Les chercheurs français étaient à l’honneur au « Prix de l’inventeur européen 2015 » organisé par l’Office européen des brevets (OEB), lors d’une cérémonie qui s’est déroulée, le 11 juin, à Paris, dans l’enceinte du palais Brongniart. Décerné pour la dixième année consécutive, le prestigieux prix annuel honore les scientifiques et ingénieurs, dont les inventions ont contribué au progrès technologique et social, ainsi qu’à la croissance économique.
Dans la catégorie Industrie, le Français Philippe Maugars a été récompensé avec son co-équipier l’Autrichien Franz Amtmann pour avoir développé la technologie de communications en champ proche « Near Field Communication » (NFC), une méthode sécurisée de transfert de données entre deux unités mobiles. Les smartphones, les cartes de paiement et les montres intelligentes sont dotés de cette technologie rapide et sécurisée, permettant le paiement sans contact, l’accès aux zones protégées ou la gestion des stocks. Avec l’entrée dans ce secteur de géants, comme l’américain Apple, le marché de la NFC devrait connaître une croissance annuelle estimée à 43,7 % d’ici 2019.
Dans la catégorie Recherche, un autre chercheur français a été récompensé : Ludwik Leibler, chercheur au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) d’origine polonaise. Ce dernier a été sélectionné par l’OEB pour avoir inventé le « vitrimère », un matériau révolutionnaire façonnable à volonté, combinant la solidité de plastiques thermoformés à la malléabilité du verre chauffé. Son invention a suscité l’intérêt de nombreux secteurs, car ce nouveau plastique peut être facilement réparé en étant chauffé. Il est donc recyclable. Les vitrimères peuvent même être soudés comme du métal, permettant de créer des structures complexes trop difficiles et onéreuses à réaliser par moulage.
« La forte présence française à l’édition 2015 du Prix de l’inventeur européen reflète la diversité des secteurs et des inventions, et démontre l’importance des investissements dans la recherche et le développement en France », a déclaré Benoît Battistelli, président de l’OEB.
Rappelons également que les dépôts français de brevets ont augmenté de 4 % l’année dernière à 12 900 unités, contre une moyenne européenne de 1,2 % (voir notre article). Cette performance vaut à la France de consolider sa 6ème place auprès de l’OEB, avec 5 % du total des demandes de brevets européens.
L’institution européenne, dont le siège se situe à Munich, récompense des chercheurs pour leurs inventions révolutionnaires dans le secteur des sciences de la vie, l’électronique, la chimie industrielle, la technologie médicale et la science des matériaux. Les autres lauréats de l’édition 2015 sont :
Le Suisse Andreas Manz, qui a reçu le prestigieux prix Œuvre d’une vie pour son invention du « laboratoire sur puce ». Ce procédé permet de réaliser des travaux de laboratoire en miniature, avec des résultats disponibles en quelques secondes. Les technologies s’appuyant sur l’invention d’Andreas Manz sont utilisées dans le monde entier dans les laboratoires pour l’étude génétique et l’analyse cellulaire ou pour des instruments de mesure du taux de glucose destinés aux diabétiques.
Dans la catégorie de prix Petites et moyennes entreprises, la Néerlandaise Laura van’t Veer a été récompensée pour avoir développé un test génétique des tissus qui permet aux femmes atteintes d’un cancer du sein au stade précoce d’obtenir un diagnostic fiable sur le risque de rechute ou les chances de guérison sans chimiothérapie.
Dans la catégorie Pays non-européens, les Japonnais Sumio Iijima, Akira Koshio et Masako Yudasaka ont reçu le prix pour avoir mis au point des nanotubes rendant les ordinateurs plus rapides, les modules solaires plus efficaces et les pièces de l’industrie aéronautique plus solides.
Enfin, le Prix populaire a été décerné à l’Australien Ian Frazer et son défunt collègue Jian Zhou (Chine) pour le développement du premier vaccin contre le cancer du col de l’utérus.
« L’inventivité et la créativité des lauréats illustre le rôle de l’Europe en tant que première région dédiée à la technologie pour les inventeurs du monde entier. Le système européen de brevets apporte les conditions appropriées aux chercheurs voulant protéger leur invention dans 38 pays membres », a souligné Benoît Battistelli.
Venice Affre