La majorité des filiales françaises à l’étranger sont détenues par des PME et ETI et non par les multinationales comme il est coutume de l’entendre fréquemment : c’est ce que souhaite mettre en avant le cabinet de conseil en implantation internationale des entreprises de taille moyenne et intermédiaire Pramex International dans un focus sur l’origine des filiales françaises à l’étranger, intégré dans le Rapport annuel sur l’évolution des PME – édition 2014 publié par Bpifrance (voir notre article) le 26 février.
En 2010, année sur laquelle se base l’analyse* de Pramex International, les PME (de 20 à 249 salariés) et les ETI (de 250 à 4 999 salariés) représentaient respectivement 53 % et 42 % des multinationales tandis que seules 5 % des grandes entreprises en étaient. Toutefois, ces données sont à prendre avec précaution car les PME et ETI bénéficient d’un profil particulier. Explications.
Il s’avère en effet que si les PME et ETI représentent, ensemble, 95 % des entreprises détenant au moins une filiale à l’étranger, 57 % d’entre elles appartiennent à un groupe français ou étranger. Les PME intégrées à un groupe sont donc favorisées pour réaliser un investissement direct étranger (IDE) puisqu’elles bénéficient des ressources financières et humaines. Ainsi, ces dernières sont « surreprésentées parmi les multinationales », précise le cabinet dans son focus. Les PME indépendantes représentent, elles, 29 % des multinationales tricolores.
Les PME et ETI possèdent peu de filiales détenues à 100 %
De plus, moins de 1,5 % des PME et 30 % des ETI disposent d’implantations physiques à l’étranger, contre plus de 80 % pour les grandes entreprises. En effet, plutôt que de créer leur propre filiale, PME et ETI optent davantage pour des joint-ventures avec un partenaire local, une implantation autonome étant plus risquée. Il en ressort ainsi que 37 % des filiales ouvertes à l’export par une PME française faisant partie d’un groupe est une filiale partagée. Ce chiffre est plus grand pour les PME indépendantes qui faute de trésorerie suffisante ne peuvent pas ouvrir une filiale et qui pour 44 % d’entre elles ont recours au contrat de partenariat avec une entreprise locale.
Il en résulte ainsi que les PME qui ne comptent, en moyenne, que 2,3 filiales implantées à l’étranger et les ETI 6,8 sont largement distancées par les grandes multinationales qui en possèdent 50 en moyenne.
L’Union européenne et les États-Unis, premières régions d’implantation des filiales
S’agissant des pays d’implantation des filiales, près d’un tiers des filiales des petites multinationales sont implantées dans l’un des six pays frontaliers de la France (Allemagne, Belgique, Espagne, Italie, Luxembourg, Suisse). L’Allemagne est ainsi le premier pays d’implantation des PME situées dans les régions de l’est de la France (Alsace, Lorraine, Franche-Comté, Champagne-Ardenne). Viennent en deuxième position les États-Unis, suivis du Luxembourg. Les PME de la Région Aquitaine, pour leur part, privilégient l’Espagne. Leur deuxième choix se porte également sur les États-Unis et enfin sur le Portugal.
Plus largement, l’Union européenne accueille plus de quatre filiales de PME sur dix. Totalisant 18 % des filiales des PME, les États-Unis restent néanmoins la première destination de ces dernières pour l’ouverture d’une filiale. « Les stratégies d’expansion des PME sont donc très concentrées dans un nombre restreint de pays développés », observe le cabinet. Les pays émergents sont moins prisés des PME et ETI. Seules 6 % des filiales des petites structures sont implantées dans les Brics contre 11 % pour les grandes multinationales. Une situation qui reflète « la crainte des PME de se voir confronter à des environnements juridiques et commerciaux inconnus voire risqués ».
V. A.
*Méthodologie : les données proviennent de la base de données 2010 des liaisons financières de l’Insee identifiant 3 217 têtes de groupe du secteur privé en France possédant des filiales à l’étranger.
Pour prolonger :
Consultez le focus de Pramex International « Implantation internationale des PME et des ETI françaises » p80-82 du rapport sur l’évolution des PME publié par Bpifrance, consultable en cliquant ICI