Le 3 septembre à 16 heures, le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) ouvrira la première réunion de rentrée avec Unifrance et TVF International (TVFI), les deux associations de promotion à l’export qu’il finance (à hauteur de 75 % pour Unifrance et 45 % pour TVFI), la première pour le cinéma et la seconde pour l’audiovisuel. A cette occasion, le clap de la reprise des discussions autour du projet de fusion entre ces deux organisations sera donné. « Jusqu’à présent, le CNC n’a pas pris position officiellement », affirme à la Lettre confidentielle un bon observateur de ce secteur. Et le scénario est à écrire.
En décembre 2014, Frédérique Bredin, présidente du CNC relevant du ministère de la Culture, avait confié à Roch-Olivier Maistre, conseiller maître à la Cour des comptes, le soin d’examiner un tel rapprochement. Le rapport que ce dernier avait remis était favorable à la fusion, à condition que les moyens financiers soient accrus. Or, dans les deux camps, tant du côté du cinéma que de l’audiovisuel, les professionnels ne sont pas très chauds. « Par esprit de chapelle, sans doute. Mais aussi parce que le cinéma entretient un complexe de supériorité et l’audiovisuel un complexe d’infériorité », observe l’interlocuteur de la LC.
Entre complexes de supériorité et d’infériorité…
Le cinéma de l’Hexagone est le deuxième au monde, et les pouvoirs publics ne manquent jamais une occasion de le rappeler. A côté, l’audiovisuel est tout petit, et se sent tout petit, même si ses performances à l’international sont très positives. D’après certaines indiscrétions, en 2014, il aurait enregistré une « croissance à deux chiffres de ses ventes à l’étranger », grâce, notamment, à une « hausse supérieure à la moyenne des exportations de programmes de fiction ». TVFI dressera le bilan du secteur à l’export, avec le CNC, à l’occasion du « Rendez-vous », l’événement international annuel du marché des programmes français, qui devrait réunir du 6 au 9 septembre à Biarritz 68 exposants français et 272 professionnels étrangers.
Le fait qu’Isabelle Giordano, la présidente d’Unifrance, ait été choisie par le secrétariat au Commerce extérieur comme fédératrice de la famille de produits prioritaire « mieux se divertir, mieux se cultiver » n’arrange rien. « Ce n’est pas Isabelle Giordano en tant que telle qui est contestée. C’est une grande communicante et une personne de talent. Mais c’est encore le cinéma qui est mis en avant. Par ailleurs, le livre, la mode, le jeu vidéo ou la musique ne semblent pas dans leur ensemble très enthousiastes, jugeant difficile de mutualiser des métiers de création aussi divers autour d’initiatives concrètes », délivre un opérateur du secteur.
Des projets communs comme alternative à la fusion
En ce qui concerne le cinéma et l’audiovisuel, dans les deux secteurs, on fait valoir que le fonctionnement d’Unifrance et de TVFI divergent, tant s’agissant « des prestations, des modes opératoires, des systèmes de cotisation ou de facturation ». Ce qui ne devrait pas, pour autant, freiner l’État qui, en période d’économie généralisée, veut concentrer les efforts et les organismes et assurer une meilleure efficacité des aides apportées.
Si le CNC n’a pas pris encore de décision sur le projet de fusion, cela n’empêche pas les conversations informelles. Le rapport de Roch-Olivier Maistre insistait sur deux points communs particulièrement forts entre le cinéma et l’audiovisuel : des exportateurs qui sont parfois les mêmes ; et un métier semblable pour les deux associations qui en assurent la promotion, à savoir le soutien à la vente dans les grands festivals et expositions de la planète.
L’État pourrait donc imposer la fusion pure et simple. Mais le CNC pourrait aussi choisir de contourner les obstacles en proposant une alternative : en l’occurrence, inviter Unifrance et TVFI à mener des initiatives conjointes hors de l’Hexagone. Solution qui permettrait d’avancer rapidement. Mais se poserait alors la question du financement. L’État serait-il prêt à dégager une enveloppe spéciale ou faudrait-il prendre sur les budgets existants des deux organisations de promotion ? Et s’il s’agissait d’argent frais additionnel, serait-il vraiment versé dans une enveloppe dédiée ou, alors l’État et le CNC choisiraient-ils d’augmenter les subventions ? Le scénario n’est pas encore écrit et le film des évènements reste à tourner.
François Pargny