L’économie mondiale progressera de 3 % cette année, après + 2,8 % en 2014. Ce sera une accélération timide « grâce aux économies avancées », indiquait Coface, le 26 mars à Paris, lors d’une conférence de presse sur l’évolution du risque pays (lire ici l’article du Moci).
Mais si « ce sera plutôt mieux pour les pays avancés, ce sera moins bien dans les émergents », commentait Julien Marcilly, l’économiste en chef de la Compagnie française d’assurance crédit export (Coface). Du coup, « les premiers compteront pour 40 à 45 % dans la croissance, alors que les seconds ne contribueront plus qu’à 55 % ».
Le rebond des économies les plus avancées mérite, toutefois, d’être nuancé. Car le surplus de croissance viendra surtout des États-Unis, pays qui connaît une « croissance graduelle », explique-t-on chez Coface. Ainsi, après + 1,9 % et + 2,4 % en 2013 et 2014, l’activité devrait y progresser de 2,9 %. « Et encore, on aurait pu s’attendre à mieux avec la baisse des cours du pétrole », estimait Julien Marcilly. Mais les ménages utilisent aujourd’hui les gains dégagés pour se désendetter au lieu de consommer. De leur côté, les entreprises rechignent à investir en raison de l’évolution monétaire défavorable au dollar qui explique le ralentissement des exportations américaines.
Un risque de « stagnation séculaire »
A long terme, Coface s’inquiète d’un risque se « stagnation séculaire » dans les pays avancés, c’est-à-dire irréversible, selon l’expression employée par Larry Summers, ancien conseiller économique du président Obama, qui imaginait il y a encore peu l’éventualité d’une stagnation économique le longue durée en Amérique du Nord, sur le modèle du Japon.
De fait, depuis trois ans, les économies des pays avancés sont peu dynamiques. Mais évidemment toutes ne peuvent pas être placées à la même enseigne. L’assureur crédit a donc cherché à identifier parmi les pays avancés de l’OCDE (23 États hors Peco) ceux qui présentent le moins de risque de subir une « stagnation séculaire ». Pour y parvenir, il a sélectionné cinq critères : dynamisme de la démographie, innovation, inégalités de revenus, endettement privé et public, performances à l’exportation.
Ce qui peut surprendre à priori c’est que les États-Unis ne figurent pas dans la liste établie. En fait, Coface estime que les inégalités de revenus y sont trop fortes, ce qui pèse sur le pouvoir d’achat des ménages. Non seulement il s’agit de l’État où elles sont de loin les plus élevées, mais « les États-Unis sont encore avec la Suède et la France le pays qui a connu la plus forte croissance des inégalités depuis 2004 », pointait Pascal Chollet (notre photo), économiste chez Coface.
Les économies les plus solides sur dix ans : Allemagne, Corée, Suisse, Belgique, Pays-Bas
Cinq pays se détachent, qui devraient soutenir la croissance mondiale au cours de la prochaine décennie : Allemagne, Corée du Sud, Suisse, Belgique, Pays-Bas. La Corée du Sud, malgré la persistance des inégalités de revenus, accumule de nombreux avantages : une électronique de qualité, des gains de productivité grâce à un système éducatif performant, des dépenses importantes en matière de recherche et développement (R & D) et le dépôt de nombreux brevets. Et une véritable capacité à l’export. D’après l’institut de conjoncture COE Rexecode, cette nation d’Asie aurait dépassé la Chine comme cinquième exportateur mondial pendant la période novembre, décembre 2014 et janvier 2015.
Deux autres pays partagent les mêmes caractéristiques que la Corée du Sud : une très forte compétitivité hors coût et un niveau élevé de R & D. A savoir l’Allemagne – Volkswagen est, devant le japonais Toyota, le premier investisseur au monde en matière de recherche-développement – et la Suisse – surtout dans les biotechnologies. Les entreprises suisses comme allemandes bénéficient d’une image haut de gamme et sont très tournées vers l’export. Les ventes de la Suisse dans le monde ont ainsi bondi de 27 % entre 2007 et 2013.
Deux petites nations d’Europe du Nord, les Pays-Bas et la Belgique, complètent le Top 5 des économies les plus porteuses à long terme. Toutes deux vont bénéficier d’une démographie favorable, et toutes deux présentent des taux d’ouverture à l’international très élevés, supérieurs à 80 % de leurs produits intérieurs bruts respectifs.
François Pargny