En réhabilitant l’expression « Equipe de France à l’export », invention des années 2007-2008 que n’affectionnait guère son prédécesseur Nicole Bricq, lors de son premier point presse sur le Commerce extérieur le 3 juin au Quai d’Orsay, Fleur Pellerin a certainement voulu donner le ton de la nouvelle donne issue du remaniement ministériel du 3 avril : « elle souffrait d’illisibilité », a-t-elle indiqué, « on va essayer (de faire en sorte) que tous ces acteurs travaillent ensemble maintenant que tout est réuni ici ».
De fait, il y avait plus de cadres du ministère des Affaires étrangères et du développement international (MAEDI), de la Direction générale du Trésor, d’Ubifrance et de l’Afii que de journalistes à la cette première conférence de presse de la secrétaire d’État au Commerce extérieur, organisée à l’occasion de la présentation du bilan 2013 de l’Agence française pour le développement international des entreprises (Ubifrance)*. Il est vrai que ce petit événement, qui n’a pas fait la Une des médias, était surtout important pour le microcosme du commerce extérieur tricolore, d’autant plus qu’il a été l’occasion de plusieurs « premières » et d’une clarification, par Fleur Pellerin, du rôle qu’aurait la future agence issue de la fusion Ubifrance-Afii dans le système.
Au plan politique, d’abord, c’était son tout premier point presse exclusivement consacré à son portefeuille Commerce extérieur –elle en a deux autres, la Promotion du tourisme et les Français de l’étranger-, à l’occasion d’une opération de communication qui concernait l’un de ses principaux opérateurs dans ce domaine.
Ensuite, une première sous la cinquième République, c’était la première fois qu’il était organisé au MAEDI depuis que celui-ci a récupéré, à l’occasion du remaniement ministériel du 3 avril, le portefeuille du Commerce extérieur jusque là confié au ministère de l’Économie et des finances. Fleur Pellerin, qui a multiplié les déplacements à l’étranger et jonglé avec les agendas liés à ses deux autres portefeuilles depuis sa nomination le 9 avril, n’avait fait aucune conférence de presse au Quai d’Orsay sur le sujet. Seul changement symbolique intervenu dans l’intervalle : les statistiques mensuelles de la Douane, désormais diffusées par le MAEDI.
Au plan institutionnel ensuite, c’était aussi la première sortie publique de la nouvelle directrice générale d’Ubifrance, Muriel Pénicaud, 10 jours à peine après sa nomination. Comme si l’on avait bien saisi, au Quai d’Orsay, l’urgence de mettre fin à la désagréable impression de flottement né du vide laissé par le départ précipité de son prédécesseur, Véronique Bédague-Hamilius, nommé le 12 mars à la tête d’Ubifrance et de l’Afii, mais débauché par le Premier ministre le 1er avril suivant ! « J’ai passé 7 jours, c’est bon je reste ! », a d’ailleurs lancé la nouvelle directrice générale, répondant à Jean-Paul Bacquet, le président d’Ubifrance, qui avait remarqué non sans malice que son prédécesseur n’en avait passé que 10 dans l’agence.
Le style Pellerin –qui, entre ses différents portefeuilles, ne va guère avoir de temps d’entrer dans les détails- s’annonce plutôt « collaboratif », avec sans doute de larges délégations : c’est ainsi que Jean-Paul Bacquet, président d’Ubifrance -qui a pris un poids non négligeable durant la période de flottement-, a pris la parole le premier pour présenter le bilan 2013 de l’agence, avant de passer le micro à Muriel Pénicaud, dont la première tâche sera de relancer la fusion entre Ubifrance et l’Agence française pour les investissements internationaux (Afii).
La secrétaire d’État a pris la parole en dernier pour mieux positionner ses deux hôtes en piliers du cap et des ambitions fixés à l’Agence : « la fusion entre (les) deux agences doit faire du futur établissement public le bras armé de l’État au service de l’attractivité de nos territoires et de l’internationalisation des entreprises, à la hauteur du relais de croissance et d’emplois dont notre pays a besoin, a-t-elle déclaré*. Je sais pouvoir compter sur le président, la directrice générale d’Ubifrance et l’ensemble des salariés pour relever ces défis. Ils seront le fer de lance de notre équipe de France à l’export, dont nos entreprises ont plus que jamais besoin ». Autrement dit, la future agence devrait voir son rôle plutôt renforcé dans la mise en œuvre des orientations de sa politique.
Christine Gilguy
*Lire l’article d’actualité paru sur www.lemoci.com : Commerce extérieur : Fleur Pellerin fixe un cap dans la continuité de son prédécesseur