La France, mais aussi l’Italie et l’Allemagne ont décidé d’annoncer conjointement aujourd’hui 17 mars « leur intention de devenir membres fondateurs de la Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures (AIIB/Asian Infrastructure Investment Bank)« , a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères et du développement international lors d’un point presse ce matin. Bercy a également publié un communiqué en début d’après-midi reprenant la même annonce. Ils emboitent ainsi le pas -un peu précipitamment sans doute- au Royaume Uni, qui les avait précédé en annonçant sa participation dès le 14 mars.
L’AIIB a été lancé l’an dernier à l’initiative de la Chine, avec la signature, en octobre 2014, d’un premier mémorandum de création. L’AIIB, qui aura son siège à Pékin, vise un capital statutaire de quelque 100 milliards de dollars et la liste des pays cofondateurs – 27 au total à ce jour– doit être dévoilée le 31 mars prochain selon des informations de presse. D’où ces ultimes prises de position.
Tous les observateurs avertis perçoivent ce projet comme une volonté chinoise de susciter des alternatives à la Banque mondiale et à la Banque asiatique de développement (BAsD) en matière de financement de projets d’infrastructures publiques, et ainsi de réduire l’influence des Etats-Unis et de leurs alliés -notamment le Japon- dans ce domaine. Un projet similaire de banque de développement régional a vu le jour en Amérique latine, poussé par les pays émergents de ce continent dont le Brésil, mais il est moins avancé, ne bénéficiant pas de la force de frappe financière dont dispose Pékin.
Le ralliement des trois poids-lourds de la zone euro à la position britannique, si elle constitue un revers pour les Etats-Unis -une « débacle diplomatique » selon le Financial Times- est une aubaine pour Pékin. Selon les promoteurs de l’AIIB, elle aura vocation à travailler en partenariat avec les banques multilatérales d’investissement et de développement existantes et pourra, selon Bercy, « jouer un rôle important dans le financement des infrastructures en Asie ».
Le ministre japonais des Finances Taro Aso a indiqué qu' »il est difficile de prendre part à cette organisation tant qu’elle n’aura pas éclairci sa politique dans une série de domaines importants de notre point de vue, notamment les règles de délivrance des crédits ». Les trois pays membres de la zone euro semblent penser le contraire : « La France, l’Italie et l’Allemagne, en étroite collaboration avec leurs partenaires internationaux et européens, sont désireuses de s’associer aux membres fondateurs de l’AIIB pour travailler à la création d’une institution respectueuse des meilleures pratiques en termes de gouvernance, de sécurité, de prêts et de marchés publics » indique leur communiqué.
C.G