« TTIP : la Commission européenne demande l’arrêt immédiat des négociations ». La nouvelle fait l’effet d’une bombe et circule sur twitter ce mercredi 1er avril en fin de journée. Le lien posté sur les réseaux sociaux renvoie à un communiqué de l’exécutif européen (http://ec-newsflash.eu/) . Tout y est, la typographie, la couleur, le logo. Difficile à première vue de déceler le canular.
« C’est une décision historique pour la démocratie. (…) Nous voulons incarner une commission qui écoute ses citoyens. Nos amis américains, qui resteront nos amis, comprendront ». Ces mots, attribués à Jean-Claude Juncker sont surprenants mais ils renvoient à une réalité : l’hostilité croissante de l’opinion publique européenne pour ces négociations transatlantiques. La volonté de la Commission d’incarner la voix des citoyens est elle, beaucoup moins crédible.
La fin du texte lève les derniers doutes : « Nous allons, de notre côté, nous atteler à lancer des négociations encore moins transparentes », conclut le président de la Commission, dans le faux communiqué. Un mea culpa inimaginable dans les arcanes bruxelloises. C’est donc bien un poisson d’avril. Il a été concocté par le groupe des Verts au Parlement européen, en particulier par l’eurodéputé français Yannick Jadot, vice-président de la Commission du Commerce international et opposant de la première heure au TTIP.
Le canular sur les Mistral français piège la presse russe
Si la nouvelle a été « retweeté » une centaine de fois, elle n’a pas créée de buzz dans les médias européens. Un autre canular, cependant, a réussi à mettre toute la presse russe en émoi. Diffusé sur le très sérieux site EU Observer, un article annonce la livraison des Mistral français à l’Union européenne plutôt qu’à la Russie (https://euobserver.com/news/128217).
« L’achat par l’institution européenne de deux vaisseaux d’attaque amphibies marque un pas historique dans l’élaboration d’une politique de défense commune ». Ces mots prêtés à Federica Mogherini, la chef de la diplomatie européenne, bien que peu vraisemblables, ont été repris tels quels par plusieurs agences russes comme Ria Novosti ou Interfax, précise le correspondant du Figaro à Moscou.
Pourtant, la suite de l’article a de quoi faire sourire. Le site annonce notamment que le premier porte avion « Sébastopol » sera rebaptisé « Juncker », du nom du président de la Commission, et posté à Riga, capitale de la Lettonie qui assure la présidence tournante de l’UE. Renommé « Mogherini », le second navire « sera transféré en 2016 sur l’île de Lampedusa », écrit le journaliste qui enfonce le clou en affirmant que le financement de 1,2 milliards d’euros sera assuré par la Commission, l’agence de défense européenne et la Banque centrale européenne.
Si la farce paraît évidente, elle a néanmoins fait l’objet de « dépêches urgentes », en Russie, toute la journée du 1er avril. Face à l’emballement médiatique, la Commission à Bruxelles a dû faire un démenti. Le site EU Observer a également fini par insérer un avertissement, au début du texte, précisant qu’il s’agissait bien d’un poisson d’avril…
Kattalin Landaburu à Bruxelles