Véritable homme orchestre, le patron de PME a rarement le temps de s’occuper de l’international, un exercice qui peut rapporter gros mais également coûter très cher s’il n’est mis en œuvre correctement. Pour y remédier, les CCI d’Ile-de-France proposent de jeunes diplômés prêts à défricher les marchés étrangers.
Quoi de plus parisien que la tour Eiffel ? C’est de ce constat simple que sont partis Yves Castelain et Nathalie Leret pour lancer en 2009 Merci Gustave, une start-up qui décline la célèbre tour imaginée par Gustave Eiffel en objets de décoration. Et comme toutes les start-up, ses dirigeants sont très occupés et n’ont pas le temps de développer ce qui semble une évidence : des ventes en dehors des frontières hexagonales. Ils font alors appel à la CCI de Paris et au dispositif Passexport Etudiant International en Entreprise (EIE).
Ce dernier permet à une PME primo-exportatrice de recruter, pour une période de trois ou six mois, un stagiaire fraîchement diplômé d’une école de commerce et de lui confier le développement de l’international. Les tarifs défient toute concurrence : 850 euros pour un trimestre, 1 250 euros pour un semestre, auxquels s’ajoutent 430 euros mensuels d’indemnités. Une aubaine pour l’entreprise. Et pour le stagiaire. Lorsqu’elle est arrivée chez Merci Gustave, Mélissa Geffard sortait de l’Inseec de Bordeaux, où elle avait obtenu un master 2 en management du commerce international : « Je voulais à la fois m’installer en Ile-de-France et que ce stage débouche sur une embauche ». Pari tenu ! Après un mois de recherche, le CV de l’étudiante est repéré par la CCIP qui lui propose un stage de six mois chez Merci Gustave.
Ce sont les conseillers des CCI qui traquent les bons profils pour les entreprises. « Nous proposons trois au quatre CV, répondant au profil demandé, à l’entrepreneur qui choisit ensuite son stagiaire », explique Stéphane Godard, un conseiller qui a suivi Mélissa Geffard tout au long de son stage. « Quand je suis arrivée dans l’entreprise en juin 2011, se souvient-elle, il y a avait tout à faire, y compris les fichiers clientèles et Stéphane Godard m’a beaucoup aidé à ce moment-là ». La jeune femme saisit son sujet à bras le corps : constitution d’un fichier de prospection, contacts pris sur les salons, suivis des commandes, et ciblage des marchés à développer. A savoir, l’Asie, les Etats-Unis et les Emirats Arabes Unis, où les tours Eiffel Merci Gustave sont distribués par les Galeries Lafayette à Dubaï.
La jeune femme met en pratique ses années d’étude, avec parfois quelques surprises : « Je me suis occupée de tout le suivi logistique. Je connaissais les Incoterms, les formalités douanières, les certificats d’origine, mais je n’avais aucun réseau parmi les transitaires. Finalement, j’ai trouvé un partenaire qui s’occupe du dédouanement et avec lequel nous avons monté une plate-forme logistique en Asie où sont fabriqués nos objets. C’est plus pratique pour nous et pour nos clients dans la région, et cela nous a surtout permis de développer nos volumes ». Bref, la jeune femme a eu un semestre pour le moins chargé. Mais l’expérience a été tellement positive que Merci Gustave l’a embauchée comme responsable export.
Un an après le début de son stage le résultat est on ne plus concret. Alors que l’entreprise exportait dans six pays avant son arrivée, elle est désormais présente dans une trentaine de pays. « La prochaine étape, confie Mélissa Geffard, est de monter une équipe dédiée à l’export, ce qui devrait se faire courant 2013 ».
Sophie Creusillet
Le VIE, avant-poste de votre entreprise à l’étranger
Le Volontariat International en Entreprise (VIE), proposé par Ubifrance, repose sur le même principe que le Passexport EIE : déléguer à un jeune diplômé le développement à l’international d’une entreprise, à cette différence près que le VIE est en poste à l’étranger et qu’il ne s’agit pas d’un stage mais d’un contrat de travail. Ce dispositif permet aux entreprises françaises de confier à un jeune, âgé de moins de 28 ans à la signature, une mission professionnelle à l’étranger durant une période modulable de six mois à deux ans. Dans certains cas, le VIE bénéficie d’aides subventionnelles régionales, pouvant aller jusqu’à la prise en charge de 50 % du coût. Ces volontaires sont embauchés à 80% par les grandes entreprises et il n’est pas rare qu’une grande société ait dans ses équipes plusieurs VIE afin, par exemple, de développer plusieurs marchés simultanément