Alors que la compagnie espagnole Ibéria est depuis peu en discussion avec British Airways pour un rapprochement, l’Espagne est décidément à la Une de l’actualité du transport aérien en ce début du mois d’août. Le gouvernement espagnol a en effet donné, le 1er août, son feu vert à la privatisation des aéroports espagnols jusqu´à présent gérés par la société publique AENA (Aeropuertos Españoles y Navegación Aérea).
Cette privatisation s´effectuera dans le cadre du programme de réorganisation de l´AENA proposé par la ministre espagnole de l’Equipement, Magdalena Alvarez, dont l´objectif est de scinder en deux le monopole public afin de séparer la navigation aérienne et la gestion des aéroports . Dans ce cadre, les activités liées à la navigation aérienne doivent rester dans le giron de l´Etat alors que la gestion des 47 aéroports assurée jusqu´à présent par AENA doit être confiée à une nouvelle société, dont le capital sera ouvert au secteur privé à hauteur de 30 % maximum.
Reste à savoir quelle méthode de privatisation adoptera le gouvernement alors qu´il doit également tenir compte de l´intérêt des communautés et provinces autonomes espagnoles pour la gestion de leurs aéroports. D´ores et déjà, il semble acquis, selon l´annonce faite par le gouvernement le 1er août, que la communauté de Madrid et la Catalogne pourront entrer à hauteur de 19 % dans le capital des aéroports de Madrid-Barajas et de Barcelone El Prat .
Pour la cession de parts à des investisseurs privés, le gouvernement veut prendre son temps et a confié à une banque conseil le soin de déterminer la meilleure option entre la mise en bourse ou la cession directe à des acteurs privés. Selon notre confrère Les Echos (4 août 2008) , des groupes espagnols comme les géants de la gestion d´infrastructures de communications Abertis Infraestructuras
ou de la construction FCC (Fomento de Construcciones y Contratas) ont déjà fait part de leur intérêt pour une prise de participation.
Un enjeu très important en Espagne et au plan international
Les 47 aéroports gérés par AENA représentent un enjeu très important, en Espagne comme au plan international et le processus de privatisation devrait être mené progressivement. Selon les statistiques aéroportuaires espagnoles , au premier semestre 2008, le trafic a atteint près de 99,17 millions de passagers (210,5 millions pour l´ensemble de l´année 2007) et plus de 315 000 tonnes de fret . Le top 10 des aéroports ibériques pour le premier semestre 2008 met en tête Madrid-Barajas (près de 25,7 millions de passagers) suivi de Barcelone (près de 15,1 millions), Palma de Majorque (9,8 millions), Malaga (6,1 millions) Grande Canarie (5,2 millions), Alicante (4,6 millions), Tenerife Sud (4,3 millions), Valence (2,9 millions), Lanzarote (2,7 millions) et Gérone (2,7 millions).
Mais Aena dispose également d´une filiale, Aena Desarrollo International , qui a pris de belles positions dans la gestion aéroportuaire dans le monde , notamment en Amérique latine (16 aéroports exploités en Colombie, Mexique et à Cuba) et, via une participation de 10 % dans TBI, dans 11 aéroports au Royaume Uni, aux Etats-Unis et en Amérique latine.
Aena, qui est la plus grosse société de gestion aéroportuaire mondiale en terme de trafic passagers, pèse au total un chiffre d´affaires consolidé de près de 3 milliards d´euros pour un résultat brut d´exploitation de 904 millions selon l´édition des Echos, déjà citée (2,641 milliards d´euros pour un résultat brut d´exploitation de 770 millions en 2006, derniers chiffres publiés sur son site Internet). Et sa valeur est estimée par le gouvernement espagnol à 30 milliards d´euros.