants qui ont été enregistrés lors de la dernière édition, les éleveurs viennent pour le concours général.
Ainsi, à la fois grand public et professionnel, le SIA, salon « mixte », se doit aussi de soigner l’aspect professionnel, sans lequel les éleveurs, notamment, ne se déplaceraient plus. D’où la volonté de mieux faire participer les milliers d’internautes, y compris des antipodes, qui suivent en direct chaque année le salon et, surtout, de mieux identifier l’ensemble des professionnels, avec la mise en place d’un accueil obligatoire sur le pavillon 1, en sus du Club d’affaires international dont l’objectif est de faciliter les rencontres. Selon Stéphane Le Foll, le Salon international de l’agriculture « doit rester le rendez-vous du présent et de l’avenir », faisant ainsi allusion à la crise agricole qui touche les marchés en Europe et dans le monde.
Une crise profonde, notamment dans l’élevage
La veille, en dressant devant la presse le bilan du plan de soutien français à l’élevage, le ministre rappelait qu’il avait estimé au départ à 25 000 le nombre d’exploitations en difficulté et qu’à ce jour 34 000 à 35 000 dossiers d’aides étaient déposés. Quant au volet export de ce plan, Stéphane Le Foll reconnaissait que la présence récente dans l’Hexagone de la fièvre catarrhale ovine (FCO) et la grippe aviaire rendait compliquée l’ouverture des marchés extérieurs.
Le ministre a encore insisté sur la nécessité pour les producteurs de bénéficier de la valeur ajoutée qui est créée dans le secteur, les gains de compétitivité ayant jusqu’à présent, a-t-il soutenu, bénéficié aux acteurs de l’aval, du machinisme agricole et des engrais notamment. « C’est positif, dans la mesure où de l’emploi est créé, de l’innovation est développée et de la valeur ajoutée est générée », mais, selon lui, « on est au bout de ce système » et il faut « se mettre autour de la table pour trouver des solutions » et « mieux organiser les filières ». Autant de sujets qui devraient, espère-t-il, faire l’objet de réflexions lors du SIA 2016.
François Pargny