Si les États membres de l’UE continuent à dénoncer l’attitude de Moscou en Ukraine, de nouvelles sanctions – ciblant cette fois des secteurs névralgiques de l’économie russe – ne sont pas d’actualité.
Derrière la volonté affichée de privilégier les canaux diplomatiques priment évidemment les intérêts économiques d’une majorité d’États membres avec le troisième partenaire stratégique de l’UE. Et la France, qui est en train d’achever un contrat de livraison de Mistral, n’est pas la seule à faire face à ces contradictions*.
Pour ce qui la concerne, et au delà de sa dépendance du gaz russe, l’Allemagne d’Angela Merkel subit les pressions de son industrie manufacturière. Selon l’Ifo, l’Institut de recherche et de prévision économiques allemand, 17 % des participants à un sondage, réalisé en mai, ressentent déjà l’impact de la crise ukrainienne sur leurs activités et un tiers des entreprises interrogées craignent un impact négatif si la crise se prolonge, surtout en termes de chute des exportations vers la Russie. Les exportations allemandes vers la Russie ont diminué de 3,6% au 1er trimestre 2014 par rapport au trimestre précédent et de 12,9% par rapport au 1er trimestre 2013, indique l’institut dans un communiqué.
Autre enseignement de l’enquête : la moitié des grandes entreprises allemandes ayant tissé des liens économiques avec la Russie – soit 80% du total des grandes entreprises allemandes – s’inquiètent pour leurs affaires. Les secteurs les plus touchés sont l’industrie mécanique, automobile et énergétique. L’impact de la crise ukrainienne serait moindre pour les PME allemandes, seules 20% d’entre elles s’attendant à une baisse d’activité.
Kattalin Landaburu, à Bruxelles
*Lire :
– Russie : les entreprises inquiètes, l’Etat français contre le « business as usual »
– France-Russie : 3 milliards de contrats garantis par l’Etat enjeu des sanctions