Bruxelles et Tokyo veulent achever les négociations de libre échange mais subsistent les plus épineux points de blocage. Pour le premier ministre japonais, Shinzo Abe, elles doivent se terminer à la fin 2015. « Nous disons que si tous les engagements et les mesures sont mis en oeuvre, peut-être que cela sera possible », indique plus prudemment une source européenne.
Dans la réalité, des progrès ont été faits et les négociations vont étonnement vite pour un accord dont personne – il y a encore quelques mois – n’aurait parié sur la poursuite. Une nouvelle réunion est ainsi planifiée entre le 8 et le 12 décembre à Tokyo, selon un rapport de la Commission européenne revenant sur les dernières négociations, tenues à Bruxelles entre le 20 et le 24 octobre, que la Lettre confidentielle a pu se procurer.
« Clairement cette réunion a bénéficié d’une meilleure atmosphère […] et le but politique fixé à la fin 2015 aide les négociateurs à se concentrer sur un objectif précis », affirme la Commission dans le document, enregistrant les progrès comme « un bon présage » pour la suite.
D’après le document, les discussions ont notamment avancé sur les indications géographiques, le chapitre des investissements ou encore des services. Une réussite que la Commission octroie à la conclusion et à la mise en ligne de l’accord avec le Canada – le CETA (Canada EU Trade Agreement), qui aurait permis au Japon de trouver des voies de compromis et à la Commission de fixer ses lignes rouges selon le rapport.
Mais les parties divergent encore sur de nombreux points. Le Japon refuse ainsi toujours d’intégrer les barrières techniques au commerce dans l’accord de libre-échange, au grand dam de ses partenaires européens. Tandis que la clause dite « de sécurité opérationnelle », qui reste un point sensible pour les Européens, notamment dans le domaine du ferroviaire, n’a pas été discutée au cours de la réunion. Le Japon se plaint d’un manque d’offre de réduction des barrières tarifaires sur le secteur automobile, tandis que l’Union européenne pointe du doigt les taxes élevés (12%) sur les produits agricoles.
Mais le ton reste conciliant de part et d’autre. D’après notre source européenne, « pour le secteur automobile, si le Japon s’engage à mettre en œuvre les mesures attendues d’ici à la fin 2015, on considère que cela suffit ».
Loreline Merelle, à Bruxelles