Le « Port au parfum » demeure l’une des places internationales les plus dynamiques, exploitant son atout de « super-connecteur » entre la Chine continentale et le reste du monde. Au cœur de l’internationalisation du renminbi, Hong Kong participe à la construction de la nouvelle route de la soie chinoise, mais aussi à l’expansion des technologies de la finance.
Plus que jamais, Hong Kong s’active pour renforcer ses atouts de place internationale, affirmer, selon les termes du chef de l’exécutif, CY Leung (Leung Chun-ying), son rôle de super-connecteur (« Super-connector ») entre la Chine et le reste du monde et vice et versa. Multiplier les connexions financières autant que commerciales en y associant des services, de la logistique ou des moyens de communications, se positionner comme le point d’ancrage asiatique incontournable de l’économie moderne et mondialisée, telle est la stratégie du « Port au parfum ».
Cette quête énergique d’un nouvel élan vient sans conteste de la capacité de rebond, en tout temps, des Hongkongais, confrontés aujourd’hui à la décélération de la croissance d’activité de deux des piliers de leur économie. Il s’agit des exportations de marchandises – le commerce et la logistique représentent 23,9 % du produit intérieur brut (PIB) de Hong Kong – et du tourisme (5 % du PIB). Plus enclins désormais à visiter d’autres pays du monde, les touristes de Chine continentale affluent moins à Hong Kong. Ils y ont en outre diminué leurs dépenses, surtout dans les produits de luxe, restreintes par la poursuite de la campagne nationale anti-corruption. Au deuxième trimestre 2015 par exemple, la production nette provenant des services d’hébergement (hôtels, maisons d’hôtes, etc.) et de restauration a baissé de 1,1 % en termes réels par rapport au deuxième trimestre 2014.
Les exportations de marchandises ont, quant à elles, reculé de 1,5 % entre janvier et septembre 2015 par rapport à la période correspondante de 2014. Celles-ci « devraient rester sans relief tout au long de l’année, tandis que l’environnement du commerce mondial demeure morose, » estime le département Recherche du Hong Kong Trade Development Council (HKTDC). Cette évolution ne doit pas être entièrement mise sur le compte de la conjoncture internationale. Une partie de cette tendance est d’ordre structurel, liée à la transformation du premier partenaire commercial de Hong Kong, à savoir la Chine (qui a importé entre janvier et avril 2015 près de six fois plus en valeur de produits hongkongais que les États-Unis ou que l’Union européenne, soit 54 % des exportations de Hong Kong). Si la modernisation de l’économie de l’Empire du Milieu s’effectue à la faveur de l’expansion du secteur tertiaire et d’une montée en gamme industrielle, elle s’opère, en revanche, au détriment des importations de matières premières, des produits de base ou à faible valeur ajoutée. Une donne à laquelle les exportateurs du « Port au parfum » doivent s’adapter.
Cette réorientation ne signifie pas pour autant que la présence économique chinoise perd de son intensité sur le sol hongkongais. Hors paradis fiscaux, la Chine constitue la première source d’investissements directs de Hong Kong avec 31,9 % du total de son stock, soit 428 milliards de dollars (USD), à comparer à 3,3 % pour les États-Unis. Selon l’UNCTAD (United Nations Conference on Trade and Development), le « Port au parfum » est d’ailleurs devenu, en 2014, la deuxième terre d’accueil mondiale des investissements directs étrangers (IDE) avec 103 milliards USD, devant les États-Unis.
En contrepartie, Hong Kong reste la première source d’IDE pour la Chine continentale (49,3 % des apports de capitaux cumulatifs utilisés, soit 745,9 milliards USD). À la fin de l’année dernière, 44,5 % des projets financés par l’étranger, approuvés en Chine continentale, étaient liés à des intérêts hongkongais.
Cette imbrication d’intérêts est plus prégnante encore dans les services financiers de la Région administrative spéciale de la République populaire de Chine (correspondant à 16,5 % de son PIB). Fin février 2015, 11 banques et 5 bureaux de représentation de grandes banques chinoises opéraient sur le territoire hongkongais. Surtout, fin octobre, 927 entreprises chinoises privées étaient cotées à Hong Kong (correspondant à 62,2 % de sa capitalisation boursière), à comparer à 876 fin 2014 (représentant 60 % de la capitalisation boursière).
