Comme le constate l’assureur crédit export Coface dans une note intitulée « Et si la Grèce
sortait de la zone euro… ? », aujourd’hui, la sortie de la Grèce de la zone euro n’est plus un sujet tabou. La probabilité de ce scénario est estimée « inférieure à 50 % » selon Coface et à 60 % par les grandes banques
d’affaires en Grèce (voir fichier attaché ci-joint).
Contrairement
à l’image d’Épinal d’un pays exclusivement exportateur de produits agricoles,
la République hellénique possède une base industrielle (mazout, fuel,
aluminium, fer-fonte-acier…), comme l’explique Le Moci, dans son magazine à
paraître le 24 mai prochain (n° 1915). Toutefois,
cette base est insuffisante pour justifier une dévaluation de la monnaie
nationale, la drachme, qui accompagnerait la sortie de la zone euro.
« Les
produits raffinés, explique un observateur attentif à Athènes, répondent à une
logique de groupes. La Grèce possède, en effet, une capacité de raffinage
disponible, mais rien n’est plus aléatoire que les échanges de ce type de
produits, surtout dans un contexte de baisse de la consommation
intérieure ». Certes, ce pays peut aussi rebondir dans l’électronique,
secteur lié au complexe militaro-industriel, « mais c’est marginal »,
affirme-t-il. De même, selon cet expert, il ne faut pas non plus s’attendre à
une forte poussée des exportations, en cas de dévaluation, dans les minerais
et, notamment, la bauxite.
Finalement,
la Grèce est une petite économie peu diversifiée. Coface pense, toutefois, que
le matériel de transport, la confection et l’agroalimentaire pourraient en
profiter. « Il est certain qu’une dévaluation permettrait de réduire la
facture des importations alimentaires. La Grèce achète jusqu’à des légumes
venant des Pays-Bas », commente l’interlocuteur de moci.com. Depuis deux
ans, la consommation domestique s’effondre, ce qui explique la réduction
sensible du des importations de marchandises. Il n’en reste pas moins que la
balance commerciale demeure structurellement déficitaire et qu’une dévaluation
renchérissant le prix des importations les pertes liées à une dévaluation
seraient plus fortes que les gains apportés par de nouvelles exportations.
La France, 9ème pays client de la Grèce
D’après la
base de données GTA/GTIS, qui reprend les chiffres des Douanes grecques, l’an
dernier, la France était le neuvième pays client de la République hellénique,
avec des importations de l’ordre de 650 millions d’euros, et son sixième pays
fournisseur, avec des exportations de 2,2 milliards d’euros, représentant une
part de marché légèrement supérieure à 5 %.
L’Italie
était devenue le premier débouché extérieur de la Grèce, avec une hausse de ses
achats de 20,3 %, au détriment de l’Allemagne (- 1,9 %). L’aluminium
représentait plus de 31 % de ses importations, contre 13 % pour l’Allemagne. La
Turquie a dépassé Chypre comme troisième pays client, talonnant ainsi
l’Allemagne, avec un boom de ses importations de 104,2 %. En valeur absolue,
les ventes de la Grèce à l’Italie, l’Allemagne, la Turquie et Chypre se sont
élevées respectivement l’an dernier à 2,1 milliards d’euros, 1,76 milliard,
1,75 milliard et 1,4 milliard.
Les achats
turcs de combustibles-minéraux-huiles-matières bitumeuses ont explosé en 2011 de
1 131 %. Avec un montant de 1 milliard d’euros, ils constituaient ainsi
16,5 % du total des importations de la Turquie en provenance de Grèce. Quant à
Chypre, ce pays a accru de 108 % ses fournitures dans ce domaine en provenance
de la République hellénique. Avec un montant de 319 millions d’euros, ce poste
représentait 4,9 % du total des exportations de la Grèce vers Chypre.
Comme
d’autres pays européens, la France est préoccupée par l’avenir de ses banques,
dont l’exposition à la dette souveraine grecque est forte. Plombé par sa
filiale Emporiki, Crédit Agricole est particulièrement concerné.
Mais pour elle, les échanges de marchandises constituent aussi enjeu commercial
considérable. En effet, d’après les Douanes françaises, la France a connu avec
la Grèce un excédent commercial de près de 1,9 milliard d’euros en 2011. Après
le Royaume-Uni, Hong Kong, l’Australie et les Émirats Arabes Unis, la
République hellénique lui a ainsi offert son cinquième solde positif dans le
monde.
François Pargny
Pour en savoir plus:
Consulter
1 La fiche pays sur la Grèce du MOCI.
2 Le GPS
Business du MOCI. Tapez « Grèce » dans l’onglet
« Où ? » pour accéder à toute une série d’actualités, de
dossiers d’informations, de listes de salons, règlementations, sites de
références, d’appels d’offres et d’experts du MOCI Club.
3 Le
fichier joint « Étude de Coface : Et si la Grèce sortait de la zone
euro… ? ».