Ils étaient quatre hommes d’affaires à participer à la conférence de presse, donnée à l’occasion du forum économique Brésil-France, organisé à Paris, le 20 mai, par Medef International, en coopération avec la Confédération nationale de l’industrie (CNI). Deux Français : Jean-Pierre Clamadieu, président du Conseil des chefs d’entreprise France-Brésil de Medef International et P-dg de Solvay, et Yves-Louis Darricarrere, président Upstream de Total. Et deux Brésiliens : Robson Braga de Andrade, président de la CNI, et Eduardo Eugenio Gouvea Vieira,président de la Fédération des industries de l’État de Rio de Janeiro.
L’objectif de ces hommes d’affaires – les deux Français représentant de grandes entreprises – était de montrer que le secteur privé des deux pays était prêt à coopérer pour relever le niveau des relations bilatérales, jugées très insuffisantes. « Mais, le Brésil est aussi connu pour son protectionnisme. Alors conseilleriez-vous vraiment aux PME françaises de faire le voyage », a interrogé La Lettre confidentielle. Réponse en français d’Eduardo Eugenio Gouvea Vieira : « Il faut que les PME françaises nouent des coopérations avec leurs homologues brésiliennes, qui connaissent le marché ».
A la suite du représentant de l’État de Rio de Janeiro, le président de la CNI a, pour sa part, affirmé que le Brésil est un État « ouvert ». Une réponse un peu surprenante, alors que l’Organisation mondiale du commerce (OMC) a déclaré qu’en 2013 le Brésil est la nation ayant instauré le plus de mesures protectionnistes. « Regardez nos engagements dans l’OMC, a affirmé Robson Braga de Andrade. Le droit de douane est au maximum de 25 % et en moyenne de 11 %. Dans l’industrie, il y a seulement un pic de 35 % dans l’automobile ». Dont acte. Sauf que ce ne sont pas les tarifs pratiqués qui sont dénoncés, mais les barrières non tarifaires (BNT), « qui font que de nombreuses entreprises françaises n’exportent pas mais vendent leur savoir-faire à des sociétés brésiliennes», expliquait, pendant le forum, Charles-Henry Chenut, qui préside la commission Amérique latine et Caraïbes des Conseillers du commerce extérieur de la France (CCEF).
Bureaucratie : l’Agence sanitaire pointée du doigt
Outre la bureaucratie et le poids de la fiscalité, ce sont aussi l’attitude des banques et la difficulté de protéger les savoir-faire, marques et brevets, qui y constituent des handicaps à la vente et aux investissements. En matière de bureaucratie, la santé est semble particulièrement affectée, si l’on en croit le témoignage d’Olivier Schiller, président de Septodont, leader mondial de la pharmacie dentaire. Depuis au moins un an, cette ETI de Saint-Maur-des-Fossés (Val de Marne) ne parvient pas à obtenir de la part l’Agence nationale de vigilance sanitaire (Anvisa) l’autorisation de commercialiser un produit pour une question d’emballage. « Le packaging proposé est, pourtant, celui que nous utilisons dans le monde entier et il n’est en rien différent de celui de nos concurrents brésiliens », s’étonnait le patron des Laboratoires Septodont pendant la table ronde du forum, consacré à l’environnement des affaires. La solution ? Il n’y en a qu’une : « la patience », selon Charles-Henry Chenut.
Quant à la pratique bancaire, « depuis un an, a dénoncé le représentant des CCEF, on sent une crispation des banques brésiliennes. L’ouverture des comptes des filiales étrangères est devenue difficile, car on leur demande une masse de documents injustifiée, ce qui freine l’investissement ». La raison serait que la Banque centrale pour lutter contre le blanchiment d’argent a accentué son contrôle sur les établissements financiers. « Nous demandons, a précisé Charles-Henry Chenut, un dialogue avec les banques brésiliennes ».
François Pargny