Après avoir renoué avec la croissance dès 2013 (+1,3 % en volume, contre -1,2 % en 2012), avec une accélération très marquée en 2014 (+2,9 % en volume), la production de l’industrie chimique en France marque le pas, selon les données des sept premiers mois de l’année 2015. « À fin juillet, nos volumes sont en recul de 1,4 % par rapport aux sept premiers mois de l’année 2014 », a ainsi annoncé Philippe Gœbel, président de l’Union des industries chimiques (UIC), le 29 septembre, lors d’un point presse.
Un ralentissement qui peut s’expliquer par « une demande domestique qui n’est pas toujours très dynamique », a-t-il précisé, rappelant au passage que le seul secteur industriel «croissant » était l’automobile, le secteur du bâtiment continuant d’être en négatif.
Bonnes tenues des exportations
L’industrie chimique tricolore fait également face à « des importations en volume qui ont progressé de façon tout à fait significative sur les sept premiers mois », a souligné le président de l’UIC. Cependant cette hausse des achats est compensée par une demande extérieure soutenue, qui bénéficie des effets de change, en particulier de la baisse de l’euro face au dollar. « Nous avons constaté sur les sept premiers mois de l’année une progression de nos volumes d’exportations vers nos marchés en zone dollar », a ainsi commenté Philippe Gœbel.
Au cours de la période, les exportations ont été tirées par les spécialités chimiques (peintures, vernis, explosifs, huiles essentielles, produits phytopharmaceutiques…) et le secteur des savons, parfums et produits d’entretien dont la performance à l’export est stimulée par les parfums et produits cosmétiques.
Et en valeur, les échanges de la branche chimie restent excédentaires. Le solde commercial s’est amélioré pour atteindre en juillet 2015 « un niveau record de 5,1 milliards d’euros », soit une hausse de 500 millions d’euros par rapport à la même période en 2014.
Mais en dépit de facteurs exogènes favorables – baisse des prix du pétrole et dépréciation de l’euro – la croissance, en volume, de la filière devrait être modérée en 2015 et varier selon les secteurs. La chimie minérale affichera le plus fort recul (- 2 %) du fait notamment des retards de livraisons d’engrais au printemps, engendrés par des conditions climatiques défavorables. Profitant d’un regain des exportations, la production de spécialités chimiques devrait, au contraire, croître de 1,2 %.
Au total, l’UIC a révisé à la baisse ses prévisions de croissance à +0,5 % pour l’ensemble de l’année 2015, contre 2 % initialement projetée. Toutefois, a nuancé Philippe Gœbel, « grâce à son caractère exportateur et grâce à son caractère innovateur, l’industrie de la chimie devrait pouvoir continuer à progresser dans les mois qui viennent ».
L’industrie chimique tricolore se mobilise en faveur du climat
Organisé à deux mois de la tenue à Paris de la Conférence sur le climat COP21, ce point presse a été aussi l’occasion d’aborder la place de l’industrie chimique française dans la lutte contre le changement climatique. Encore très fortement dépendante des matières premières fossiles, l’industrie de la chimie cherche à réduire ses émissions, par exemple, en ayant recours à des solutions de mix énergétiques.
En 1990, la chimie française était responsable de l’émission de 50 millions de tonnes de gaz à effet de serre (contre 557 millions de tonnes pour l’échelle nationale). En 2012, la filière émettait 24 millions de tonnes de gaz à effet de serre, tandis que les émissions totales de la France atteignaient 489 millions de tonnes. Le secteur a ainsi réduit de moitié ses émissions sur la période 1990-2012. À elle seule, l’industrie chimique représente 40 % de la baisse des émissions réalisée par la France, a informé l’Union. « On va continuer à travailler sur notre efficacité énergétique », a affirmé son président avant de conclure : « On a un impératif de compétitivité qui va avec un impératif de réduction de l’empreinte environnementale ».
Venice Affre