Fondée au début de l’année, l’association dédiée aux industries du textile-habillement, de la mode et du luxe Evalliance avance prudemment dans ses projets dans la péninsule indochinoise (Vietnam, Cambodge…). Après avoir conclu un protocole d’accord avec le ministère du Commerce et la Fédération des usines de confection textile du Cambodge (GMAC), elle prépare son implantation dans le pays.
« Au départ, confie à la Lettre confidentielle Jean-François Limantour, président d’Evalliance et du Cedith (Cercle euro-méditerranéen des dirigeants textile-habillement), nous nous étions lancés à l’abordage du Vietnam, d’autant que ce pays négociait un accord de libre échange avec l’Union européenne (UE). Mais tout est trop compliqué avec son Administration ». « On piétine, alors qu’au Cambodge on est accueilli à bras ouverts », complète-t-il, faisant ainsi allusion « au soutien total » obtenu auprès du ministre du Commerce Chanthol Sun. « Nous ne sommes qu’une association à but non lucratif et ce n’est pas évident de nouer une coopération avec des instances gouvernementales. Le ministre nous a vraiment aidés et nous avons aussi reçu un accueil chaleureux de la part du président de GMAC, Van Sou Ieng, également à la tête du patronat national (Camfeba) ».
Evalliance a bénéficié aussi de l’appui du président de la Chambre de commerce franco-cambodgienne (CCFC) Arnaud Darc. Du coup, son président espère nouer un partenariat avec la CCFC au début de l’année prochaine -à l’instar de la coopération nouée en septembre avec la Chambre de commerce et d’industrie France-Vietnam-, et peut-être aussi y implanter sa future antenne locale. « Nous pensons confier à un professionnel du pays cette structure permanente devant servir d’interface entre les sociétés européennes et leurs homologues ainsi que les autorités cambodgiennes. Nous pensons notamment à une personne locale ayant vécu aux États-Unis et au Canada, qui est donc à la fois anglophone et francophone », précise Jean-François Limantour.
Le Cambodge, dont les élites restent francophones, a commencé à séduire des entreprises françaises comme Decathlon, attirées par des salaires relativement bas et par les bénéfices de l’accord préférentiel « Tout sauf les arme » qui permet aux pays les moins avancés (PMA) d’exporter en franchise de douane dans l’UE tout produit sauf les armes. Evalliance envisage ainsi d’organiser une mission d’entreprises européennes, à dominante française, en mars prochain, au Cambodge, espérant y attirer des industriels et distributeurs, notamment des producteurs de tissus et des fabricants de matériel avec des savoir-faire.
« L’objectif global de l’accord avec GMAC est de faire muter le textile-habillement cambodgien d’une fonction de sous-traitant à un rôle de co-traitant et co-développeur », souligne Jean-François Limantour. Une délégation d’entreprises cambodgiennes, emmenée par GMAC, devrait se rendre à Paris en février 2015, au salon de l’approvisionnement Apparel Sourcing, organisé par Messe Frankfurt. « Nos homologues cambodgiens sont intéressés par le soutien que l’on peut leur accorder en matière de compétitivité et de développement des exportations », indique le président d’Evalliance.
Le protocole d’accord avec GMAC prévoit un plan pluriannuel comprenant un volet de formation professionnelle dans le marketing de la mode, le management, la création et le développement. A cet égard, des discussions sont entamées avec l’Agence française de développement (AFD). Dans ce domaine, seraient privilégiés à la fois la formation intra et inter entreprises au Cambodge, l’accueil d’élites cambodgiennes dans l’Hexagone, par exemple à l’Institut français de la mode (IFM), ou encore la constitution d’une plateforme expérimentale de services : sourcing de matières, modélisme, développement de produits. Parallèlement, les deux partenaires professionnels entendent mettre en place une veille économique et un système de relations B to B en ligne entre Européens et Cambodgiens.
François Pargny