Les professionnels sont moins
optimistes que l’an dernier. Tel est le principal enseignement du baromètre
Wine Trade Monitor 2012 de Sopexa, qui a recueilli en juillet dernier les témoignages
de 1 300 importateurs, grossistes, agents et distributeurs du marché des
vins tranquilles (non effervescents) dans douze pays (*).
Alors qu’ils étaient 67 % à
anticiper une hausse de leurs ventes en volume l’an denier, ils ne sont plus
que 57 % à l’envisager cette année. « Ce repli significatif est le reflet
de la crise économique générale, notamment en Europe, qui fait tâche sur un
secteur de l’art de vivre comme le vin », a commenté François Collache,
directeur Vins et spiritueux, lors d’une conférence de presse à Paris, le 10
octobre.
Si la situation est
particulièrement défavorable en Suisse, en Belgique et aux Pays-Bas, certains
marchés échappent à la baisse comme l’Allemagne, la Russie et Hong-Kong.
« Les anticipations montrent, toutefois, qu’il faut être prudent sur ce
dernier pays. Les importations en volume commencent à y baisser et ce n’est,
sans doute, qu’à la fin de l’année que l’on pourra savoir si Hong Kong gagnera
son pari de devenir une plateforme régionale du vin », estime François Collache.
« La bonne nouvelle, c’est
le fort regain d’optimisme sur le marché japonais », poursuit le
responsable de Sopexa. De fait, 70 % des opérateurs locaux prévoient une
croissance de leurs ventes, contre 43 % seulement en 2011. D’après la base de
données GTA/GTIS, les importations nipponnes de boissons et liquides
alcooliques ont gagné 19,75 % en un an pour atteindre 1,88 milliard d’euros
entre janvier et août 2012.
« En dépit des chocs produits
en 2009 par la faillite de Lehmann Brothers et des plans de licenciement au
Japon et en 2011 par le séisme, le marché du vin en volume a connu une
progression à deux chiffres tous les ans depuis 2009 », constate Charles
Durand, le directeur du bureau de Sopexa au Japon, qui prévoit « une
hausse similaire en 2012 et 2013 et une augmentation dans le futur de la
consommation par habitant ».
Avec l’essor de la consommation à
domicile, ce sont les entrées de gamme qui gagnent des volumes. Les prix sont
tirés vers le bas, ce qui favorise notamment le Chili, qui se situe dans le
cœur du marché (500-1 000 yens la bouteille) et profite de l’accord de
libre échange signé avec le Japon. La France, qui était leader il y a dix ans
sur tous les segments, est maintenant devancée sur les bouteilles à moins de
1 000 yens. « Ses exportations vont continuer, en volume et en valeur,
à progresser, mais sa part de marché s’érode et elle va encore diminuer dans
les années à venir », prévient Charles Durand.
En Chine, comme en Amérique du
Nord, l’optimisme affiché par les professionnels interrogés par Sopexa reste
fort, « mais il est quand même plus modéré que l’an dernier », pointe
François Collache. « L’euphorie est moins grande. Il y a eu moins d’achats
de cadeaux au moment des fêtes. Et sur un marché qui se structure, la région de
Shanghai, qui connaît un développement exceptionnel, souffre d’un nombre trop
élevé d’importateurs et de stocks de vin, ce qui explique cette baisse relative
d’optimisme », juge Catherine Etchart, la directrice du bureau de Sopexa à
Pékin.
Dans l’Empire du Milieu, la
France est le premier fournisseur, avec 227 millions d’euros de ventes de vins
tranquilles pendant le premier semestre 2012, d’après les Douanes françaises, « mais
elle soit s’attendre à affronter une concurrence plus poussée », avertit
François Collache.
Parmi les marchés dynamiques,
figure une nation européenne, le Royaume-Uni, premier marché client de la
France en valeur, avec près de 490 millions d’euros d’exportations, et
deuxième, derrière l’Allemagne, en volume, avec 848 000 hectolitres pendant
les six premiers mois de l’année. « On y note un regain du segment des
premiers prix », note le directeur Vins et spiritueux de Sopexa.
Globalement, un des grands
enseignements du baromètre Wine Trade Monitor 2012 est la prime donnée par les professionnels aux vins d’entrée de
gamme. L’an dernier, les vins premium dépassaient les premiers prix dans les
intentions d’achat. La crise ayant entraîné une baisse d’optimisme chez les
professionnels, la tendance est inversée.
François Pargny
(*) Allemagne, Royaume-Uni, Belgique, Pays-Bas, États-Unis, Canada,
Japon, Chine, Suisse, Danemark, Russie, Hong-Kong.
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