Faut-il
croire le Fonds monétaire international (FMI) quand il prévoit une
« reprise modérée » de l’activité en Bulgarie en 2013 ? Dans un
communiqué du 10 mai, faisant suite à une mission à Sofia entre le 2 et le 9
mai, le FMI
estime que le Produit intérieur brut (PIB) devrait croître de 0,8 % en 2012 et
1,5 % l’année suivante. Toutefois, comme cet État d’Europe orientale réalise
les deux tiers de ses exportations dans l’Union européenne (UE), ses
projections ne seraient valables que si la
zone euro recouvrait une meilleure santé.
Plus
important encore pour l’institution internationale, la Bulgarie doit absolument
améliorer sa capacité d’absorption des fonds européens. Dans la lettre Balkans
Europe de février 2012, le Service économique régional (SER)
basé à Sofia note que ce pays d’Europe du sud-est figure dans ce domaine en queue du peloton des Vingt Sept.
De façon précise, alors qu’il bénéficie pour la période 2007-2013 de fonds
structurels et de cohésion, d’un montant global supérieur à huit milliards
d’euros, cet État, qui a adhéré à l’UE en 2007, affichait un taux d’engagement de
seulement 19 % au 31 janvier 2012.
Sofia
avait, toutefois, engagé des réformes, ce qui avait permis d’améliorer ce taux
de neuf points en un an. Pour 2012 et 2013, le gouvernement s’est fixé des
objectifs particulièrement ambitieux, remarque le SER, en voulant porter le taux d’utilisation des fonds structurels à
40 % puis 55 %.
Pour sa part, l’Institut pour l’économie du marché (IME) défend qu’on ne peut exclure un retour de la
récession économique en Bulgarie. Ce cabinet d’études indépendant assure, qu’en cas
de panne des ventes à l’étranger, la demande intérieure ne sera pas le nouveau
moteur de l’économie. Pour son chef économiste Desislava Nikolova, la croissance de
l’épargne est aujourd’hui « stable » et la demande est « reportée dans le
temps ». De plus, la dégradation du marché de l’emploi plombe encore plus les
revenus des ménages ».
Or, depuis
juillet 2011, les livraisons à l’étranger baissent, même si sur l’ensemble de
l’année 2011 elles ont connu une hausse sensible de 30 %. Sur un total
d’exportations de la Bulgarie de 20,2 milliards d’euros, 45,5 % avaient été
absorbés par l’Allemagne, 36,4 % par la Roumanie et 30,9 % par la Turquie,
d’après la base de données GTA/GTIS.
Il y a environ une semaine, l’Institut national des statistiques a dévoilé que les ventes à l’Allemagne et la Roumanie durant les deux premiers
mois de cette année avaient chuté respectivement de 12 % et 23 % en un an.
Les
importations, quant à elles, continuent à croître faiblement depuis le début de
l’année, après une hausse sensible en 2011 (+ 21,3 %). Le solde des échanges de
marchandises était ainsi négatif de quelque 3,1 milliards d’euros l’an dernier. Mais pour le
seul premier trimestre 2012, la balance commerciale accuse déjà une perte de
800 millions, ce qui est le déficit le plus élevé atteint depuis 2009, note
l’Institut national des statistiques.
Enfin, le
Vale Columbia Center (Université Columbia, New-York), qui a publié un rapport
sur les investissements directs étrangers (IDE) en Bulgarie le 23 mars dernier, estime que « tant que la demande
domestique et les exportations demeureront à des niveaux inférieurs à ceux de
l’avant crise, les IDE resteront faibles ». En fait, ils ont commencé à
diminuer à partir de 2008 – et ce, malgré un taux d’imposition des sociétés
très réduit (10 %) par rapport à la moyenne européenne (28 %). Après un pic de
12,4 milliards de dollars en 2007, les flux entrants ne pesaient plus que 2,2
milliards en 2010 et même 1 milliard pour les onze premiers mois de 2011. Le
Vale Columbia Center pense qu’il faudra attendre la période 2013-2016 pour que
la Bulgarie renoue avec les montants d’IDE affichés avant la crise.
D’ici là, le gouvernement aura
lancé sa nouvelle politique industrielle, qu’il doit annoncer en juin prochain. Elle s’appuiera notamment sur la mise en place de clusters de pointe
dans sept secteurs (agriculture, électronique, chimie…) et de parcs
technologiques dans quatre à cinq grandes villes de régions différentes. Enfin,
si l’on en croit le Premier ministre Boyko Borissov, son pays, qui ne produit
à l’heure actuelle que 10 à 15 % du gaz qu’il consomme, pourrait commencer
« dans un an et demi » l’extraction de gaz naturel dans la Mer noire.
L’État attend les premières
offres pour le 30 mai. Et les premiers sondages seraient effectués à la mi-juillet. L’exploitation
du gaz aurait un double avantage pour la Bulgarie : réduire sa dépendance vis-à-vis
de la Russie et diminuer la facture des importations.
François
Pargny
Pour en savoir plus:
Consulter
- 1 La fiche pays du MOCI.
- 2 Le GPS Business du MOCI. En
tapant « Bulgarie » dans l’onglet « Où ? »,
accédez à toute une série d’actualités, d’appels d’offres, de sites de
référence et d’experts du MOCI Club.
Contacts :
- Institut national de la
statistique
http://www.nsi.bg/index_en.htm
- Institut pour l’économie de
marché
http://translate.google.fr/translate?hl=fr&langpair=en|fr&u=http://ime.bg/en/
- Vale Columbia Center