Vent de panique en ce début de matinée du 17 juin, au Conseil économique, social et environnemental (CESE), alors que l’édition 2015 du salon Planète PME, qui s’y est installé pour deux jours, doit ouvrir ses portes. Les files d’attentes s’allongent, une délégation d’entreprises chinoises se prend en photo devant le Palais d’Iéna, les exposants entrent au compte-goutte. C’est que le président de la République, François Hollande, y est confirmé pour le soir-même, en clôture aux côté de François Asselin, le nouveau président de la CGPME et la sécurité de l’Elysée a débarqué pour passer le bâtiment au peigne fin. Alors que son Premier ministre vient de faire passer en force la Loi Macron, censée simplifier la vie aux entrepreneurs et les encourager à investir et embaucher, enfin, les PME sont choyées…
Heureuse victime de son succès, Planète PME accueillera cette année non seulement le chef de l’Etat, mais aussi des membres du gouvernement dont Emmanuel Macron, le ministre de l’Economie, et Axelle Lemaire, sa secrétaire d’Etat chargée du Numérique. Mais c’est le secrétaire d’Etat au Commerce extérieur, Matthias Fekl (notre photo), qui a été le premier dans les lieux pour l’inauguration avant la première plénière consacrée au thème « PME au coeur de la mondialisation ».
Les autres leviers de la compétitivité : réactivité, volonté, service, innovation, financements…
Les thématiques de l’international et de l’innovation devaient tenir une bonne place cette année, alors que la nouvelle présidence de la CGPME semble décidée à moderniser le discours et les actions d’une institution dont les membres sont en grande majorité réputés méfiants vis à vis de la mondialisation, pour ne pas dire plutôt « protectionnistes ». Signe des temps, le forum de recrutement des volontaires internationaux en entreprises (VIE), qu’organise Business France, a vu une sensible augmentation des entreprises inscrites : 36 au lieu de 25 l’an dernier, plus une dizaine « hors Forum », ont pris rendez-vous cette année avec quelque 170 jeunes VIE avec, sur la table, 50 missions à prendre.
Sur l’international, le nouveau ton a été donné lors de la plénière d’ouverture, par François Turcas, le nouveau vice-président de la CGPME chargé de l’international, un chef d’entreprise venu de Rhône-Alpes, où il fait partie des acteurs majeurs de l’écosystème régional du soutien à l’export en tant que président de la CGPME Rhône-Alpes. Un homme qui a pris les chemins de l’export depuis longtemps. Son entreprise, Labaronne Citaf, une PMI de 50 personnes spécialisée dans les citernes, réservoirs et cuves souples, réalise 47 % de son chiffre d’affaires à l’export dans 50 pays et l’une de ses récentes conquêtes a été un contrat de 400 citernes pour la Mongolie.
Lors de la plénière d’ouverture, dont le thème était axé sur les autres leviers que la compétitivité prix, François Turcas n’a pas hésité à rompre avec les discours traditionnels du patronat sur le poids des charges et des coûts, souvent présenté comme le principal handicap en matière de compétitivité. Répondant à une question sur les principaux atouts à l’export, il a écarté les coûts et les prix : « Nos principaux atouts, c’est la réactivité et la volonté d’y aller, ensuite, il y a le service », a-t-il notamment estimé, « c’est notre volonté de communiquer et de prendre de la culture des autres ». Si seulement 117000 entreprises exportent en France, et que l’Hexagone ne compte que 4000 ETI contre le triple en Allemagne et plus du double en Italie, « c’est la faute aux patrons ».
Les coûts entrent certes en ligne de compte, mais « quand le patron décide d’aller voir ailleurs, ce n’est pas les coûts qui vont l’arrêter », a encore indiqué le vice-président de la CGPME, rappelant « que les concurrents ne sont pas forcément moins chers, à l’instar des Allemands ». Et d’indiquer que dans sa nouvelle fonction à la CGPME, il comptait s’atteler à la tâche d’ouvrir ses pairs sur l’international, de les « y emmener », « avec notre force de conviction ».
Ce n’est pas Bertin Nahum, président fondateur de Medtech, également présent à la conférence, qui l’a contredit. Sa société high tech basée à Montpellier, qui a reçu de nombreuses distinctions, est spécialisée dans les robots chirurgicaux pour le cerveau et la colonne vertébrale et son activité est tournée à 90 % vers les marchés étrangers pour des machines qui coûtent 400 000 euros pièce. « Notre sujet, ce n’est pas le coût, nous faisons 70 % de marge brute sur chaque produit, a indiqué Bertin Nahum. Notre sujet c’est gagner la bataille de l’innovation et imposer nos technologies ». Et dans cette bataille, c’est moins les coûts que les financements à long terme, qui sont l’enjeu…
Christine Gilguy