Ebace
2012, le salon européen de l’aviation d’affaires s’est tenu à Genève, du 14 au
16 mai 2012. Un secteur qui reste plombé par une économie européenne en berne,
des difficultés d’accès au crédit, et le nombre important de jets d’affaires d’occasion
disponibles (aux Etats-Unis) qui ralentit les achats d’appareils neufs.
Jetnet,
un site d’informations sur l’aviation d’affaires, estime que 13,8% de la flotte
active dans le monde (17000 appareils) est composée d’avions anciens. Selon
le rapport 2011 du General Aviation Manufacturers Association (GAMA), 681 jets d’affaires
ont été livrés en 2011, soit une baisse de 6,3% par rapport à 2010 (727
appareils). En valeur, le marché du neuf (681 jets) a représenté 17,59
milliards de dollars en 2011 (2010 : 18 milliards). Au premier trimestre
2012, 122 avions d’affaires ont été livrés (128 à la même période de 2011).
Le
contexte difficile a fait une victime : le constructeur américain Hawker
Beechcraft, spécialisé dans les avions moyens et légers, qui s’est placé le 3
mai sous la protection du chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites.
En
termes de répartition de marché (livraisons d’avions neufs), l’Amérique du Nord
domine (50,3%), suivie par l’Europe (19,5%), l’Asie (13,5%), l’Amérique latine
(9,7%), et le Moyen-Orient-Afrique (7,1%). Pour ce qui est de la construction
des jets d’affaires neufs dans le monde, là aussi les Etats-Unis en assuraient
52% en 2011.
Dans le détail, pour l’année dernière, en nombre d’appareils, les
principaux fabricants sont effectivement américains : Cessna (183),
Gulfstream (107), Hawker Beechcraft (30), sans oublier Boeing Business Jet (8).
Hors des Etats-Unis, les principaux fabricants sont le canadien Bombardier
(182), le brésilien Embraer (99), le français Dassault Aviation (63), et l’européen
Airbus (9).
La
demande de la clientèle a évolué. Selon la GAMA, le segment haut de gamme (large cabine,
long rayon d’action) est celui où la demande est la plus forte. Alors que les
jets d’entrée de gamme (moins de 10 millions de dollars) sont moins demandés. A
côté, existe le très haut de gamme, qui représente un marché de 300 appareils
en activité où les ventes se comptent à l’unité. Seuls Airbus et Boeing ont une
offre. Le constructeur européen a enregistré 9 commandes et 1 intention d’achat
en 2011, mais table sur 15 contrats cette année et 10 à 15 livraisons. Il a même
développé des aménagements intérieurs adaptés à la façon de vivre des Chinois,
et une autre offre pour la clientèle moyen-orientale. De son côté, Boeing a
signé 4 commandes en 2011, et prévoit 12 livraisons en 2012. Mais d’autres
constructeurs comme Gulfstream lorgnent sur ce marché avec un jet très haut de
gamme (le G650) qui entrera en service mi-2013 et qui compte déjà plus de 200
commandes.
Dans
la tranche des avions d’affaires plus accessibles, Dassault Aviation va
installer une filiale à Pékin qui sera opérationnelle l’été prochain pour gérer
l’après-vente des 8 Falcon en service en Chine et de la douzaine de livraisons
prévues cette année (sur un total mondial de 63). Le constructeur a depuis deux
ans des bureaux de vente et de maintenance à Shanghai et Hong Kong (en
partenariat avec Hawker Pacific et Jet Aviation). Il faut dire que la Chine est en train de
devenir incontournable puisqu’elle pourrait représenter 20% de sa production
dans les années à venir. Qui plus est, les commandes portent souvent sur le
plus haut de gamme comme le 7X (déjà 20 commandes) à 50 millions de dollars l’unité.
Pour autant, Dassault Aviation n’oublie pas les Etats-Unis, qui sont le
premier marché du monde, et il attend qu’une reprise économique se traduise par
des commandes. Son grand concurrent américain Cessna a entamé des discussions
avec le chinois Avic pour créer une coentreprise qui construirait des avions d’affaires.
Des
signes optimistes pointent à l’horizon. Ainsi le stock d’avions d’occasion à
vendre se résorbe peu à peu (13,8% en décembre 2011, alors que le taux était de
14,4% un an plus tôt). Selon Caroline Daniels, président du GAMA : «Mise à
part l’insuffisance des financements qui reste notre principal souci, la
majorité des indicateurs fondamentaux évoluent dans le bon sens. Les bénéfices
des entreprises se maintiennent à un niveau record, le marché de l’occasion
et des activités de vol ne cessent d’augmenter, et les marchés émergents génèrent
de nouvelles ventes». Par conséquent, 2013
pourrait être l’année du retour à l’optimisme dans le petit monde de l’aviation
d’affaires.
Jean-François
Tournoud
Pour en savoir plus: