Pierre-Antoine
Gailly, président de la CCIP, explique au Moci l’objectif de la «
régionalisation » de l’organisation des CCI franciliennes et son
positionnement dans le cadre de la nouvelle politique d’accompagnement
des entreprises à l’international.
Le Moci. Le dispositif d’accompagnement des entreprises franciliennes est pour le moins complexe, comment l’expliquez-vous ?
Pierre-Antoine Gailly.
La complexité, ce n’est pas le dispositif mais le tissu des
entreprises. Vous ne servez pas de la même manière une toute petite
entreprise qui vient de se créer et une PME, une entreprise dans les
biotechnologies et une dans l’aéronautique, ou une entreprise qui a pour
ambition d’exporter en Europe et une autre qui vise les Brics. Il y a
une formidable diversité de besoins et, en face, un seul acteur qui ne
peut répondre à tous les besoins. Les intervenants se chevauchent
d’ailleurs assez peu, mais nous avons une difficulté d’aiguillage. C’est
tout l’intérêt d’avoir une porte d’entrée unique, qu’elle soit physique
ou numérique, afin d’orienter les entreprises.
Le Moci. Le
1er janvier prochain la réforme consulaire, qui doit harmoniser le
dispositif, entrera en vigueur. Quelle est votre vision de ce processus
de régionalisation du dispositif ?
P-A.G. Avec Pierre
Simon, mon prédécesseur, nous avons porté pleinement ce projet.
L’objectif est d’obtenir les pleins effets d’une fusion et non les
effets mitigés d’un regroupement. Au 1er janvier 2013, la Chambre de
commerce et d’industrie de Paris Ile-de-France regroupera six
départements. La CCIP et l’actuelle CCIV (Versailles Val-d’Oise-Yvelinnes) n’existeront plus en tant que telles, l’Essonne et la Seine-et-Marne seront rattachées. Dans le cas de
l’international, nous faisons déjà beaucoup de choses ensemble. Nous
avons, par exemple, un programme unifié de l’ensemble des opérations.
Dans de nombreux cas, une CCI porte pour le reste de la région. Ainsi,
lorsque nous organisons une mission aéronautique sur le salon du
Bourget, c’est la CCI de Seine-et-Marne qui pilote le regroupement des
entreprises de l’Ile-de-France. Il y a des effets de spécialisation qui
font qu’à chaque fois nous ne sommes pas deux à faire la même chose. La
chambre de Versailles est spécialisée dans l’automobile et la mécanique,
alors que celle de Paris s’occupe plus des biotechnologies et des
high-tech.
Le Moci. Concrètement, qu’est-ce qui va changer pour les entreprises en 2013 ? Auront-elles accès à un guichet unique ? Cette réforme sera-t-elle l’occasion de proposer une nouvelle offre aux entreprises franciliennes ?
P-A.G.
L’idéal est que l’entreprise ne se rende pas compte de la fusion. Il y
aura des barrières administratives en moins. Tant mieux si le service
est amélioré et si l’entrepreneur ne s’en rend pas compte. Concrètement,
nous avons déjà un guichet unique virtuel, quant au guichet unique
physique, il aura toujours ses limites du fait des distances. De toute
façon, des points de renvoi sur place demeureront, surtout dans la
Grande couronne. La question est de savoir si nous avons besoin de
prestations nouvelles, sachant que nous allons de plus en plus vers de
l’accompagnement de longue durée sur plusieurs années, que nous
proprosons de plus en plus de prestations de type coaching ou
accompagnement, et que nos services sont déjà bien formatés.
Le
Moci. Selon vous, quelle sera la place tenue par le réseau consulaire
dans le plan Bricq qui insiste beaucoup sur la régionalisation du
dispositif français d’accompagnement des entreprises à l’international ?
P-A.G. L’idée de Nicole Bricq est de dire qu’en tant que
ministre régalien elle traite avec les conseils régionaux, ce qui ne me
pose aucun problème puisque j’entends traiter avec Jean-Paul Huchon qui
souhaite également traiter avec nous. Nous avons parfaitement notre
place en tant que co-partenaires. Ensuite, il est à peu près entendu que
les consulaires auront leur présence dans les conseils d’orientation de
la Banque publique d’investissement. La seule précaution que je prends,
et que j’ai formulée haut et fort à Ubifrance, est qu’un des atouts de
l’ancien système, à savoir avoir un programme France unique, perdure et
qu’on ne revienne pas à 22 programmes. Ensuite, dans une région comme
l’Ile-de-France, aucun acteur ne peut tout faire tout seul. La loi nous
donne jusqu’à juillet prochain pour faire nos schémas sectoriels, et
voir exactement comment nous allons nous organiser au niveau régional.
Propos recueillis par Sophie Creusillet