Opportunité pour les exportateurs, mais prudence sur les risques de crédit. Dans une étude sur les conséquences de la levée par La Turquie d’une taxe de 6 % appliquée sur les biens importés, l’assureur-crédit Euler Hermes évalue à 20,2 milliards de dollars l’augmentation des achats à l’étranger qui en découlera en 2015 et 2016 tout en recommandant la vigilance face aux risques de crédit sur les opérateurs turcs.
Cette taxe, dénommée RUSF (Resource Utilisation Support Fund), a été levée le 15 avril dernier par les autorités turques, réduisant le coût des biens importés sur le marché. Toutefois, si « la Turquie est un marché en croissance intéressant pour les entreprises françaises », Ludovic Subran, le chef économiste d’Euler Hermes, estime aussi que « la vigilance reste de mise dans un pays où le risque de non-paiement devrait croître de + 10 % cette année, pesant donc sur les probabilités de défaillances de ses partenaires commerciaux ».
La France, pas la mieux placée pour en profiter
Reste que le marché est très concurrentiel et la France devra pour sa part redoubler d’efforts pour s’octroyer une part du nouveau gâteau, face, notamment, à la Russie, la Chine et l’Allemagne qui détiennent ensemble 20 % de part de marché et devraient capter la plus grosse partie de la mane.
Euler Hermes prévoit ainsi que la France devrait pouvoir récolter 680 millions de dollars d’importations additionnelles de la Turquie en 2015-2016, ce qui serait trois fois moins que l’Allemagne et la situerait au septième rang des bénéficiaires. La première puissance économique européenne, avec un gain de 1,87 milliard de dollars, serait devancée par la Chine et la Russie, qui capteraient respectivement 2,08 et 2,11 milliards de dollars. Les États-Unis, l’Italie et l’Iran se placeraient aussi avant l’Hexagone, en captant respectivement1,06 milliard, 1,02 milliard et 820 millions de dollars de nouveaux flux turcs.
Les principaux secteurs bénéficiant de la fin de la RUSF sont l’agriculture, le textile, les métaux, la chimie de base, le transport et les équipements pour les véhicules, les machines et l’électronique. Ou encore des produits comme les vaccins ou les adhésifs. A noter que l’impact bénéfique sur le PIB (produit intérieur brut) turc de l’arrêt de cette mesure protectionniste devrait être relativement faible, selon Euler Hermes : + 0,1 % cette année, + 0,2 % l’exercice suivant. La croissance économique de la Turquie passerait ainsi à 3 % en 2015 et 4 % en 2016, malgré une poussée de l’export et de l’investissement du pays. Les importations seraient pour leur part dopées par la disparition de la taxe : leur progression était anticipée à un taux de + 2 % avant la disparition de la RUSF; cette prévision est aujourd’hui de + 4,4 % en 2015 et de + 4,5 % à + 8,3 % l’an prochain.
F.P
Pour en savoir plus :
Consultez l’étude d’Euler Hermes dans le document attaché à cet article.