Comment expliquer un tel phénomène ? Le rôle majeur de Hong Kong dans l’ouverture des marchés de capitaux chinois. L’une des illustrations de cette position unique est le lancement avec succès, le 17 novembre 2014, du Shanghai-Hong Kong Connect, la liaison directe entre les Bourses de Hong Kong et de Shanghai. La connexion avec Shenzhen, quant à elle, devrait voir le jour en 2016. Sans oublier la reconnaissance mutuelle des fonds (« The Mainland-Hong Kong Mutual Recognition of Funds ») en vigueur depuis le premier juillet 2015 permettant aux sociétés de gestion qualifiées de vendre leurs fonds domiciliés à Hong Kong en Chine et vice et versa.
Ces initiatives ont toutes en commun d’accélérer l’internationalisation du renminbi, dont Hong Kong est la clé de voûte. N’est-ce pas « le Port au parfum » qui a bénéficié en premier, dès 2011, d’un « Renminbi Qualified Foreign Institutional Investor » (RQFII), un programme autorisant, sous réserve de quotas d’accréditation, les investisseurs étrangers à réinvestir du renminbi « offshore » (CNH) sur les marchés financiers de Chine continentale. Avec 93 licenciés (atteignant 270 milliards de yuans environ), le « RQFII » de Hong Kong est plein depuis septembre 2014 et plusieurs grands investisseurs espèrent que Pékin procédera à son élargissement.
Il n’empêche, Hong Kong est devenu de loin le premier centre mondial de CNH, avec en dépôt l’équivalent de 153,9 milliards USD (à fin août 2015). Vecteur de l’internationalisation du renminbi, facilitateur de connexions entre la Chine et les autres pays du monde, Hong Kong détient tous les atouts pour épauler la construction du réseau chinois « Une Ceinture, une Route » (« One Belt, One Road », OBOR) traversant 65 pays et régions. La « Route maritime » de la soie du XXIe siècle suit un itinéraire passant par le détroit de Malacca jusqu’à l’Inde, le Moyen-Orient, puis l’Afrique de l’Est. La « Ceinture économique » terrestre doit relier la Chine à l’Europe via l’Asie Centrale et de l’Ouest.
Fort de la présence sur son sol de tous les grands acteurs financiers internationaux, Hong Kong sait « organiser la coordination lors des syndications à réaliser aux côtés des financements en partenariats publics-privés (PPP) des colossaux projets d’infrastructure à entreprendre. Forts d’une longue expérience des PPP, nous pouvons apporter tous les services nécessaires, de financement, de couverture du risque, de conseil, de « due diligence », de comptabilité, de droit des affaires, etc. » commente Pansy Yau, directrice adjointe de HKTDC Research.
L’un des autres débouchés d’avenir de Hong Kong, qui fait le bonheur des « startups » (+ 46 % lors des dix derniers mois !), est la technologie de la finance, dite « FinTech ». « Hong Kong a tous les ingrédients pour devenir une plate-forme « FinTech » et des technologies de l’internet de premier plan, » indique Charles Ng, directeur adjoint (« associate director »), en charge des Services financiers chez InvestHK. Non seulement en tant que centre financier international, mais en accueillant « toutes les grandes plateformes chinoises de commerces électroniques (Alibaba, Taobao, JD.com, etc.). Cette proximité exceptionnelle favorise la multiplication des partenariats, et par conséquent, la promotion rapide des marques de l’Ouest en Chine, le plus grand marché au monde de « l’e-commerce », expose Charles Ng. À Hong Kong, les occasions de s’épanouir sont toujours pléthore.
Edwige Murguet, à Hong Kong
Chiffres clés 2015
Superficie : 1 104 km2
Population estimée : 7,3 millions d’habitants
Produit intérieur (PIB) estimé : entre 296,4 et 302,2 milliards dollars USD
PIB par habitant estimé : entre 40 600 et 41 400 dollars US
Croissance économique estimée : entre + 2 et + 3 %
Inflation (*) : +3,3 %. Chômage (*) : 3,3 %
Exportations (*) : 341,4 milliards USD
Importations (*) : 384 milliards USD
Exportations (*) : 65,5 milliards USD
Importations (*) : 61,7 milliards USD
Importations en provenance de France (*) : 4, 35 milliards d’euros
Exportations vers la France (*) : 615 millions d’euros
(*) janvier-septembre – Source : HKTDC, sauf commerce avec la France GTA/GTIS