La salle de conférence de l’Ifri (Institut français des relations internationales) à Paris était un peu clairsemée, le 24 juin, pour la présentation de la première enquête sur « les perspectives des entreprises françaises en Allemagne », réalisée par la Chambre de commerce et d’industrie française en Allemagne (CCFA) avec la section locale des Conseillers du commerce extérieur de la France (CCEF). Dommage, car « ce recensement auquel ont répondu 1 300 filiales de sociétés françaises entre octobre 2014 et avril 2015 », a précisé le président de la CCFA, Amand Rufin, a permis de mettre en valeur le rôle, rarement évoqué, de plateforme internationale que constitue l’Allemagne pour l’appareil exportateur français.
De fait, 58 % des entreprises interrogées réalisent plus de 20 % de leurs chiffres d’affaires à l’export à partir ce de pays voisin de la France et 34 % plus de 50 %, « ce qui prouve que l’Allemagne est un marché de redistribution notamment vers les Peco », a commenté Gilles Untereiner, directeur général de la CCFA, selon lequel « l’Allemagne représente 35 % du commerce extérieur de la Pologne et 40 % de la Tchéquie ».
Le label Made in Germany, tremplin pour l’international
Quelque 89 % des filiales françaises ont également indiqué opérer directement dans les pays voisins, 15 % dans plus de six et 9 % dans plus de dix. « L’Allemagne est effectivement une base de réexportation sur les pays de l’Est et le monde germanique », a renchéri Alain Bentejac, le président du Comité national des CCEF, qui a rappelé que réussir en Allemagne est vu comme « un gage de qualité », un atout « pour le produit, pour le service » qui permet ensuite « d’aller sur d’autres marchés ».
Le label Made in Germany, tremplin pour l’international, a aussi été mis en valeur par René Lasserre, qui dirige le Centre d’information et de recherche sur l’Allemagne contemporaine (Cirac). Selon le patron du Cirac, « on n’est pas forcé d’aller en Allemagne pour des produits finis. On peut y transformer », notamment « parce qu’il y a sur place beaucoup de sous-traitance ». Au demeurant, a-t-il remarqué, « la dynamique des investissements français en Allemagne reprend », un mouvement particulièrement sensible en Bavière, où « la R et D se développe vite ».
D’après un recensement de la CCFA à partir de la base de données Orbis, la France se situe au 7e rang en nombre de filiales outre-Rhin, avec 4 240 sociétés à majorité de capital tricolore. Mais l’an dernier, l’institut allemand Standortmarketinggesellschaft GTAI classait la France au quatrième rang des pays investisseurs, avec 77 projets, derrière la Chine (190 projets), les États-Unis (168) et la Suisse (130).
François Pargny